Associé à son père, le pilote du club des Ballons de Loire Hervé Moine est arrivé troisième de la prestigieuse Gordon Bennett, célèbre course internationale de ballons à gaz. Un exploit sportif mais surtout une aventure humaine que n'oublieront pas le binôme familial.
C'est un peu "le Vendée Globe aéronautique" que viennent d'achever deux Tourangeaux après 69 heures de vol. La course Gordon Bennett, qui fête ses 115ans d'existence, est une course d'endurance de ballons à gaz qui a vu s'opposer 15 binômes internationaux dont trois français. Partis le 21 août de Torùn, en Pologne, Hervé Moine père et fils ont parcouru 1600 km avant d'atterrir à Avermes, dans l'Allier, le 24.
Un périple à trois mille mètres d'altitude
"On a fait une course extraordinaire, dans le coeur de tout le monde c’est nous les grands gagnants", se félicite Hervé Moine fils, pas déçu pour un sou après ce périple au cours duquel ils ont bravé vents, pluie et orages à bord d'une nacelle de 1m². "Il y a une grande part de stratégie et de pilotage, même avec un vieux ballon. On a scotché tout le monde, que ce soit tactiquement ou humainement." Hervé Moine père, lui, se dit "un peu frustré de ne pas être premiers, parce qu'on était premiers pendant un certain temps durant la course", mais "arriver 3e c'est exceptionnel, c'est un grand bonheur !"
Il faut dire que la Gordon Bennett est loin d'être une promenade de santé. Depuis sa première édition en 1906 (ce qui en fait la plus ancienne course aéronautique du monde), les règles sont restées essentiellement les mêmes. Tous les équipages décollent les uns après les autres, à quelques minutes d'intervalles, d'un même lieu à bord de ballons à gaz (pas des montgolfières, donc) remplis de 1000 mètres cubes d'hydrogène. Le ballon vainqueur est celui qui parvient à parcourir la plus longue distance sans atterrir, au terme d'un périple qui entraîne les ballons à deux, trois voire quatre mille mètres d'altitude, par 30°C au soleil et -5°C la nuit !
Un "voyage intérieur"
C’est donc une compétition technique, qui ne manque pas de dangers malgré la faible vitesse des aéronefs. "On peut avoir un accident et y passer comme en F1" pointe Hervé fils, tombé dans la marmite à l'âge de 10 ans et qui clôt ainsi sa septième Gordon Bennett à 32 ans."C’est un voyage intérieur aussi, il faut se connaître soi-même pour participer à ce genre d’aventure" poursuit le trentenaire. "Ce sont des conditions de vol très engagées, c’est un réel engagement mental et physique. Ce n’est pas ouvert à tout le monde."
En effet, les conditions météo peuvent être extrêmement dangereuses, depuis les orages qu'il faut éviter jusqu'à l'humidité qui menace les instruments électroniques. Son père, 68 ans, participait pour la première fois à cette course. "Que mon fils m’invite dans sa nacelle c’est simplement énorme", s'est-il réjoui à l'arrivée.
Petit à petit, les rigueurs de la course ont eu raison des autres concurrents. Les premiers ont dû atterrir en Ukraine, les suivants en Lettonie. Sur les 15 équipages au départ, seule l'élite est parvenue à arriver jusqu'en France. les Suisses Pascal Witprächtiger et Kurt Frieden, ont atterri près de Cholet, dans le Maine-et-Loire, avec une poignée de kilomètres d'avance sur les Français Benoît Havret et Eric Décellières, médaillés d'argent.
De son côté, sa médaille de bronze en poche, Hervé Moine se prépare déjà à sa huitième participation. Il espère pouvoir faire équipe avec le président du Club des Ballons de Loire Christophe Blanchard, avec qui il a déjà réalisé un exploit en ralliant la frontière germano-tchèque depuis Jouy-le-Potier. Mais il faudra d'abord trouver de quoi remplacer son vieux ballon, âgé de 32 ans. Le prix de fabrication d'un nouveau ballon pouvant aller jusqu'à 60 000 euros, la recherche de nouveaux sponsors a déjà débuté.