Les archives départementales d'Indre-et-Loire ont vu la fréquentation de leur site internet exploser depuis le début du confinement. La vénérable institution a proposé aux internautes de l'aider à identifier et à indexer ses fonds.
Les yeux sur l'horizon, il porte le genre de moustache qu'on ne voit que sur les vieilles photos en noir et blanc. Pierre Cadieu est né en setpembre 1890 à Noyal-sur-Vilaine, en Bretagne. A la fin de la Première guerre mondiale, il n'avait que 28 ans. En 1930, année où il a renouvelé sa carte d'ancien combattant, il en avait 40 et habitait à Chinon, en Indre-et-Loire.
Travail de titan
Sa photo, comme celles de milliers d'autres, est conservée aux archives départementales d'Indre-et-Loire, et grâce à l'effort d'internautes motivés, est désormais facilement accessible en ligne. En effet, l'indexation de ces 11 500 documents, véritable travail de titan pour une équipe réduite, n'a pris qu'une grosse semaine aux amateurs motivés et confinés, comme l'explique Lydiane Guet-Montchal, la directrice des archives."L'idée de ce travail collaboratif, auquel n'importe quel internaute pouvait participer, c'est d'indexer les actes dont nous disposons sur nos archives numériques, afin qu'en tapant simplement le nom d'une personne, tous les documents le ou la concernant soient accessibles." Devant la masse d'actes d'état-civil, de cartes d'anciens combattants et d'autres documents, il était tentant de faire appel à la volonté de passionnés qui n'ont plus l'occasion de sortir de chez eux en cette période de confinement.
Une forme d'immortalité
"Nous avons commencé par un petit ensemble : celui des cartes d'anciens combattants des guerres de 1870 et 1914-1914", poursuit la directrice. Un fonds de plusieurs dizaines de cartes comme celle de Pierre Cadieu, qu'il s'agit d'annoter et de répertorier numériquement dans un vaste fichier alphabétique. A terme, il s'agit de la constitution d'une véritable mine d'or tant pour les historiens que pour les personnes souhaitant explorer leur généalogie. Et, pour ces anciens combattants, une forme d'immortalité."On voudrait profiter de cet engouement pour ouvrir d'autres corpus à l'indexation collaborative", se réjouit Lydiane Guet-Montchal. Cependant, ces corpus resteraient limités à une période assez ancienne, afin de respecter la vie privée de personnes qui seraient toujours vivantes. La prochaine étape ? "Les recensements de population depuis 1836 !" Tout un programme.