Une madeleine comme arme du crime ? Un ancien pompier de Paris âgé de 63 ans comparaît devant les assises d'Indre-et-Loire, de mercredi à vendredi, pour l'assassinat d'une nonagénaire dont il possédait la maison en viager.
Yvette B, 92 ans et résidente d'une unité Alzheimer d'un Ehpad tourangeau, avait été retrouvée morte le 13 mai 2019 dans son lit, des morceaux de madeleine dans la bouche.
L'accusé lui avait rendu visite quelques minutes avant, apportant un paquet de pâtisseries industrielles d'une célèbre marque. Il avait verrouillé la porte de la chambre, un comportement qui avait suscité des interrogations chez le personnel soignant présent ce lundi-là en fin d'après-midi.
Alain J. avait été entendu une dizaine de jours après les faits. Incarcéré depuis mai 2019, il a toujours nié le crime dont la justice l'accuse. "Je n'ai pas peur d'aller aux assises, mais de mourir avant de pouvoir prouver mon innocence", avait-il ainsi écrit en mai 2021, dans un courrier adressé au journal La Nouvelle République.
Selon son avocat, Me Abed Bendjador, le sexagénaire vit "un cauchemar". Et les enquêteurs n'ont, selon lui, pas réussi à prouver la culpabilité de son client.
"L'instruction ne définit pas les conditions ou le mode opératoire selon lequel il aurait étouffé cette dame avec une madeleine", avait-il relevé auprès de l'AFP lors du renvoi devant la cour d'assises d'Indre-et-Loire.
Viager contre projet
Si l'autopsie a mis en évidence un étouffement par un corps étranger, sans doute d'origine alimentaire, les expertises médico-légales n'ont pas permis de démontrer l'existence certaine de l'intervention d'un tiers dans la mort de la nonagénaire.
Mais son état de santé ne lui permettait pas de se servir seule. Elle ne mangeait que des aliments coupés en très petits morceaux. Lors de ses interrogatoires, l'accusé a cependant assuré ne pas avoir porté de madeleine à la bouche de la victime qui était, selon lui, encore en vie au moment de son départ de l'Ehpad.
Reste que d'autres éléments ont éveillé les soupçons des enquêteurs. La version des faits de l'accusé a parfois varié et il était financièrement lié à la nonagénaire. L'ancien pompier détenait, en effet, une maison de la victime, en viager, depuis 1995. Une forme d'achat qui ne lui permettait pas de revendre la demeure pour se lancer dans un projet immobilier à l'approche de la retraite. Au moment des faits, le sexagénaire avait pris contact avec des agences immobilières dans le but de vendre cette maison et d'acheter un terrain à Bléré (Indre-et-Loire).
Par ailleurs, l'homme avait récemment augmenté la fréquence de ses visites à l'Ehpad, lui qui n'entretenait jusqu'alors qu'une relation distante avec son ancienne voisine. La petite-fille d'un ancien conjoint d'Yvette B., qui n'avait jamais eu elle-même d'enfant, prendra place sur le banc des parties civiles.
Alain J. encourt la réclusion criminelle à perpétuité.