Violences sexuelles à la fac de médecine de Tours : une mission d'inspection lancée sur d'éventuels manquements de l'Université

L'Inspection générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche (Igésr) a lancé une enquête sur la réponse de l'Université de Tours aux accusations de violences sexuelles visant un de ses étudiants. Un collectif féministe accuse la faculté de médecine d'avoir "protégé" l'accusé.

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Quinze jours après les collages de la fac de médecine, l'Université de Tours a-t-elle protégé un étudiant accusé d'agressions sexuelles ? Les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur ont saisi l'Inspection générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche (Igésr) pour qu'elle enquête sur la réponse de l'Université aux accusations de violences sexuelles visant l'un de ses étudiants en médecine, comme l'a révélé Franceinfo ce 29 avril.

Des plaintes pour viol et agressions sexuelles

Selon les informations de Franceinfo, le président de l'université de Tours a décidé de ne pas engager de procédure disciplinaire contre le suspect, après le dépôt, début septembre 2020, de cinq plaintes contre lui pour viol et agressions sexuelles, dont trois émanant d'étudiantes de la même faculté de médecine. Ces faits se sont produits entre 2013 et 2020. Certaines des plaignantes expliquent avoir subi ces violences alors qu'elles étaient inconscientes.

En revanche, le doyen de la faculté de médecine s'est saisi du dossier, en dehors de toute procédure officielle et malgré l'opposition de plusieurs responsables de l'université. Devant plusieurs témoins, il a mis en garde contre la "délicatesse du dossier", puisque les parents de l'étudiant sont des médecins réputés à Tours. Il a interdit au suspect - toujours hors de toute procédure officielle et sans en garder de trace écrite - de venir à l'université et de retourner à son stage de médecine. Selon plusieurs témoins, le jeune homme n'a d'ailleurs pas respecté ces interdictions.

"Aujourd'hui ton violeur, demain ton docteur"

Le 30 septembre 2020, le suspect a été placé en garde à vue, puis mis en examen et placé en détention provisoire pendant deux mois. Il a ensuite été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction de séjourner en Indre-et-Loire mais avec autorisation de reprendre ses études de médecine. Après le refus de plusieurs universités, le jeune homme a finalement été admis à l'université de Limoges où il a repris sa scolarité en septembre 2021. Malgré la nature des poursuites judiciaires dont il fait l'objet, sa nouvelle faculté de médecine l'a envoyé en stage dans un service de gynécologie. Décision qui "dépasse l'entendement", a réagi sur franceinfo l'avocat des plaignantes, Me Marc Morin, puisqu'il doit pratiquer des examens sur des patientes vulnérables.

L'affaire a explosé le 15 avril dernier, avec des collages posés sur les murs de la faculté de médecine de Tours, au 10 boulevard Tonnellé. "Aujourd'hui ton violeur, demain ton docteur", "Ici sont formés et protégés des violeurs", "Étudiant.es, pas morceau de viande", clamaient les slogans, rapidement effacés. Derrière ces collages, le collectif "Actions féministes Tours", jointe par France 3, accuse le doyen de la fac d'avoir "protégé" le suspect.

Contactée par franceinfo, l'association des étudiants en médecine de France demande quant à elle que des mesures de protection soient prises automatiquement, dès le premier signalement de violences sexuelles.

L'Université de Tours a tenu à réagir dans un communiqué. Elle se dit "consciente de l'incompréhension et de la colère suscitées" par les accusations visant cet étudiant. Elle assure avoir "sollicité auprès du rectorat une enquête externe" et "remercie le ministère de l'Enseignement supérieur de l'avoir rapidement diligentée". L'Université ne fera pas d'autre commentaire, tant que l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche n'aura pas rendu son rapport.

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