Les hôpitaux de Tours proposent une cinquantaine de postes, les syndicats dénoncent un mirage

Job dating, campagne de promotion des métiers hospitaliers, journée portes ouvertes, tournée des médias locaux. Le CHRU de Tours annonce proposer 48 postes. Pour l'intersyndicale du centre hospitalier, cette campagne de recrutement est "un mirage" et demande "un recrutement de masse d'au moins 200 soignants".

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D'un côté, la direction des ressources humaines du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tours veut redorer l'image des métiers hospitaliers en lançant une campagne de communication et de recrutement. De l'autre, l'intersyndicale des hôpitaux de Tours dénonce un manque de moyens humains persistant et un effet d'annonce de la direction alors que les trois quarts des services sont en grève depuis des mois. 

48 postes sont proposés dont 16 de soignants via le site du Centre Hospitalier universaitaire de Tours. 10 postes d'infirmiers et 6 d'aides-soignants. Les autres postes vont d'assistantes maternelles pour la crèche familiale de l'hôpital à secrétaire médicale en passant par ingénieur informatique. 

Pour Anita Garnier, déléguée syndicale Sud Santé sociaux au CHU de Tours, ces 48 postes sont largement insuffisants. "Il faut embaucher en masse au moins 200 soignants. Les agents ne demandent pas une augmentation de salaire mais des moyens humains pour améliorer leurs conditions de travail pour avoir une vie privée", rappelle l'ancienne infirmière de nuit. 

Une campagne pour valoriser les métiers hospitaliers

Le 29 janvier, le CHU de Tours a lancé une campagne de recrutement accompagnée de vidéos pour promouvoir les métiers hospitaliers sur les réseaux sociaux. "L'enjeu premier est de valoriser les équipes et leur engagement ainsi que montrer la diversité des métiers et des parcours. On voulait mettre en avant de personnes qui sont contentes d'être là, qui ont choisi d'être là et qui sont fières d'être là. Cela ne réduit en rien les difficultés ou les problématiques qu'on peut avoir par ailleurs, mais c'est aussi montrer qu'on est une terre d'opportunité", explique Anne-Sophie Maure de Lima, Directrice des ressources humaines au CHU de Tours pour valoriser les métiers hospitaliers.

"L'hôpital, ce sont 150 métiers. On pense tout de suite au soin qui est le cœur de notre mission. Mais il y a aussi d'autres métiers comme secrétaire médicale, chauffeur-livreur ou conducteur de travaux qui sont accessibles avec différents niveaux de qualification."

Sur ces vidéos, des infirmières et anesthésistes racontent leur quotidien de soignants. Anita Garnier voit là une vision angélique des conditions de travail au CHU. "Elles n'ont certainement pas eu le choix de faire de la publicité pour leur service. Si elles veulent avoir leur mise en stage derrière, elles ont intérêt à filer doux", s'insurge Anita Garnier. "L'intersyndicale vient de déposer un droit d'alerte à l'Hermitage où une partie de cette vidéo a été tournée. Les aides-soignantes y sont en grande difficulté et les conditions de travail fortement dégradées."

"Les agents nous ont dit ce qu'ils avaient envie de dire. On a fait un appel à volontaires. Rien ne leur a été dicté. Ils nous ont dit ce qu'ils ont voulu dire. Il n'y a pas de sujet par rapport à ça", répond la directrice des ressources humaines du CHU de Tours. 

1 100 recrutements par an depuis deux ans

Le Centre hospitalier universitaire de Tours est le premier employeur de la région Centre-Val de Loire. Des recrutements se font toute l'année.  "Nos besoins sont permanents, du fait des mobilités et des nouveaux projets", explique Anne-Sophie Maure de Lima. "En 2023, ce sont 1 100 personnes qui ont été recrutées sur 10 000 agents. Si on n'était pas attractifs, on ne recruterait pas autant de personnes chaque année. Il y a une part de remplacements et d'emplois temporaires, mais il y a aussi des contrats à durée indéterminée. L'an dernier, nous avons engagé 257 personnes en CDI et transformé 632 CDD en CDI", précise-t-elle. 

Un absentéisme toujours inquiétant

Le 28 novembre dernier, une cinquantaine de soignants se rassemblaient devant l'hôpital Trousseau à Chambray-lès-Tours. Ils dénonçaient leurs conditions de travail et demandaient des moyens humains notamment pour pallier l'absentéisme qui atteignait 12 % à l'hôpital pédiatrique Clocheville. 

"L'absentéisme reste un sujet de préoccupation majeur pour notre établissement. On est revenu à un taux d'avant-Covid à un peu plus de 9 % comme dans tous les CHU similaires au nôtre. Le taux est toujours interpellant et on travaille à le réduire", affirme la directrice des ressources humaines au CHRU de Tours. 

Pour pallier l'absentéisme, le CHU a renforcé ses équipes de suppléants qui comptent 430 équivalents temps plein. "On a créé 40 ETP en 2023 et 30 ETP supplémentaires vont être créés en 2024", annonce-t-elle. 

"La direction essaie de régler le problème avec des doses homéopathiques. Elle crée des ETP à coup de 20 % de temps de travail par-ci par-là, mais ce sont des postes dont nous avons besoin," réagit Anita Garnier.  

L'enjeu : réussir à garder les jeunes recrues

Plusieurs jobs datings ont été organisés ces deux dernières semaines pour les écoles médico- techniques et pour les infirmiers. 120 étudiants y ont participé. "Nous avons plusieurs dizaines de rendez-vous pris avec la direction des soins. La file d'attente devant le stand montrait bien l'attractivité qu'on peut avoir. L'enjeu est de faire des propositions aux étudiants et qu'ils se projettent chez nous."

Ce samedi 10 février, les écoles du CHU organisent des portes ouvertes pour informer notamment les lycéens sur les différents métiers de l'hôpital. "Ce sont des professionnels qui vont recevoir les jeunes pour qu'ils se projettent vraiment dans les métiers et les formations. Ils vont expliquer leur quotidien et leurs difficultés pour que les jeunes connaissent les difficultés et choisissent en connaissance de cause." 

En 2023, sur les 180 infirmiers diplômés par les écoles du CHU, environ 80 ont rejoint l'hôpital. 

"La direction vend un mirage. Elle dit que tout se passe bien au CHU alors que ce n'est pas la réalité. Les collègues qui viennent en CDD vont rester un ou deux mois et repartent", raconte Anita Garnier. "Nous ne sommes plus en capacité d'encadrer les jeunes étudiants. Cela pose question pour la prise en charge des patients de demain."

Et de conclure : "La seule solution c'est un recrutement en masse de façon à vraiment améliorer les conditions de travail. Les agents ne demandent pas la lune. On pourrait mieux former les professionnels de demain et avoir moins de perte de compétences. " 

La directrice des ressources humaines tient à rappeler que pour garder les agents, le CHU mise sur l'accompagnement individuel des parcours et le développement de carrière.

"En 2024, nous avons réalisé 120 financements d'études promotionnelles. Il s'agit par exemple d'une aide-soignante qui souhaite devenir infirmière. C'est plus de 5 millions d'euros que l'établissement dédie à ces parcours pour 2024.

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