Malgré la crise, les supermarchés coopératifs toujours debout

Un nouveau supermarché collaboratif ouvrira ses portes à Tours Sud, le 15 mars prochain. Comme la Coopérette de Saint-Jean-de-Braye, qui fêtera bientôt ses six ans, le Troglo favorisera les circuits-courts et les produits locaux.

Ils ne trouvaient pas de supermarchés correspondant à leurs valeurs éthiques, alors, ils les ont créés. Bien souvent, dans ce type de structures, les clients sont aussi propriétaires. À Tours Sud, un nouveau supermarché de ce type va ouvrir ses portes le 15 mars. Néanmoins, l'idée ne date pas d'hier.

Descendants de la Louve

Nommés parfois louveteaux , en référence au premier magasin français La Louve, c’est pourtant bien à Brooklyn, aux États-Unis au début des années 70 que le concept est né. Avec l’inflation, le chômage et la crise, ils ont le vent en poupe. Une cinquantaine de projets sont opérationnels sur le territoire.

Ainsi, il y a six ans, la Coopérette de Saint-Jean-de-Braye, s’est montée avec des bouts de ficelle. Elle a un statut associatif. " L’idée avait germé dans l’esprit de David, un adhérent qui avait voyagé en Amérique du Sud et qui souhaitait que le rapport au producteur soit plus responsable" explique Guy Jallier, un bénévole. 

"La plupart des gens qui viennent ici sont intéressés par la qualité de l’alimentation, le changement de l’économie. Nous choisissons et discutons avec tous les producteurs, pas question d’accepter le label haute valeur environnementale, HVE."

Tout le monde participe

Au fil des ans, les adhérents sont passés de 250 à 130, mais la barque se maintient, elle s’est même structurée. Adossée à une Ressourcerie, elle va bientôt s’agrandir et passer de 40 à 80 m2. Dans ce magasin un peu spécial, on ne vient pas jamais par hasard. Ici, tout le monde travaille un peu, et ce, même hors des heures d’ouverture (vendredi et samedi) 

" C’est très souple, les adhésions sont de 10 euros mais souvent les gens donnent 35 euros. Récemment, des jeunes sont venus gonfler nos rangs, c’est chouette, car nous en avions bien besoin " poursuit Guy Jallier, en riant, "le seul hic, ce serait pour la logistique avec la livraison des produits frais et le prix du gasoil qui flambe, on donne des chèques-carburant aux équipes. Nous partageons. Nous avons un fonctionnement dans la même veine que l’éducation populaire, lors d’apéros nous parlons de bien manger !"

Un Troglo pas trop gros

À Tours, le Troglo saute directement dans le grand bain comme l’indique Marc Socquet, l’adhérent chargé de la communication, à l’initiative du projet en avril 2019. 

Les Tourangeaux ont décidé d’ouvrir directement un gros supermarché de 800 m2. Ils bénéficient déjà de l’expérience de ceux qui réussissent. L’une des règles d’or par exemple, pour que cela fonctionne bien, est de faire son lot de bénévolat.


"Le poste de présidence changera tous les deux ans, mais tout le monde fera en fonction de ses compétences. Certains feront six heures et seront tranquilles ensuite, d’autres travailleront à domicile", indique Marc Socquet.

Pour participer, il suffit d’acheter une part sociale et de s’engager à donner trois heures par mois. "On a déjà 515 adhérents, l’objectif étant d’arriver à 650 à l’ouverture. Avec 1000 d'ici trois ans, nous amortirons les frais engagés", explique le communiquant. À terme, l’idée sera de faire toutes ses courses et pas uniquement les fruits et légumes. Cent produits ont déjà été retenus. Le Troglo mutualisera les approvisionnements.

Une "bouffée d'oxygène"

Idéalement, explique Marc Socquet, celui qui ira chez le producteur de lait, pourra peut-être prendre du fromage et des légumes chez le voisin. L’enjeu sera d’avoir une logistique tourangelle pour faire baisser les coûts : "Les produits seront jusqu’à moins 20 % moins chers qu’en supermarché traditionnel, mais parfois, ils seront un peu plus onéreux"

Le bio n’est pas forcément mis en avant, mais nous souhaitons mettre en avant des produits de qualité à des prix abordables tout en rémunérant des producteurs locaux.

Marc Socquet, chargé de communication du Troglo

Pour sa part, Marc Socquet a constaté qu’autour de lui "beaucoup de gens se plaignaient d’une société inégalitaire, qui ne leur correspondait pas, et ne faisaient rien". À l'inverse, l’essentiel pour ceux qui adhèrent, c’est la convivialité, avant les prix des aliments. Ils cherchent du sens et ce type de projet est un petit coup de pouce. " Ils sont heureux, car cela leur apporte une bouffée d’oxygène" affirme Marc.

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