Pas d'enfants à la rue : le collectif tourangeau demande la mise à disposition du logement de fonction vide d'un principal de collège

Une quarantaine de membres du collectif "Pas d'enfants à la rue" de Tours se sont rassemblés ce mercredi 13 mars devant le Conseil départemental d'Indre-et-Loire pour demander à nouveau la mise à disposition du logement de fonction vide du principal du collège Michelet à Tours. Enseignants, parents d'élèves et citoyens solidaires ont ensuite déposé leur banderole devant le logement au coeur du quartier du Sanitas.

"On a un peu tendance à se résigner. Il y a un abattement du fait des réponses négatives après un an de mobilisation. Pourtant ce n’est pas si compliqué que ça de mettre des familles à l'abri," lance Vanessa Rigolet, enseignante au collège Michelet, en guise d'introduction sur le perron du Conseil départemental d'Indre-et-Loire. 

Pour cette nouvelle mobilisation, ils étaient moins nombreux que d'habitude mais le noyau dur collectif tourangeau "Pas d'enfants à la rue" reste motivé.

Son combat : demander à nouveau la mise à disposition temporaire du logement de fonction vide du principal du collège Michelet à Tours pour héberger des élèves à la rue et leurs familles. 

Depuis deux ans, le logement de fonction du principal du collège Michelet est inoccupé. " Il y a une aberration d'avoir cette maison vide dans laquelle on pourrait loger plusieurs familles soit une dizaine de personnes", s'insurge l'enseignante.  

Une réponse négative du Conseil départemental trois mois après 

Le collectif a fait la demande de la mise à disposition temporaire de ce logement qui appartient à la Ville de Tours mais dont l'usage appartient au Conseil départemental le 21 décembre 2023 décembre. La réponse de la présidente du Conseil départemental est arrivée ce mardi à 18h50, près de trois mois plus tard. Nadège Arnault, la présidente du Conseil départemental d'Indre-et-Loire, justifie son refus en deux points :

  • La première raison de ce refus est liée aux conditions d’attribution des logements de fonction. En effet, les conditions d’attribution des concessions de logement par les départements, mais aussi pour les autres collectivités, aux personnels de l’État employés dans les établissements publics locaux d’enseignement sont fixées par les dispositions des articles R. 216-4 à R. 216-19 du Code de l’éducation. L’article R. 216-5 du Code de l’éducation dispose notamment que les personnels de direction, d’administration, de gestion et d’éducation ou de santé sont logés par nécessité absolue de service (NAS) dans les conditions et limites fixées aux articles R. 216-6 et R. 216-7, selon l’importance de l’établissement. [ ...] Il résulte de ces dispositions qu'il n'est pas possible d'héberger des personnes autres que des agents de l'Etat ou du Département dans les logements de fonction des collèges. 
  • Par ailleurs, le Département a décidé d’engager en 2024, un diagnostic sur l’ensemble des logements de fonction de ses Collèges. Une attention particulière sera portée sur les logements vacants, et plus particulièrement sur les besoins de remises aux normes ( électricité, gaz, …..). C’est aussi la raison pour laquelle, il n’est pas envisagé de mettre à disposition certains logements tant que ces diagnostics ne sont pas effectués.

L'inquiétude avant la fermeture du CTRO le 1 er avril 

"On a eu la réponse d'un juriste face à un problème d'humanité. C'est difficile à entendre. C'est simple d'écrire ce genre de courrier depuis un bureau. Mais si elle avait Narek en face d'elle (ndlr : Narek et sa famille ont dû dormir 30 nuits semaines dans une cage d'escalier avant d'être hébergés à l'école Michelet cet hiver), ce serait plus compliqué..."

Aurélie Ardouin est enseignante en CM2  à l'école Michelet. Elle est inquiète pour les mois à venir. "Rien ne s'arrange depuis la création du collectif il y a un an, même si des solutions temporaires ont été trouvées". 

En effet, depuis début février le Centre technique régional omnisports (le CTRO), siège du Tours FC est transformé en centre d'hébergement d'urgence. Un dispositif mis en place par la Préfecture d'Indre-et-Loire et la Ville de Tours. Le CTRO accueille une soixantaine de personnes qui dormaient à la rue. Des familles et leurs enfants. 

Résultat : depuis début février, le collectif "Pas d'enfants à la rue" reçoit moins d'appels mais il y en a quand même. "Hier soir on a dû héberger une famille avec trois enfants à l'hôtel" alerte Vanessa Rigolet. Et avec le CTRO qui doit fermer le 1er avril, elle craint un retour à la situation de fin décembre.

L'enseignante rappelle qu'à Tours, le collectif a recensé environ 150 enfants qui ont au moins une fois dormi à la rue cette année. 

Parmi les personnes mobilisées ce mercredi, Narek et sa famille étaient présents ainsi que des parents d'élèves et des citoyens solidaires et indignés. 

Évelyne a deux enfants de 8 et 4 ans. Elle serait prête à accueillir une famille chez elle.

On a envie de faire quelque chose. Ce n'est pas possible que des enfants dorment dans la rue. Il n'y a pas de solution définitive. Seulement des solutions improvisées. À Tours en 2024, c'est juste inadmissible.

Évelyne

"Ce mépris est assez honteux"

Sans réponse du Conseil départemental, le groupe se met en route pour rejoindre l'école Michelet au cœur du quartier du Sanitas. Chantal est une grand-mère habitant Tours que cette situation met en colère. "Quand on voit tous ces bureaux et ces locaux qui sont vides, comment on peut accepter que des enfants puissent dormir dans la rue", souffle-t-elle. "Des enfants quand même vous vous rendez compte ! " 

Près de Chantal, deux mamans marchent le pas décidé. Camille est enseignante en maternelle en région parisienne, Manon est assistante sociale. Toutes deux ont des enfants scolarisés à l'école Michelet.

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Le collectif tourangeau "Pas d'enfants à la rue" manifeste pour demander la mise à disposition temporaire d'un logement de fonction vacant pour les familles à la rue ©FranceTV

"Qu'on ne daigne même pas nous recevoir au Conseil départemental, je trouve ça inconcevable. Ce mépris est assez honteux. Ouvrir la porte et venir discuter avec nous serait un minimum même si on n'est pas nombreux", s'indigne Camille. "J'ai deux petites filles et m'imaginer dormir dehors dans des halls d'immeuble, c'est impensable."

Manon, maman d'un élève en CP de l'école Michelet, tenait vraiment à être là pour soutenir le collectif. "Je trouve ça admirable que des enseignants dorment avec des enfants à l'école et le lendemain ils assurent leur journée de classe comme si de rien n'était. Ils sont très investis et ce sont des gens incroyables". 

"Ça concerne tout le monde. Les enfants, c'est notre avenir", tient à ajouter Camille avant de prendre le chemin de l'école Michelet où le collectif s'est rendu. L'objectif : installer sa banderole "Maison vide = élèves à la rue" sur la maison de fonction vide du principal du collège Michelet.

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