Peine de mort : l'université de Tours commémore les 40 ans de l'abolition

La peine de mort a été abolie en France il y a 40 ans. Pour commémorer l'événement et poursuivre la réflexion, l'université de Tours en partenariat avec l'Ordre des avocats a organisé un colloque sous le parrainage de Robert Badinter.

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Le 9 octobre 1981, la France promulguait la loi portée par Robert Badinter, alors Garde des Sceaux, portant abolition de la peine de mort. Quarante ans plus tard, la faculté de droit, d’économie et de sciences sociales de l’université de Tours, en partenariat avec l’Ordre des avocats de Tours, a organisé ce samedi 9 octobre un colloque sur l’abolition de la peine de mort.

Le témoignage du dernier condamné à mort grâcié

Sous le parrainage de Robert Badinter lui-même, présent par le biais d'une allocution en vidéo, l'événement a compté plusieurs interventions, dont une lecture d'un extrait du discours de Victor Hugo à l'Assemblée le 15 septembre 1848. Dans l'après-midi, le colloque accueillait un invité très spécial en la personne de Philippe Maurice, condamné à mort le 28 octobre 1980 pour le meurtre de deux policiers au cours d'une série de vols à main armée en région parisienne.

Grâcié par François Mitterand le 25 mai 1981, peu après son investiture présidentielle, Philippe Maurice se remets aux études en prison et soutien une thèse d'histoire en 1995. Il est libéré en 2000 et travaille désormais comme chargé de recherche auprès de l'EHESS et du CNRS.

L'improbable retour de la peine de mort

Dans le sillages des actes terroristes commis ces dernières années en France et à l'étranger, sans compter les projets d'attentats de groupuscules d'extrême-droite déjoués régulièrement, la question de la peine de mort a ressurgi dans le débat public. Un faux problème pour Véronique Tellier-Cayrol, maître de conférence en droit à l'université de Tours. Les travaux menés ces dernières années, notamment par Henri Leclerc, ont montré la différence qui existe entre une société acceptant de donner la mort à ses citoyens et une société qui s'y refuse, ces derniers ayant souvent "une proximité avec les régimes dictatoriaux et totalitaires".

Par ailleurs, "les études sont nombreuses pour montrer qu'il n'y a aucun effet constaté sur la criminalité", poursuit Véronique Tellier-Cayrol. "Et même en termes de prévention, ça n'a jamais empêché non plus qui que ce soit de passer à l'acte." Pour les actes de terrorisme, l'effet pourrait même se révéler contre-productif puisque le condamné "passerait pour un martyr, et dès le lendemain il y aurait une nouvelle cellule portant son nom ou son prénom", ajoute la juriste. Enfin, le retour de la peine de mort présente aussi un très large obstacle juridique, puisqu'il faudrait revenir sur le texte de la Constitution ainsi que de la Convention européenne des droits de l'hommes.


La peine de mort, "une honte pour l'humanité"

"La peine de mort ne défend pas la société, elle la déshonore." Au Panthéon ce samedi 9 octobre, Robert Badinter a également partagé sa "conviction que la peine de mort est vouée à disparaître de ce monde parce qu'elle est une honte pour l'humanité". De son côté, Emmanuel Macron a appelé à renouveler le combat pour une abolition universelle, tout en dénonçant les 483 "meurtres d'Etat" commis en 2020 dans le monde.

En Indre-et-Loire, il faut remonter jusqu'en 1951 pour retrouver un condamné à mort en la personne de Raymond Thaon. Le dernier condamné exécuté en public, lui, s'appelle Zeiro Francisco Finatti et a été exécuté en 1924 pour le meurtre d'une prostituée.

 

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