Avec l'ouverture de la PMA pour toutes en 2021, la demande a été multipliée par 14 au CHRU de Tours, alors que le nombre de donneurs, lui, baisse. Ce qui pourrait encore augmenter l'attente, aujourd'hui d'un an.
Depuis l'entrée en vigueur de la loi bioéthique en septembre 2021, la procréation médicalement assistée (PMA) est ouverte aux femmes seules ou en couple homosexuel.
Ce jour-là, Anne, 39 ans, a rendez-vous au Cecos de Tours, le centre d'étude et de conservation du sperme, au sein de l'hôpital.
"C'est vrai qu'aujourd'hui, avec les études qui se prolongent, la carrière, et l'envie de profiter aussi un petit peu de la vie, on arrive à un âge où c'est plus difficile d'avoir un enfant naturellement. Et puis, le hasard a fait que je n'ai pas rencontré la personne avec qui j'avais envie d'avoir des enfants"
Comme Anne, elles sont de plus en plus nombreuses à pousser les portes du centre. La demande explose : "On a largement sous-estimé cette demande, admet le Dr Olivia Gervereau, médecin spécialiste de la reproduction. Avant la loi de bioéthique, on faisait 50 inséminations par an avec sperme de donneur. À l’heure actuelle, on en fait 700". Soit une hausse... de 1400% !
Une baisse de 5% du nombre de donneurs
Problème : le nombre de donneurs, lui, n'a pas augmenté. Et même baissé. À l'échelle de l'hexagone, ils sont ainsi passés de 714 à 676, soit une chute de 5,3%.
Est-ce l'effet de la levée de l'anonymat (la personne issue d’un don peut demander, au moment de sa majorité, l’identité du donneur), effective depuis septembre 2021 ?
Selon un baromètre d'opinion mené par l'Agence de biomédecine, cette levée de l'anonymat freinerait "33 % des hommes à donner leurs gamètes".
Au Cecos de Tours, les stocks actuels de spermatozoïdes doivent permettre de tenir "entre un an et un an et demi, selon le Dr Romane Sainte-Rose, biologiste. C'est un peu comme le don de sang : il y a des entrées et des sorties, et donc pour assurer le bon fonctionnement de la banque de sperme, il faut qu'on ait un flux continu de donneurs". Ils sont une soixantaine aujourd'hui.
Le Cecos est pour l'instant autorisé à "piocher" dans le stock obtenu avant la loi sur l'accès aux origines. Ce qui permet de limiter les délais d'attente, aujourd'hui d'un an en moyenne.
Mais passé le 31 mars 2025, ce stock sera détruit. Les médecins espèrent que les dons auront, d'ici-là, augmenté...Ce qui ne semble pas être la tendance, en tout cas à court terme.