Cela ne vous a peut-être pas échappé. Boulangeries, kebabs, épiceries, salons de coiffure... Depuis le début de l'année 2024, les fermetures de commerces semblent se multiplier en Eure-et-Loir. On vous explique les raisons.
À Nogent-le-Rotrou, les inspecteurs des services d'hygiène effectuent un contrôle dans un kebab. Équipés de leur smartphone, les fonctionnaires analysent le restaurant de fond en comble.
Des miettes sur le plan de travail, en passant par les joints défectueux d'un congélateur et la date de péremption des aliments... Tout est passé minutieusement au crible. À chaque écart constaté sur la propreté, des photos sont prises. Elles serviront à alimenter le rapport qui déterminera l'avenir du commerce.
Ce jour-là, les problèmes repérés dans le kebab semblent ne pas trop inquiéter les agents. "Il y a quelques petites choses, souligne Amandine Moullac, inspectrice des services d'hygiène. On verra avec les photos si cela vaut un avertissement ou une mise en demeure. Mais on peut déjà dire que l'on n'est pas du tout sur un établissement problématique."
Un renforcement de la répression ?
Le commerce échappera donc à la fermeture administrative, contrairement à une trentaine d'autres établissements euréliens. Car depuis le début de l'année, en Eure-et-Loir, les annonces de fermetures se multiplient. Boulangeries, restaurants, snacks, salons de coiffure... Ces sanctions concernent tous types de commerces. Les raisons principales sont les suivantes : non-respect des règles d'hygiène et travail illégal.
Mais ce phénomène traduit-il un renforcement de la répression ? Non, selon la Préfecture. Par rapport à 2023, le nombre de contrôles est stable entre janvier et mai 2024. "Les agents de l'État en effectuent une vingtaine chaque semaine, on devrait atteindre environ 350 contrôles d'ici fin décembre, comme l'année dernière", nous indique-t-on. Quant aux fermetures, elles sont "en légère hausse". Une trentaine d'établissements ont été fermés entre janvier et mai 2024, ce qui représente moins de 10% des contrôles.
La méthode du "name and shame"
En revanche, c'est la méthode de communication qui a changé. Désormais, à chaque fermeture administrative, la Préfecture pratique le "name and shame". Quand un établissement est sanctionné, l'institution l'annonce publiquement sur ces réseaux sociaux en affichant le nom, l'adresse et la photo du commerce ainsi que la raison de sa fermeture.
Selon la Préfecture, ce changement de méthode s'explique par le fait que de trop nombreux commerces cachaient jusqu'à présent les raisons de leur fermeture administrative à la clientèle.
"Quand cette sanction est décidée, l'établissement a l'obligation d'afficher l'arrêté préfectoral à un endroit lisible de son enseigne pour informer le public. Mais beaucoup ne jouaient pas le jeu et mentaient même aux clients, explique la Préfecture. Certaines structures faisaient passer leur fermeture pour de simples travaux ou dégâts des eaux."
En France, la préfecture d'Eure-et-Loir n'est pas la première à pratiquer le "name and shame". Depuis début 2023, le Val d'Oise et la Seine-Saint-Denis se sont montrées pionnières en la matière afin de lutter massivement contre les infractions aux mesures d'hygiène et le non respect du code du travail.