François-Xavier Richard a créé un atelier unique de papier peint sur mesure. L’Atelier d’Offard labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant perpétue le savoir-faire des papiers peints à la planche des 18e et 19e siècle.
François-Xavier Richard a créé son entreprise l'atelier d'Offard il y a plus de 20 ans sur un coup de cœur, lui qui ne venait pas du tout du milieu. C’est après un bac scientifique qu’il intègre l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers. Il enseigne ensuite les arts plastiques dans un collège angevin.
Perpétuer des savoirs d'autrefois
C'est là que son aventure avec le papier peint commence : "Le collège avait lancé une section métiers d’art destinée aux bons élèves de la classe de 5ème, avec l’intuition que les métiers d’art pouvaient faire sortir les métiers manuels de la réputation d’être réservés aux élèves en difficulté. Et un des métiers proposés était justement le papier peint, en relation avec l’entreprise Mauny à Thouarcé."
François-Xavier Richard intègre ensuite l’entreprise : "Après un peu moins de deux ans dans l’atelier, j’ai pu analyser à la fois l’intérêt de ce métier, tellement lié au patrimoine, mais aussi les difficultés qui risquaient, à terme, de condamner l’entreprise."
Il propose alors des changements, mais l’entreprise sur le point d’être reprise n’investit pas dans de nouvelles pratiques. "Ce constat m’a conduit à créer mon propre atelier en novembre 1999, avec une idée : trouver un moyen de fabriquer les planches. Mis à part un prêt de 10 000 euros, je n’avais ni lieu, ni outils… Il fallait donc tout fabriquer puisque ce métier n’existait plus depuis les années 1940, date à laquelle la fabrication des planches, manuelle, en bois, s’était arrêtée."
Une technique artisanale
François-Xavier va alors explorer de nouvelles voies et aussi sensibiliser ses contemporains à cette technique ancestrale revisitée du papier peint à la planche. Une technique qui s’apparente aux techniques d’impression sur tissu : "Il s’agit en fait d’utiliser des tampons avec lesquels on imprime, couleur après couleur. Le nombre de couleurs n’est pas limité, si ce n’est par le coût que cela représente. Les premiers fabricants de papier peint, souvent des fabricants de cartes à jouer, ont d’abord imprimé sur des formats 50/50 environ, ce que l’on appelle aujourd’hui encore des dominos, d’où le terme de dominotier. L’impression sur rouleau a suivi, dans des formats que l’on utilise encore aujourd’hui. Une dimension moyenne, un rouleau de 10 m de long sur 50 à 60 cm de large. L’impression d’un rouleau suppose donc 20 coups de planche pour chaque couleur."
Aujourd’hui les étapes de fabrication sont les suivantes :
- Création de fichiers numériques pour chaque couleur, fichier qui va piloter une graveuse numérique, seule concession à la modernité mais étape essentielle qui a permis de régler le problème de la fabrication des planches.
- Fabrication des planches brutes à partir de résines.
- Gravure des planches par la graveuse numérique : "Le plus gros investissement de départ pour l’atelier, fidèle outil depuis plus de 20 ans."
- Préparation des couleurs : Les couleurs sont préparées pour chaque chantier, à base de colle de peau de lapin et de pigments naturels. Cette colle a d’excellentes propriétés de souplesse, de matité et met parfaitement en valeur les couleurs, on lui pardonne donc deux inconvénients : c’est un produit organique donc qui nécessite d’être conservé au froid après la préparation de la couleur mais qui, par contre fige rapidement et donc demande de la chaleur – bain-marie – pour être utilisée pour l’impression.L’obtention de la couleur recherchée se fait par tâtonnements, uniquement "à l’œil".
- Couchage des fonds : On déroule sur une table dédiée le papier, fabriqué pour nous en rouleaux de 1000 m. On pose alors la couleur de fond à l’aide de grandes brosses souples. Ce moment est très important pour que le geste soit visible, mais pas trop présent. Chaque rouleau est alors suspendu pour séchage.
- Impression couleur après couleur : la couleur est étalée sur une "table à eau" dont la souplesse permet une bonne répartition de la couleur sur la planche, l’imprimeur vient chercher cette couleur avec la planche et la passe sous la presse. Étape délicate puisqu’il faut que chaque couleur soit imprimée à la bonne place, pour qu’il n’y ait pas de décalage dans le dessin. On remet le rouleau à sécher après chaque couleur. Le temps de séchage est variable selon la température extérieure, le type de couleur – plus ou moins "empâtée".
L’atelier s’est d’abord développé grâce à la réalisation de fac-similés pour des chantiers de reconstitution. Le premier d’entre eux a été la maison de Georges Sand à Nohant. "Actuellement, nous travaillons pour la maison de Tante Léonie, la tante de Marcel Proust à Illiers-Combray. Ces chantiers sont particulièrement intéressants quand il s’agit de reconstituer un décor entier à une époque donnée. Ainsi dernièrement la maison natale du Général de Gaulle à Lille, la maison de Colette à Saint Sauveur en Puisaye. La première étape consiste à essayer de retrouver le plus possible de traces de l’époque visée par la restauration. En effet, jusqu’à une date récente, on recollait un papier neuf sur le précédent. On peut donc opérer comme en géologie à des carottages pour décoller avec précaution les couches successives et choisir celle qui servira de "modèle" pour la reconstitution ; les baguettes électriques, les fonds de placards, permettent parfois de belles découvertes, avec des couleurs préservées. Et parfois on trouve aussi un écrit – c’est le cas pour Colette – et cela nous met sur la piste du papier à privilégier." Les choix se font toujours en lien avec les conservateurs, les architectes du patrimoine.
Si vous êtes curieux, l’Atelier d'Offard accueille des groupes pour des visites au 21 avenue Maginot à Tours - Téléphone : 02 47 67 93 22 - Mail : contact@atelierdoffard.com
► À retrouver dans l'émission "Des Fourmis dans les jambes" ce dimanche 17 septembre à 12h55 et à voir ou à revoir notre site de replay France.tv.