Pouvoir d'achat : les revenus des Français augmentent-ils "régulièrement" comme le dit Bruno Le Maire ?

Alors que l'inflation atteint 4,9% en moyenne en France ne septembre 2023, et parfois beaucoup plus sur certains produits, le ministre de l'Économie a affirmé sur France 2 que les Français "ne s'appauvrissent pas" et voient leurs revenus "augmenter régulièrement année après année".

Vous l'avez sans doute remarqué, l'inflation ne faiblit pas en France, surtout sur les produits du quotidien. En septembre 2023, elle atteint en moyenne 4,9% selon les données préliminaires publiées par l'Insee. "Le ralentissement sur un an des prix de l’alimentation, des services et des produits manufacturés seraient en effet contrebalancés par l’accélération des prix de l’énergie, du fait du rebond de ceux des produits pétroliers", précise l'institut.

Selon les relevés de l'UFC-Que choisir (dont l'estimation est d'un point et demi supérieure à celle de l'Insee), l'électricité a ainsi augmenté de 27%, l'essence de 29% et le coût des achats en grande surface de 12,8%.

Les Français sont-ils plus pauvres qu'avant ?

Ainsi, les prix de l'énergie (essence et électricité en tête) ont fortement rebondi, jusqu'à 11,5%. Pourtant, le gouvernement, par la voix du ministre de l'Économie Bruno Le Maire, a défendu son action ce 28 septembre sur France 2. "Non, les Français ne s'appauvrissent pas. Les Français ont des revenus qui augmentent régulièrement année après année", a fait valoir le ministre.

Mais si le Smic a bien suivi l'inflation, le reste des salaires n'a guère suivi, ce qui aboutit à un "tassement" du revenu moyen après deux ans de forte inflation. Du côté du gouvernement, Bruno Le Maire a demandé aux distributeurs de limiter leurs prix et aux entreprises d'augmenter leurs salaires. Grand seigneur, Total Énergies, qui a profité du "bouclier tarifaire" en 2022, a ainsi accepté de limiter à 2 euros le prix par litre du carburant en 2023.

Le ménage moyen verrait son pouvoir d'achat fondre de 120 à 190€

L'équation est donc serrée : entre une inflation galopante, des minimas sociaux qui peinent à suivre, et un salaire moyen qui progressent moins vite que l'inflation, le pouvoir d'achat se resserre. En février 2023, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estimait que le ménage moyen verrait son pouvoir d'achat fondre de 120 à 190€ d'ici la fin de l'année, et ce malgré des mesures tarifaires, notamment sur les carburants, qui ont permis d'adoucir un peu le coup pour les plus modestes.

Il y a cependant "toute une partie de la population, juste au-dessus du Smic, dont les revenus n'ont pas été revalorisés" regrette Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités, basé à Tours. "Le ministre présente, comme s'il s'agissait de mesures fortes, la revalorisation des minimas sociaux. Mais ce serait complètement absurde que le Smic et le RSA ne soient pas revalorisés en pleine crise d'inflation !"

Pour autant, "il ne faut pas tomber dans le misérabilisme et les grandes généralisations" avertit Louis Maurin, qui indique que cette inflation n'a pas les mêmes conséquences sur tout le monde. "Les catégories aisées, qui épargnent, vont garder exactement le même train de vie, elles épargneront simplement un peu moins. En revanche, ceux qui sont au RSA n'auront pas d'autre choix de rogner sur certaines dépenses."

C'est pourtant bien sur le RSA que le gouvernement a décidé de serrer la vis, avec l'examen à l'Assemblée nationale d'un projet de loi "pour le plein emploi". En accord avec LR, le RSA pourrait ainsi être conditionné à 15 heures d'activités hebdomadaires.

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