Le déficit financier des Restos du Cœur se creuse de jour en jour, à cause de l'inflation et de l'augmentation du nombre de personnes n'ayant pas les moyens de s'acheter à manger en France. En Indre-et-Loire, face à un afflux de nouveaux inscrits, on se prépare à durcir les barèmes d'admission.
Les Restos du Cœur mettront-ils la clé sous la porte dans les trois ans ? La menace est bien réelle, à en croire le cri d'alerte du président de l'association, Patrice Douret, ce dimanche 3 septembre sur TF1. Au niveau national, la structure pourrait accuser un déficit de 35 millions d'euros à la fin de l'année, entre hausse des coûts de fonctionnement et du nombre de bénéficiaires.
En Indre-et-Loire, la situation est tout aussi préoccupante, et "représentative de l'évolution au niveau national", explique Jean-Pierre Béreau, président des Restos du 37. Il explique que, en ce début septembre, le nombre d'inscrits est déjà de 8 000 dans le département, contre 7 000 en 2022. "Et on inscrit entre 150 et 200 nouvelles personnes par semaine."
Inflation et précarité
L'association caritative, fondée par Coluche en 1985, représente plus d'un tiers des distributions alimentaires en France. Et vient désormais en aide à "des personnes qui ont des revenus un peu en dessous du SMIC et qui arrivaient à peu près à assumer leurs dépenses, mais qui n'y arrivent plus et du coup viennent chez nous", ajoute Jean-Pierre Béreau. La faute à l'inflation, notamment des prix de l'énergie et des denrées alimentaires.
Sauf que, pendant que le nombre de repas servis passait de 1,3 à 1,5 million en un an en Touraine, les ressources de l’association stagnaient. "On collecte ce que la grande distribution veut bien nous donner, on en a déjà beaucoup et heureusement, mais ça n'augmente pas."
Résultat : au niveau national, les Restos doivent acheter des denrées alimentaires, ensuite dispatchées en régions. Les acheter en plus grande quantité, et à des prix de plus en plus élevés... de quoi creuser rapidement un déficit.
Que reste-t-il à collecter ?
En Touraine, l'association "continue de prospecter auprès des enseignes de grande distribution" qui n'organisent pas encore de collecte, et auprès de la production agricole locale. Seulement "le tissu agroalimentaire n'est pas très important en Indre-et-Loire, donc on arrive un peu au bout de ce qu'on peut collecter", déplore le président départemental.
Sans rentrées supplémentaires, ce sont donc les sorties de denrées qu'il faudra enrayer, voire diminuer. Au niveau national, l'association pourrait éconduire 150 000 bénéficiaires cette année pour ne pas sombrer financièrement. Dans le 37, "on s'y prépare, on va devoir modifier les règles d'accueil, avoir un barème de ressources plus dur, pour accepter moins de personnes cet hiver que l'hiver dernier", redoute Jean-Pierre Béreau.
D'autant que l'augmentation du nombre de bénéficiaires a déstabilisé toute la chaîne de l'association, et pas seulement l'aspect financier. "Les bénévoles sont très sollicités, pour ouvrir plus longtemps et accueillir plus de monde" notamment, explique le président départemental.
Recherche de bénévoles
Pour faire face à la situation, les Restos du Cœur sont toujours à la recherche de dons. En Indre-et-Loire, l'association recherche aussi des bénévoles, avec un projet de nouveau camion itinérant (un premier existe déjà dans le sud du département) pour les territoires sans centre d'accueil. "Pour constituer une nouvelle équipe, il nous faudrait 15 à 20 bénévoles pour tourner cinq jours sur sept", précise Jean-Pierre Béreau.
Le gouvernement, par la voie de la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, a promis une aide de 15 millions d'euros aux Restos du Cœur. "Une bonne chose", à en croire le porte-parole de l'association Yves Mérillon sur Franceinfo ce lundi 4 septembre. "Mais il faudra beaucoup plus."
Pour contacter les Restos du Cœur d'Indre-et-Loire : 02 47 47 03 78