La rentrée est une période délicate pour les étudiants, en particulier ceux qui sortent du lycée. Inflation, anxiété, rupture familiale font partie du quotidien. À Tours, où étudient 30 000 étudiants, le Service de Santé Universitaire est particulièrement sollicité début septembre.
Malgré les tabous, c'est un sujet dont on parle de plus en plus depuis la pandémie et qui est loin de s'améliorer. La vie étudiante n'est pas un long fleuve tranquille. Au Service de santé universitaire (SSU) de Tours, les étudiants se pressent pour avoir un rendez-vous. "Depuis le Covid on a entre 25 et 30% de demandes supplémentaires chaque année en termes de soutien psychologique." déplore le docteur Emilie Arnault, directrice du SSU.
À Tours, il y a eu pour l'année scolaire 2021/2022 plus de 13 000 consultations pour 30 000 étudiants au total, des chiffres toujours en hausse.
"Quand on est étudiants, on se retrouve souvent seuls"
Rupture familiale, perte de ses amis, premiers échecs : pour expliquer ce phénomène, les raisons sont multiples. D’autant plus que cette période de l'entrée dans la vie d'adulte rime parfois avec l'émergence des troubles psychiques ou de pathologie psychiatrique. "Il faut arriver à les accompagner et à favoriser le maintien des études qui peut être protecteur. On est mobilisé sur l'accompagnement de ces maladies chroniques que peuvent rencontrer ces étudiants.", affirme Emilie Arnault.
Démunie et en quête d'aide extérieure, une étudiante drouaise s'est rendue au Plat d'Etain pour rencontrer des professionnels de santé : "En tant qu'étudiants, on est confrontés à des réalités qui nous dépassent. On n'a pas forcément d'aides autour de nous, au sein de notre famille, donc c'est plus simple de parler avec des professionnels."
Pour Isalys également, nouvelle étudiante à Tours qui a quitté Orléans pour se lancer en première année de médecine, le statut d'étudiant n'est pas facile à porter. Nouvelle ville, nouvel établissement, nouveaux amis, le plus dur a été de quitter sa famille. "J'avoue que c'est un peu difficile, d'un côté à la fois de devoir gérer le fait de vivre toute seule et aussi les cours qui sont très intenses et condensés. C'est difficile de trouver un rythme."
L'anxiété d'une nouvelle étape
Qui dit rentrée à l'université, dit nouveaux défis, et parfois, la réalité nous dépasse, du côté des étudiants comme de celui des services psychologiques, nous rappelle la praticienne directrice du SSU. "C'est une période sensible pour les étudiants et très chargée chez nous, ils n'attendent pas plusieurs semaines avant de venir et sont présents très rapidement."
"La réussite des études rentre beaucoup en jeu. On sait que pour les masters il y a de moins en moins de place, c'est de plus en plus sélectif, Parcoursup aussi. Sans parler des problèmes financiers." Tant d'inquiétudes qui angoissent cette étudiante en troisième année qui se désole d'être "délaissée par le gouvernement."
Hélène Batteau, infirmière au SSU d'Indre-et-Loire depuis trois ans confirme ce phénomène qui s'aggrave : "Une étudiante qui souffre de phobie scolaire présentait des angoisses assez importantes à son arrivée en faculté. Au fur et à mesure, sûrement par manque de repères, elle était très démoralisée."
L'inflation en partie en cause
Alors que l'inflation serait de + 5% en France en 2023 selon l'INSEE, cette dernière touche plus que jamais les étudiants. Chaque année, leur précarité sociale s'accroît. "Les crises successives impactent les familles, ils ne peuvent plus soutenir leurs enfants mais ne sont pas forcément éligibles aux bourses donc on se retrouve dans de grandes difficultés."
Les étudiants internationaux sont également parfois confrontés à un coût de la vie qui n'est pas du tout celui qu'ils appréhendaient. "Les prix augmentent de jour en jour, on est perdu et on ne sait plus quoi faire, qu'on le veuille ou non personne ne nous écoute.", s'indigne une étudiante en physique, qui n'a eu d'autre choix que d'aller étudier à Tours au vu des prix des logements parisiens.
Pour trouver des solutions, le Service de santé universitaire de Tours travaille avec l'assistante sociale du CROUS pour qu'ils prennent connaissance de leurs droits. Cet accès au soin pour les étudiants a été renforcé par la signature d'une convention début septembre avec la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). L'objectif : améliorer toujours plus leur prise en charge.