Après une première année "satisfaisante", l'université met le cap sur une nouvelle rentrée. L'objectif à long terme est de régler le problème du désert médical. Pas d'enflammade, ce ne sera pas avant dix ans, au moins.
"Nous devons ancrer ces jeunes étudiants sur le territoire, travailler sur la qualité de l'accueil, des terrains de stage". Éric Duverger, directeur du département de la formation médicale d'Orléans, a planté le décor. Le Loiret et la région Centre-Val de Loire comptent sur ces étudiants en médecine pour répondre à la problématique du désert médical de la région et apporter, former de nouveaux médecins sur le territoire.
C'est le rationnel de l'universalisation du Centre hospitalier d'Orléans
Guillaume Béraud, infectiologue au CHR d'Orléans et professeur à la fac de médecine
C'est en ce lundi 11 septembre que les 50 étudiants en deuxième année du Diplôme de formation générale en sciences médicales (DFGM2) font leur rentrée. En première année, ils seront 135 contre 105 l'an passé, en LAS première année (licence accès santé), 390 inscrits sont recensés.
Cette année, une vingtaine d'intervenants assurera les cours. Parmi eux, l'infectiologue Guillaume Béraud, tout juste nommé au Centre hospitalier régional d'Orléans. Plusieurs professionnels de santé comme lui ont monté la maquette d'enseignement pour les étudiants en prenant en compte "les spécialités de chacun", précise-t-il. Infectiologue de formation, il enseignera cette discipline en quatrième année, donc dans deux ans à Orléans.
Néanmoins, Guillaume Béraud participera cette année, à des cours magistraux de microbiologie ou à des unités d'enseignements libres sur les statistiques par exemple. Un volume de cours d'au moins 30 heures consacré aux cours magistraux tout en gardant son rôle de médecin au CHRO. Ce n'est pas tout, "la réforme des études de santé (fin 2018) a aussi amené d'autres choses, notamment des Ecos. Des évaluations où l'on créé une situation et on demande à l'étudiant de réagir par rapport à cette situation", avance t-il.
La méthode d'évaluation revue
Il poursuit : "Au lieu d'interroger les étudiants seulement sur leurs connaissances, il a été décidé que c'était plus intelligent de les interroger sur leurs compétences. Ce qui, des fois, est très proche, mais les connaissances consistaient essentiellement à réciter ce qu'on a appris par cœur". Une théorie, essentiellement, désormais suivi de pratique, directement en cours. Ces Écos (Examen clinique objectif et structuré) peuvent aller d'un geste technique classique sur un mannequin à l'annonce d'une mauvaise nouvelle à un patient. Des compétences difficilement évaluables sur papier dans un QCM (questionnaire à choix multiples).
Des évaluations qui prennent énormément de temps pour que les étudiants soient évalués de la même manière. "Si je fais un atelier prise de sang, le premier qui va sortir de la salle d'évaluation va expliquer aux autres sur quoi ils sont évalués. Quand vous faites ces Écos, vous organisez les choses pour que les étudiants ne se croisent pas", explique l'infectiologue.
Un taux de réussite de 18%
La nature même du projet d'université de médecine à Orléans est faite pour répondre à cette problématique de désert médical. "Il faut être lucide, il faut 10 ans pour faire un médecin, ça ne veut pas se faire du jour au lendemain. On paie les conséquences de 30 ans de désertification", conclut l'infectiologue.
Pour lui, la bonne direction est prise. De plus, il note un enthousiasme de ce projet "assez impressionnant. Je suis impressionné par la motivation du personnel médical, même non universitaire", note Guillaume Béraud. Un enthousiasme qui selon lui, "n'est pas le même partout".
Les futurs généralistes ont tendance à rester là où ils sont formés. Jusqu'à présent, la fac de médecine étant à Tours, les étudiants avaient tendance à rester aux alentours de Tours, alors que là on va pouvoir formaliser les étudiants qui auront à intérêt à rester là.
Guillaume Béraud, infectiologue au CHR d'Orléans et professeur à l'université de médecine.
En première année PASS, la licence santé avec mineure généraliste, 40 étudiants sur 92 inscrits ont été reçus (44%). Sur ces 40 étudiants, 16 ont été admis et ont donc pu choisir leur filière d'étude pour leur seconde année, soit un taux de réussite de 18%. Les non-admis ont eux été basculés en 2ème année de LAS, la licence généraliste avec mineure santé.