Témoignage. Le rôle essentiel du médiateur de quartier : "On est là pour réparer le lien entre les institutions et les habitants"

Publié le Écrit par Marine Rondonnier
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Depuis juillet 2022, neuf médiateurs de quartiers et trois encadrants sillonnent à Tours les rues du Sanitas, Maryse Bastier et Saint-François afin de recréer du lien entre habitants et institutions, mais aussi pour pousser les habitants de ces quartiers vers l'autonomie. Amrane Salim, 29 ans, originaire de Mayotte, fait partie du dispositif "Tours de quartiers" depuis le début. Il raconte son expérience de médiateur social.

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Il est 17 h dans le local des médiateurs de Régie Plus, rue Théophane Venien au cœur du quartier du Sanitas. Après un court briefing sur les situations rencontrées la veille, l'équipe de trois médiateurs et une cheffe d'équipe part pour sa tournée. Pendant sept heures, ils vont arpenter les rues du Sanitas et de Maryse Bastier. 

"On a une note du jour : ça peut être les barbecues, la sensibilisation sur les déchets ou apporter des informations à des personnes qui vivent dans le quartier. On part à la recherche du besoin. 

Être médiateur, c'est améliorer le cadre de vie de ces habitants

explique Amrane Salim, médiateur de quartier depuis deux ans.

Premier arrêt : un habitat de fortune au cœur du quartier. Trois hommes d'origine serbe vivent là depuis plusieurs semaines. Amrane Salim explique à celui qui parle anglais où trouver des douches et de quoi se nourrir. Il fait avec lui le point sur sa demande de papiers auprès de la Préfecture. "On échange. On les oriente. On les écoute surtout. Les habitants ont besoin d'être écoutés. On travaille à prendre en compte leurs besoins. Mais le métier de médiateur, c'est avant tout amener vers l'autonomie", confie le jeune médiateur. 

L'autonomie des habitants pour objectif

Pousser les habitants vers l'autonomie. Pour Amrane Salim, c'est la grande mission de son métier de médiateur. " Mon rôle est de les informer. On les informe de leurs droits pour qu'ils puissent eux-mêmes se prendre en charge. C'est plus les aider en faisant comme ça qu'en faisant à leur place. On les invite à prendre part à des conseils citoyens, on leur apprend à s'exprimer. On porte la voix des habitants vers les institutions, mais c'est encore plus beau quand c'est eux-mêmes qui viennent et qui présentent leur problématique. " 

C'est ce qu'il fait avec deux habitants du quartier qui organisent des activités pour les enfants dans le city stade. Un city stade que Tours Habitat souhaite détruire pour le remplacer par un jardin. Les jeunes ne comprennent pas cette décision. Ils la trouvent injuste. Amrane Salim explique à l'un d'eux comment ils peuvent défendre leur point de vue auprès des institutions.

"Nous avons fait remonter votre parole auprès de la Ville et de Tours Habitat. Ils aimeraient que vous preniez part aux réunions au Centre de vie du Sanitas pour exprimer vos besoins. Montez-vous en association, demandez un créneau à la mairie pour jouer, mais cette partie va être démolie parce que le plan d'aménagement urbain prévoit la création d'un jardin ici ". Le jeune répond : "Alors ça y est c'est acté ? " "Acté oui et non", répond Amrane. "Rien n'est encore signé. C'est encore en cours de projet. C'est le moyen pour vous, habitants, d'exprimer votre parole et votre ressenti et voir quelle solution peut être trouvée." 

Pour le médiateur, il est important que les habitants fassent les choses par eux-mêmes. " Une fois qu'ils ont compris le concept, on arrive à valoriser ce qu'ils ont en eux et qu'ils n'avaient pas tout de suite vu. C'est ce qui fait que le métier est riche en valeur humaine. L'objectif est de retrouver cette connexion entre les habitants et les institutions parce qu'il y a un lien qui se perd un peu et nous médiateurs, on va réparer ce lien-là", conclut Amrane Salim. 

"Tours de quartiers" : douze emplois créés

Lancé le 1er juillet 2022, le dispositif "Tours de quartiers" compte neuf médiateurs et trois encadrants qui couvrent les quartiers du Sanitas, de Maryse Bastier et de Saint-François. Les médiateurs sont engagés sous des contrats adulte-relais, une convention avec l'Etat pour trois ans. Pour en bénéficier, il faut avoir plus de 26 ans, être demandeur d'emploi et être originaire des quartiers. 

"Le dispositif a permis de créer douze emplois, neuf médiateurs et trois encadrants" rappelle Jean-Paul Carlat, président de Régie Plus. "Cette médiation de l'espace public est indispensable. Leur outil est la parole, l'écoute et la bienveillance. Ça rassure les gens et apporte de la sérénité dans les quartiers. Leur présence sur le terrain permet de signaler et de régler rapidement des problèmes comme des abribus cassés, une boîte électrique ouverte qui pourrait être dangereuse ou des dépôts d'ordure sauvages. Tout se règle beaucoup plus vite. C'est essentiel pour améliorer le vivre-ensemble", ajoute-t-il, bien conscient que ce n'est pas une solution miracle mais qu'en travaillant avec les autres associations et structures des quartiers, "tout ça est cohérent pour nous et ça commence à bien fonctionner". 

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Depuis juillet 2022, neuf médiateurs de quartiers et trois encadrants sillonnent à Tours les rues du Sanitas, Maryse Bastier et Saint-François afin de recréer du lien entre habitants et institutions, mais aussi pour pousser les habitants de ces quartiers vers l'autonomie. Amrane Salim, 29 ans, originaire de Mayotte, fait partie du dispositif "Tours de quartiers" depuis le début. Il raconte son expérience de médiateur social. ©Marine Rondonnier, Julien Bernier, Gilles Engels

Le budget prévisionnel global du dispositif "Tours de quartiers" (salaires, formations, locaux, équipement…) s’élève à 400 000€ par an environ pour douze emplois créés.

Les financeurs sont l’État, la Ville de Tours et les bailleurs sociaux : Tours Habitat et Ligeris.

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