TEMOIGNAGES : "Le Travail d'intérêt général m'a évité la prison et me permet d'apprendre un métier"

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Les TIG, travaux d'intéret général existent depuis 40 ans. Une alternative à la prison qui vise à favoriser l'insertion professionnelle et à éviter la récidive. Reportage de Marine Rondonnier et Philippe Tanger à Saint Cyr sur Loire, commune d'Indre et Loire habituée à recourir au Travail d'intéret général. ©Marine Rondonnier, Philippe Tanger, Gilles Engels

Les TIG, travaux d'intéret général existent depuis 40 ans. Une alternative à la prison qui vise à favoriser l'insertion professionnelle et à éviter la récidive. Pendant une semaine, la commune de Saint-Cyr-sur-Loire en Indre-et-Loire a accueilli un groupe de 6 "tigistes" pour nettoyer le bois de la Rablais. Ils racontent leur expérience.

À 20 ans, Tony a été condamné pour cambriolage. "Vous savez, on a besoin d'argent, on n'a pas le bon entourage et ça finit en catastrophe", raconte le jeune homme. "La juge m'a demandé de choisir entre trois mois de prison ferme ou 105 h de TIG, j'ai choisi le Travail d'intérêt général. Ça m'évite la prison et en plus j'apprends un métier, c'est tout bénéf."

Pendant cette première session de TIG, il vient nettoyer le bois de la Rablais de Saint-Cyr-sur-Loire de 7h45 à midi et de 13h à 16h45. "Se lever tous les matins et travailler sans être payé ça fait un coup au moral. Mais ça permet aussi d'apprendre de ses erreurs et de ne pas recommencer. Ça nous aide à travailler en équipe, à communiquer. Le matin on a un petit rendez-vous pour faire un check-up. Ça permet de se réinsérer dans la vie sociale ". 

C'est une première condamnation pour le jeune homme. Il dispose de 18 mois pour réaliser ses 105 heures de TIG depuis sa condamnation. Tony souhaiterait continuer dans cette voie. "Je préfère travailler qu'être en prison sans rien faire. Après mes TIG, je souhaiterais faire une formation dans le bois. Ça m'intéresse vraiment. " Souvent, ces TIG sont une première expérience professionnelle pour ces jeunes condamnés. 

Ça pourrait me lancer dans le monde du travail

Iliès, stagiaire tigiste

France 3 Centre-Val de Loire

"Ce qui me plaît, c'est qu'on est dehors. En plus, on travaille le bois ce que je n'avais jamais fait. On est contact avec la nature. C'est bien", confie Iliès. À 21 ans, le jeune homme est condamné pour la deuxième fois à des TIG. "La dernière fois, c'était à la propreté pour la Ville de Tours. Comme je ne travaillais pas et que je ne faisais pas d'étude, le juge m'a proposé d'aller en TIG. Au moins je fais un truc de mes mains. Ça pourrait me lancer dans le monde du travail," raconte Iliès qui s'engage à ne plus "faire de bêtises".

Près d'Iliès, appuyé au tracteur, Matéo, 20 ans, est là après une condamnation à 18 mois de prison pour vol avec violence en réunion avec arme. "Ma conseillère de probation m'a proposé ces TIG. J'aime bien parce qu'on est équipe et dans la nature. Il y a une certaine solidarité."

Plus efficace contre la récidive que la prison ferme

L'objectif du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) qui encadre le dispositif est de prévenir la récidive. La majorité des personnes suivie est jeune. Elles ont entre 20 et 30 ans et sont éloignées du monde du travail."L'insertion professionnelle est un des facteurs majeurs de la prévention du risque de récidive", explique Alban Petit directeur adjoint du SPIP d'Indre-et-Loire. "On a déjà eu une belle histoire ici avec un jeune qui a fait son TIG avec les services techniques de la mairie de Saint-Cyr-sur-Loire et qui s'est vu proposer à la fin un premier poste de travail. Donc c'est vraiment important pour nous sur l'insertion professionnelle et donc à terme la prévention de la récidive."

Au niveau national, le taux de récidive est de 34 % après une peine de TIG alors que ce taux est de 61 % après une peine de prison ferme.

Anaïk-Isabelle Maout est conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation au SPIP d'Indre-et-Loire. Avec ses collègues, elles se relaient pour passer chaque matin sur le chantier afin de vérifier que tout se passe bien et que les Tigistes sont à l'heure.

"Les personnes placées sont présentées comme des stagiaires. Cela leur permet une intégration dans l'équipe et de ne pas avoir cette étiquette de condamné, de repris de justice", explique Anaïk-Isabelle Maout. "C'est une peine à part entière, mais qui prend encore plus de sens quand elle est valorisée en activité professionnelle. On invite les stagiaires à valoriser le TIG sur leur CV comme une période de stage pour montrer qu'ils sont en capacité de travailler et qu'ils peuvent donner le meilleur d'eux sur un poste de TIG" précise-t-elle. " 

L'Indre-et-Loire, championne du Travail d'intérêt collectif

Le Travail d'intérêt général (TIG) a été créé il y a 40 ans. Il a été institué par la loi du portée par le ministre de la justice Robert Badinter et est entré en vigueur le 1er .

Le TIG est une sanction pénale consistant pour le condamné, en l'exécution d'un travail non rémunéré au profit d'un organisme habilité agissant dans l'intérêt collectif pendant une durée comprise entre 20 et 400 heures. Il fut la première sanction à faire appel à l'implication de la société civile, en tant que partenaire, pour mettre en œuvre la sanction.

Alban Petit, directeur adjoint du SPIP 37 explique l'évolution du TIG : "Au départ, on était uniquement sur des postes individuels, on est toujours majoritairement sur ces postes-là. On en a 280 environ sur le département. L'idée maintenant est de développer le TIG collectif pour mettre une dimension plus pédagogique, plus ludique, mais également une dimension d'insertion professionnelle".

L'Indre-et-Loire est un des départements qui compte le plus d'heures de travail d'intérêt général et de peines prononcées par la justice. 115 contre 105 heures en moyenne. 20% des peines contre 30,5% au niveau national "On essaie de promouvoir cette alternative à l'incarcération dans le département eu égard à la surpopulation carcérale de la maison d'arrêt de Tours", conclut Alban Petit.

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