C'est à partir d'une invention technique de cuisson avec une parabole solaire que des lycéens de Tours ont participé à un échange coopératif avec un village isolé du Haut-Atlas. Élève de Terminale S, Célia Grandin, évoque dans son article le rôle de l'associatif dans le développement du village
France 3 Centre-Val de Loire a proposé à une des lycéennes qui participe au projet d'écrire un article pour y faire part de son expérience. Voici l'article de l'élève Célia Grandin, supervisé par ses professeurs en lien avec un journaliste de la rédaction.
Vivre en village berbère grâce à l'associatif
Dans le village berbère de Tizi N'Oucheg, au cœur des montagnes du Haut Atlas, une association s'est créée avec comme objectif l'amélioration des conditions de vie de la population pour stopper son exode. Ici, c'est l'associatif qui amène les infrastructures nécessaires à la vie collective.Exode rural
Au cours du siècle dernier, le village de Tizi N'oucheg a subi un fort exode rural. En effet, les habitants quittent ce village traditionnel isolé dans les montagnes pour Marrakech, la ville moderne. Voyant la population de son village natal diminuer, Rachid Mandili a décidé d'agir. C'est pourquoi il a créé en 2011, avec quelques voisins, l'Association Tizi N'Oucheg de Développement (ATND).
De la fin de l'exode rural au développement durable avec l'association ATND, Rachid Mandili
Dans une optique de développement rural, de jeunes lycéens tourangeaux échangent avec une association de Tizi N'Oucheg. Interview de Rachid Mandili
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©Distilla sun
Eau - Route - Ecole
Pour répondre au mieux aux besoins des habitants, les membres de l'association se sont intéressés aux raisons qui motivent les villageois à déménager. De cette enquête sont ressortis trois problèmes principaux : l'eau, la route et l'école. Effectivement, il y a encore quelques années, le village n'était pas relié au réseau d'eau potable et d'assainissement, la route menant à la vallée était très difficilement praticable et aucun élève ne se rendait au collège. Une fois les problématiques identifiées, l'ATND a trouvé des solutions, monté des projets et cherché des fonds afin d'améliorer les conditions de vie à Tizi N'Oucheg pour diminuer le nombre des départs vers la ville.
Infrastructures
Le projet le plus urgent était d'apporter l'eau potable au cœur de Tizi N’oucheg. Pour ce faire, tous les habitants, des plus jeunes aux plus vieux, ont déchargé et monté les matériaux jusqu’au village puis creusé 2300 mètres de tranchées dans la terre et la roche pour y enterrer les tuyaux, le tout en seulement 3 semaines.
D’autre part, la route reliant la commune au bas de la vallée a été grandement améliorée en association avec les villages environnants. La responsabilité de l’entretien de 2 des 6 kms de cette route a été confié aux habitants du village. Entretien auquel nous avons pu participer puisque la route a été abîmée par de forts orages lors de notre séjour.
Grâce à l’ATND et à la mobilisation de tous les habitants, ces deux projets ont pu être menés à bien de manière efficace.
Accès à l'éducation
Jusqu’ici, l’ATDN, en partenariat avec une autre association de la vallée de l’Ourika, a ouvert 14 écoles maternelles et primaires pour faciliter l’accès des enfants à l’éducation. Effectivement, les villages berbères sont isolés et ne possèdent pas tous une école. En particulier les écoles maternelles qui sont pourtant essentielles à l’apprentissage des enfants berbères. En effet, cela leur permet de commencer plus tôt à apprendre l’arabe, une langue qu’ils ne parlent pas au quotidien et qui est pourtant la langue dans laquelle ils devront suivre l’intégralité de leurs cours dès l’école primaire.
Jusqu’en 2011, tous les élèves du village arrêtaient l’école après la primaire car le collège se trouve dans la vallée, à 2h30 de marche et que les parents ne peuvent pas se permettre de payer un logement plus proche. C’est pourquoi l’association a décidé de créer un internat près du collège pour permettre à tous les jeunes qui le souhaitent de poursuivre leurs études sans que leurs familles n’aient à débourser trop d’argent. Aujourd’hui 48 élèves, filles et garçons, sont logés à l’internat mais Rachid espère pouvoir l’agrandir encore dans les années à venir.
Cette année est marquée par l’entrée de 8 jeunes originaires du village dans des universités de Marrackech. L’association leur trouve un logement proche de la ville et les accompagne financièrement pour qu’ils puissent poursuivre leurs études.
Mais les jeunes ne sont pas les seuls à profiter de l'aide de l'ATND puisque des ateliers d'alphabétisation ont été organisés pour 70 femmes du village. Ainsi l’associatif bénéficie à l’éducation de tous.
Une leçon de vie
« On améliore notre vie mais on garde la tradition » C’est en ces termes que Rachid Mandili décrit l’action de son association. Et cela fonctionne ! En effet depuis la création de l’ATND, la population du village est passée de 400 à 600 habitants suite à toutes améliorations apportées par Rachid et son équipe.
Nous devrions tous prendre exemple sur ce projet qui nous montre que si l’on décide d’agir sans plus attendre que les autres le fasse pour nous, alors nous pouvons changer les choses, chacun à notre échelle et en nous aidant les uns les autres.
Célia Grandin, élève de Terminale S au lycée Vaucanson de Tours
(article supervisé par Emmanuel Thibault et Séverine Letissier, professeurs)