De nombreux habitants du bassin ligérien se sont déplacés sur ces quatre jours d'Assemblées de Loire, du jeudi 9 à ce dimanche 12 septembre, à Tours. Au terme de nombreux débats, rencontres, ateliers culturels et expériences sensorielles, les organisateurs espèrent avoir sensibilisé la population.
"On sent qu'il s'est passé quelque chose, que ça a bougé." Depuis jeudi, les Assemblées de Loire battaient leur plein à Tours, entre rencontres et expériences artistiques et sensorielles, pour redéfinir le lien entre le fleuve et la population.
A quelques heures de la fin de l'évènement, ce dimanche 12 septembre au soir, un premier bilan semble déjà s'imposer. "Les débats ont pu nous ramoner un peu le cerveau, mais on ressort de ça en se demandant ce qu'on peut désormais faire pour faire avancer" le dossier, résume Maud Le Floc'h, directrice du Polau -Pôle Arts et Urbanisme- qui orchestre ces rencontres.
Vers la reconnaissance des droits de la Loire
Pendant ces quatre jours, les habitants du bassin de la Loire étaient invités à participer à des débats sur le devenir juridique, politique, scientifique et culturel du fleuve, au Centre de Création contemporaine Olivier Debré de Tours (CCCOD). Une initiative inscrite dans l'objectif final de plusieurs organismes de la région : faire de la Loire une entité juridique à part entière, et lui reconnaître ainsi des droits. Le tout pour protéger au mieux ce site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
Jusqu'à présent, des auditions d'experts juridiques, politiques ou scientifiques avaient été menées dans le cadre de la construction d'un parlement de Loire qui servirait ses intérêts et se placerait non plus du point de vue de l'Homme mais de celui du fleuve. Ces auditions ont depuis été novélisées par Camille de Toledo, dans un ouvrage de 500 pages qui sert désormais "de socle à la démarche", estime Maud Le Floc'h.
Mais pour mener l'objectif final à bien, il a fallu impliquer le public. "La grande nef du CCCOD s'est vraiment transformée en une grande agora, avec plusieurs espèces de plateaux radio" où s'échangeaient des idées et des réflexions. Des moments de partage et d'échange, qui semblent avoir motivé les -visiblement nombreux- participants à en faire plus.
Le rendez-vous du peuple ligérien
Grâce à ces Assemblées, Maud Le Floc'h affirme qu'il existe "un peuple ligérien, voire des peuple ligérien", l'adjectif ne s'appliquant plus seulement à un bassin géographique mais à une identité forgée par le fleuve. En témoigne, selon elle, cette expérience de parlement de Loire sur l'île Aucard, dans un style décontracté et carnavalesque, "à la croisée de la politique, du lâcher prise et du rituel". Un moment festif qui mise, comme la majorité des autres ateliers proposés ces quatres jours, à unifier population et nature dans la bonne humeur.
La directrice du Polau estime également que le succès de ces Assemblées tient dans ces expériences sensorielles autour du fleuve, comme les découvertes thématiques et autres balades, ainsi que dans les initiatives culturelles et artistiques. Exemple : le plasticien François-Xavier Offard réalise, depuis lundi 6 septembre, une fresque en planches de papier peint représentant la Loire, des sources à son estuaire, dont plusieurs fragments s'affichent en ville.
Un moyen de laisser une trace artistique, et de faciliter ainsi la transmission du message. "Les traces visuelles servent une facilitation graphique du projet, considère Maud Le Floc'h. Le bouquin fait 500 pages. Il faut travailler les éléments plus attrapables, y compris pour les jeunes." Avec pour but évident de sensibiliser le maximum de monde au devenir de la Loire.
Au nom de la Loire
Un projet qui n'a rien d'un caprice ou d'un fantasme nouvelle génération. "Les étiages sont de plus en plus sévères, le débit diminue, les crues sont de plus en plus fréquentes, le nombre de poissons est en baisse... On a pas le choix de faire ce parlement. On est tous saisis par ce qui se joue", poursuit-elle.
D'où l'utilité, lors des débats au CCCOD, de rassembler des personnalités "venues de toute l'Europe, de Corse, d'Italie, de mer du Nord, de Suède", où "des parlements d'écosystèmes sont en train de se monter". Et ainsi aller chercher ailleurs l'inspiration et l'expérience nécessaires à mener à bien ce projet au nom de la Loire.
La répétition d'un tel évènement n'est pas encore inscrit dans les agendas des organisateurs, mais Maud Le Floc'h promet que "de nombreux projets sont en train de germer, qu'ils soient portés par le Polau, la Mission Val de Loire ou d'autres acteurs". "Il nous reste à les arroser." La Maison des Sciences de l'Homme de Tours prévoit déjà d'ajouter Camille de Toledo à son programme 2022. Aux Assemblées de Loire, les petits ruisseaux font les grandes rivières.