Collecter des protections hygiéniques pour les plus démunies, c’est le défi quotidien de l’association Règles Elémentaires. À Tours, des boîtes à dons fournies par l'association ont été installées dans un bar et à l'Hôtel de Ville.
Encore peu connue, la précarité menstruelle touche de nombreuses femmes. C'est pour remédier à cette situation que l’association Règles Elémentaires collecte des produits d’hygiène intime pour les redistribuer aux femmes dans le besoin en mettant à disposition des boîtes à dons.
"La précarité menstruelle désigne toute difficulté économique qu’une femme peut avoir pour s’acheter des produits d'hygiène intime", définit Tara Heuzé-Sarmini, présidente de Règles Élémentaires. "Cela peut toucher aussi bien la mère célibataire qui a du mal à boucler ses fins de mois que l’étudiante qui doit choisir entre acheter un paquet de pates ou un paquet de tampons."
Des points de collecte permanents, comme à l'entrée de l'Hôtel de ville de Tours et au bar Les Dix Fûts, sont mis en place depuis plusieurs semaines. D'autres points de collecte sont ponctuels, à l'instar des trois mairies annexes (Saint Symphorien, Sainte-Radegonde et les Fontaines) qui retireront leurs boîtes à dons pendant la semaine du 2 décembre.
Serviettes, tampons, lingettes intimes et autres coupes menstruelles seront ensuite redistribués par des organisations locales qui viennent en aide aux plus précaires : le Secours catholique, Emergence, Entraide et Solidarité, etc.
"Les questions de règles et de précarité menstruelle ne doivent plus être taboues"
Dans la rue Colbert, le bar Les Dix Fûts a été le premier lieu tourangeau à mettre en place une boîte à dons fixe au mois d'octobre. "Nous avions déjà installés dans les toilettes une boîte à tampons et à serviettes hygiéniques pour nos clientes", explique Thomas Giovani, responsable du bar. "Quand l’une de nos clientes nous a soumis l’idée de la collecte, on a tout de suite été séduits. C’est la suite logique de notre démarche."
Le bar « les Dix Futs » à Tours organise une collecte de protections hygiéniques à destination des femmes sans-abris avec @RElementaires, n’hesitez pas à participer si vous êtes dans le coin ! ♥️ pic.twitter.com/R0urShUzBr
— Alien (@acacia_prominen) October 27, 2019
En un mois, le bar a récolté l’équivalent d’un sac poubelle de 50 litres. "On voit que les Tourangelles et les Tourangeaux sont très solidaires. En plus, cela permet d’aborder les questions de règles et de précarité menstruelle qui ne doivent plus être taboues aujourd’hui."
Comme la cliente à l’origine de cette démarche, tout le monde peut organiser une collecte en s’inscrivant sur le site de Règles Elémentaires. Il peut aussi bien s’agir d’une récolte ponctuelle que d’une collecte de longue durée dans un lieu public ou privé (mairie, lycée, entreprise).
Près de 3 800 euros de budget dans une vie
Les règles, et plus précisément les protections hygiéniques, représentent un budget conséquent pour les femmes. Selon les estimations du journal Le Monde, le montant des protections hygiéniques et des antidouleurs s’élève à 7,50 euros par cycle, soit près de 3 800 euros de budget au cours de sa vie. C’est sans compter les visites chez le gynécologue ou encore les dépenses de sous-vêtements et linge de lit pouvant être abîmés par le sang des règles.
Au total, ce sont plus de 1,5 millions de femmes en France qui n’ont pas les moyens financiers de s’acheter suffisamment de protections hygiéniques et/ou ont recours à des moyens de fortune selon une enquête de l’IFOP
La conséquence de cette précarité : "les femmes qui n’ont pas les moyens de se payer de protections hygiéniques utilisent ce qu’elles ont sous la main : papier toilette, journaux, vieux vêtements, etc.", précise Tara Heuzé-Sarmini de l'association Règles Elémentaires, qui a récolté 1,5 millions de produits et aidé plus de 500 000 femmes à travers la France depuis 2015.
> Sur son site internet, Le Monde met à disposition un outil pour calculer les dépenses engendrées en hygiène féminine (protection hygiénique et antidouleurs) depuis l’âge des premières règles.
