Comment remettre le piéton au coeur de la ville ? La question s’invite au coeur de la campagne des élections municipales à Tours. Un collectif de citoyens vient de se créer pour promouvoir la marche comme mode de déplacement privilégié.
Perdre la vie en empruntant un passage piéton, c'est ce qui est arrivé à une femme de 63 ans vendredi 23 mai, en plein centre-ville de Tours. Elle a été percutée par une voiture, alors qu’elle traversait la rue de la Victoire avec sa petite fille de six ans. Un accident qui avait suscité une vive émotion dans le quartier, à tel point qu’un collectif de riverains vient de se constituer pour que ce drame ne se reproduise plus.
L’objectif de "Tous Piétons" : dénoncer les dangers de la circulation pour les piétons, tout en promouvant ce mode de déplacement. Tramway, vélo, voiture... Si la question des mobilités s’est invitée au coeur de la campagne municipales de Tours, le piéton est trop souvent oublié pour ces citoyens. Tous Piétons entend devenir force de proposition, à la manière de Cycliste37, association fortement enracinée dans le paysage tourangeau.
“Chaque conducteur de véhicule est aussi un piéton”
Pour Anne Courgeon, cofondatrice du collectif Tous Piétons, il est urgent de remettre le piéton au coeur de la ville, afin de “permettre à tout le monde de pouvoir se déplacer en sécurité”. La jeune femme, qui vit à proximité du lieu de l’accident du 23 mai, pense que de nombreux aménagements inadaptés et d’obstacles compliquent la circulation des piétons dans le centre-ville de Tours, comme rue des Tanneurs, à proximité de l’université.
“Cette rue est très difficile à traverser pour les piétons, car c’est une deux fois deux voies avec des véhicules qui circulent vite, alors qu’on est en plein centre-ville !”, dénonce-t-elle avant de pointer le problème de stationnement illégal sur les trottoirs. “Les piétons se retrouvent forcément à descendre sur la chaussé pour pouvoir circuler, c’est trop dangereux.”Sécuriser les espaces de circulation des piétons, c’est ce que recherche le collectif.
Il ne faut pas oublier que chaque conducteur de véhicule est un piéton, à partir du moment où il a posé son véhicule. Remettre le piéton au coeur des circulations permet aussi d’assurer autonomie à tous les publics vulnérables, à savoir les enfants et les personnes âgées.
Élection et piétons
Pour le maire sortant Christophe Bouchet, l’espace public doit être conçu comme un espace partagé. “Quand j’ai été élu en octobre 2017, ma première décision a été de multiplier par trois le budget de la voirie”, assure le maire, avant de préciser : “Le budget de la voirie concerne à la fois les automobiles, mais aussi la réfection des trottoirs, l’abaissement des trottoirs, ou encore l’enlèvement des véhicules à l’angle des carrefours pour une meilleure visibilité des piétons et des vélos.”
De son côté, Emmanuel Denis, candidat à la tête de la liste de l’union de la gauche et des écologistes, souhaite repenser tout le plan de déplacement de la ville s’il est élu. “On a un plan de déplacement urbain à revoir”, constate-t-il. “Cela peut être l’occasion de le voir avec la deuxième ligne de tramway, pour travailler toutes les circulations et apaiser les conflits entre piétons et vélos, entre vélos et automobiles… Pour retrouver une ville plus douce et apaisée”
On a environ dix ans de retard sur les mobilités douces. On en parle souvent avec les vélos, mais c’est la même chose avec les piétons.
Le piéton semble être encore trop souvent le grand oublié des politiques publiques de mobilité. Avec son collectif Tous Piétons, Anne Courgeon espère changer la donne. Une première réunion publique aura lieu le jeudi 25 juin, trois jours avant le deuxième tour des municipales.