Comme dans d'autres villes, les livreurs Deliveroo de Tours se mobilisent pour dénoncer la nouvelle grille de rémunération. Depuis le 29 juillet dernier, il y a désormais des petites courses à moins de 3 euros alors qu'auparavant, il y avait un minimum garanti pour chaque course, de 4,20 euros.
De l'esclavage moderne pour certains, la possibilité d'accéder librement et très rapidement à un emploi pour d'autres, la profession de livreur à vélo via l'application de repas ne laisse personne indifférent. Mais le dernier ajustement tarifaire mis en oeuvre par l'entreprise britannique fin juillet ne va sans doute pas faire changer d'avis les plus sceptiques. Finie la "petite" course à 4,20 euros. Désormais les cyclistes vont devoir pédaler pour 3 euros.
Après
— Jérôme PIMOT (@Eldjai) July 30, 2019
- la rémunération à L'HEURE en 2015/2016
- le paiement à la COURSE en 2017
- la tarification à la DISTANCE en 2018
En 2019 @Deliveroo_FR payera selon LA DURÈE
Surement la méthode la plus dangereuse qui soit.
Chrono = Chiffre d'affaire = ??☠️@Elisabeth_Borne, bonsoir... pic.twitter.com/NAseaTRJdX
Les coursiers se rebiffent
Concrètement pour certains qui travaillent à "plein temps" comme indépendants, cela pourrait représenter une perte mensuelle de 500 euros. Par exemple, un livreur qui parcourt 100 km par jour et qui travaille plus de 50h par semaine voit son salaire mensuel tomber à 1600 euros. De son côté, la direction de Deliveroo, dont Amazon est devenu actionnaire en mai dernier, aurait décidé de réduire la rémunération proposée pour les courtes distances afin mieux rémunérer les moyennes et longues distances qui sont plus demandées.Alors à Tours comme ailleurs en France, les coursiers ont décidé de se rebiffer. Sur la place Jean-Jaurès, une vingtaine de coursiers de Deliveroo se retrouvent depuis fin juillet chaque soir. Jeudi 1er août, ils ont même bloqué le fast-food Burger King. L'enseigne américaine n'a pas pu livrer ses clients dans le secteur de Tours centre.
ALERTE PRESSE !!!
— CLAP (@_CLAP75) August 2, 2019
Gros rassemblement de prévu ce Samedi 3 août
La colère est à son comble chez les livreurs.
Au CLAP on n'a jamais vu ça.
On vous explique tout demain à "Répu" pic.twitter.com/uTis6HefvR
En Espagne, Deliveroo condamné pour fraude fiscale
Le champion britannique de la livraison de repas Deliveroo a été condamné le 23 juillet dernier par la justice espagnole pour ne pas avoir déclaré quelque 500 livreurs travaillant pour lui à Madrid, évitant ainsi de payer 1,2 million d'euros de cotisations à la Sécurité sociale. Le tribunal "condamne" la société car les travailleurs présentés comme indépendants étaient en fait "soumis à une relation de travail" avec Deliveroo, peut-on lire dans le jugement. Deliveroo a toujours affirmé que ces livreurs, qui sillonnent les rues à vélo chargés de grands sacs à dos verts pour livrer des plats de restaurants chez les particuliers, travaillaient en indépendants, avec la possibilité de choisir librement leurs horaires et le nombre d'heures qu'ils souhaitaient effectuer.Mais pour le juge, "l'essentiel est que, une fois la commande acceptée, (le livreur) devait l'honorer en suivant les instructions détaillées déterminées par l'entreprise, sans marge appréciable d'autonomie du travailleur". Deliveroo envoyait par exemple des livreurs plus expérimentés accompagner les novices dans leur première tournée pour "enseigner la mécanique du service", souligne le magistrat. La plainte avait été déposée par la trésorerie de la Sécurité sociale, qui réclame 1,2 million d'euros de cotisations non payées à Deliveroo.
Elle se basait sur un rapport de l'inspection du travail estimant que les quelque 500 livreurs de Deliveroo opérant à Madrid entre octobre 2015 et juin 2017 étaient des salariés qui auraient dû être déclarés. La décision est susceptible d'appel. Fin juin, Deliveroo avait déjà été condamné dans un procès similaire concernant 97 livreurs, à Valence (sud-est). Deux autres procès du même type, impulsés par des plaintes de la Sécurité sociale, doivent avoir en 2019 à Barcelone et Saragosse. L'activité des sociétés de livraison comme Deliveroo ou son homologue local Glovo - basé à Barcelone - suscite régulièrement la polémique en Espagne, où de nombreux litiges ont été portés devant la justice. Le statut d'indépendant des coursiers de Deliveroo et de ses concurrents suscite des critiques dans de nombreux pays, et plusieurs décisions de justice ont donné raison aux livreurs face à la plateforme.