À la maternité Olympe de Gouges du CHRU de Tours, 3500 enfants voient le jour chaque année. Mais comment se déroule une naissance en période de crise sanitaire? Nombre de futures mamans s'en inquiètent, mais tout est organisé pour limiter l'impact de l'épidémie lors de l'accouchement et du séjour.
Port du masque, gestes-barrière, visites... à la maternité du Centre Hospitalier de Tours comme ailleurs, il a bien fallu prendre des mesures pour protéger les patientes et le personnel soignant.
La venue au monde d'un enfant est -généralement- un moment si précieux et si intense que les futures mamans peuvent redouter que la crise sanitaire ne casse la magie, redouter l'isolement et les contraintes.
D'emblée, Sophie Pomès, sage-femme chargée d'encadrement au CHRU de Tours, se veut rassurante :
"Bien sûr, nous avons dû limiter les visites et les flux au sein de l'établissement. Mais ce qui nous tient particulièrement à coeur, c'est la présence du conjoint, tout au long du travail et de l'accouchement. C'est primordial pour nous, mais, par contre, les autres visites ne sont plus possibles à la maternité. C'est pour la fratrie que c'est un peu compliqué, pour les femmes qui ont déjà des enfants. Le nouveau-né ne peut recevoir la visite de ses frères et soeurs."
Déjà mère d'une petite Eléa, presque 3 ans, Johanna Aumis a donné naissance à Adam, le 18 février dernier, à la maternité Olympe de Gouges :
"Son père a pu être présent, c'est vraiment bien parce qu'on avait un peu peur qu'il ne puisse pas rester. Lorsqu'on est arrivés aux urgences maternité, il a dû attendre dehors, le temps que l'on me trouve une place, mais après il était là, pendant tout le travail et l'accouchement. On nous a demandé s'il souhaitait rester manger et dormir à la maternité, il y avait cette possibilité. Lorsqu'on est montés en chambre, on a pris le petit-déjeuner ensemble. Et il n'y a plus que des chambres individuelles, ça c'est un avantage de l'épidémie!"
Sophie Pomès confirme que la présence de l'accompagnant (choisi par la patiente, ce n'est pas nécessairement le conjoint) est autorisée aussi pendant la durée du séjour qui suit l'accouchement. À condition de respecter une charte de l'accompagnant, qui vise notamment à limiter les allées et venues dans l'établissement.
Visites interdites, sortie précoce autorisée
Pour ce qui est des autres visites, Johanna reconnaît que c'est difficile pour la fratrie :
"Eléa n'a pas pu venir rencontrer son petit frère à la maternité. Heureusement, on vit au XXIème siècle, elle l'a vu en visio, en vidéo, en photo. Je ne pense pas qu'elle l'ait trop mal vécu, elle était entourée de la famille et son papa était là le soir et le matin."
D'un autre côté, Adam est né à 4 heures du matin, alors l'absence de visites a plutôt été bénéfique pour Johanna :
"On n'a pas dormi de la nuit, alors le fait qu'on n'ait pas de visite m'a permis de bien me reposer ! Pour ma fille, on avait des visites tous les après-midi, c'est souvent là que le bébé dort et on ne peut pas se reposer..."
Les visites sont interdites, mais pour écourter cet inconvénient, la maternité a autorisé, en parallèle, les retours précoces à la maison :
"Nous avons beaucoup travaillé avec les professionnels de ville pour permettre aux patientes qui peuvent en bénéficier de sortir 24 heures plus tôt qu'en séjour normal, c'est-à-dire au bout de 2 à 3 jours. Evidemment, c'est en l'absence de complications et sous réserve, aussi, que la maman soit accompagnée par une sage-femme libérale. Ce qui permet un retour à domicile assez tôt, dans des conditions de sécurité satisfaisantes. Ceci est proposé même en cas de césarienne, avec un séjour de 3 jours au lieu de 4."
Masque et accouchement, forcément incompatibles ?
Le port du masque pendant l'accouchement est l'un des sujets qui inquiètent le plus les femmes enceintes. Comment trouver sa respiration dans ces conditions?
Peut-être faut-il commencer par rappeler que "le port du masque chez la femme qui accouche est souhaitable en présence des soignants mais qu’il ne peut en aucun cas être rendu obligatoire." (Ministère des Solidarités et de la Santé, 9 novembre 2020).
"Si une femme ne supporte pas son masque pendant l'accouchement, nous n'allons bien sûr pas la contraindre, reprend la sage-femme Sophie Pomès. En deuxième recours, nous avons un équipement de protection supplémentaire, masque FFP2 et lunettes, notamment. Mais le plus souvent, pendant l'accouchement, les femmes ne s'en rendent même plus compte; au moment de la poussée, elles oublient leur masque."
"Oui il faut si possible garder le masque, dit Johanna, mais je n'ai pas trouvé cela très dérangeant. Dès qu'on est entre nous, on l'enlève, il faut juste le garder à portée de soi pour le remettre quand des soignants entrent dans la chambre."
Au final, cet accouchement "en temps de pandémie" ne lui a pas semblé bien différent :
"J'étais déjà à Olympe de Gouges, avant la pandémie, pour la naissance d'Elea, se souvient Johanna. Il n'y a pas une grande différence, à part peut-être pour les visites. La prise en charge est la même, l'équipe est chaleureuse et disponible, elle fait son travail comme en temps normal. Tout s'est très bien passé. Je ne suis pas sortie en avance car ça aurait été un samedi et je n'ai pas trouvé de sage-femme pour le dimanche. Mais depuis le retour à la maison, tout va pour le mieux, Eléa est complètement gaga de son petit frère, c'est très mignon!"