En 37 éditions, la convention du disque et de la BD de Tours est devenue un rendez-vous incontournable des collectionneurs et amateurs de vinyles et de CD. Dimanche 10 novembre, une cinquantaine d'exposants animait la salle polyvalente des Halles pour le plus grand bonheur des visiteurs.
"Queen, Amy Whinehouse, Elton John… C’est ce qui marche le mieux ! Mais Johnny Halliday, c’est celui que je vends à coup sûr." À 47 ans, Emmanuel Piet s’est reconverti dans la vente de vinyles d’occasions. Ce dimanche, il a installé son stand dans les Halles de Tours, aux côtés d’une cinquantaine d’exposants, professionnels ou particuliers.Visiteur fidèle depuis la toute première édition de la convention du disque et de la BD en 1984, Emmanuel est de l’autre côté des bacs de vinyles cette fois-ci. "C’est une foire qui attire énormément de monde chaque année avec un profil de visiteurs qui a rajeuni", souligne le Nantais.
Si l’événement rencontre du succès, c’est avant tout pour sa gratuité selon Pascal Robert, organisateur et président de Béton Production. "C’est tout de suite plus attractif pour les familles qui viennent aussi chercher des BD d’occasions", explique-t-il.
Cette année, la Fanzinothèque de Poitiers, lieu unique en France consacrée à l'archivage et la valorisation des fanzines, a été invitée aux côtés des exposants pour exposer ses sérigraphies.
L’organisateur de la bourse aux disques se réjouit de pouvoir rassembler les visiteurs quelle que soit la génération : "Il y a pas mal de cheveux blancs le matin qui recherchent la pièce manquante de leur collection ou juste la musique de leurs 20 ans. Après 13h, ce sont plutôt les jeunes, qui vouent un nouveau culte au vinyle, ou les curieux, tout simplement."
"Le vinyle ne s’est jamais démodé"
Renée, 44 ans, qui n’était jamais venue à la convention, a grandi en écoutant Radio Béton. "Ils ont fait toute ma culture musicale, c’est grâce à eux que j’écoute de la pop rock électro", affirme celle qui a dégoté trois vinyles. Un Pink Floyd, un Murray Head et un Alphaville, le tout pour "seulement 30 euros !"De son côté, Bruno, 48 ans et habitué du rendez-vous, repart avec trois disques du groupe Queen. "Depuis la sortie du film Bohemian Rhapsody, tout le monde s’arrache leurs disques... Alors en trouver plusieurs ici, c'est une chance !". Pour ce passionné de rock, c'est à la fois le coup de coeur pour la pochette et la recherche musicale qui l'animent dans ses recherches. "Le vinyle ne s’est jamais démodé", assure-t-il.
Le vinyle a beaucoup souffert de l'arrivée du CD dès la fin des années 1980. Mais elle revient au goût du jour chez les amoureux de musique. En témoigne l’ouverture d’un nouveau commerce dans le vieux Tours (voir encadré). "Aujourd’hui, on a un public tourangeau beaucoup plus jeune qui cherche de l’électro et du hip-hop", témoigne Anthony Legoff, qui expose ses bacs de vinyles pour la huitième année consécutive. "Ils veulent redécouvrir la techno des années 1990 avec les Daft Punk et Laurent Garnier en maxi 45 tours."
Pour le Nantais Emmanuel Piet, le défi de sa nouvelle activité de disquaire ambulant est de "s’adapter à la clientèle et rester généraliste". Ce collectionneur érudit se donne deux ans pour voir si son affaire est rentable. "Le seul moteur d’un disquaire, c’est la passion", affirme celui qui aime découvrir des artistes grâce à ses clients. "Je suis loin de connaître tous le répertoire musical existant, c'est ce qui fait la richesse de mon activité !"
Passe Passe Store : un nouveau disquaire à Tours
Disquaire ambulant depuis de nombreuses années, Anthony Legoff a décidé de poser ses valises au 4, rue des Trois Pavés Ronds. Le Tourangeau de 40 ans mise sur la vente de seconde main, avec 95 % de disques d’occasion dans les rayons de sa boutique Passe Passe Store. "J’ai senti qu’il y avait une demande de retour aux disques originaux de l’époque", motive-t-il.Dans sa boutique, Anthony joue des morceaux passés inaperçus à l’époque : "Ce titre, par exemple, ne sera jamais réédité", explique-t-il avec la pochette de The Sound of Kinshasa entre les mains. "Comme ça n’intéresse qu’une petite partie de mélomanes en France, les maisons de disque ne vont pas prendre le risque de le rééditer. C’est à nous, disquaires, de mettre en valeur ces petites perles rares."
Le neuf, il le laisse aux grandes chaînes de magasins. "Le vinyle devient un produit de surconsommation", regrette-t-il. "Les rayons de la Fnac sont blindés de vinyles, pourtant les ventes vont bien finir par stagner… Au bout d’un moment, les gens s’en lassent. Il s’aperçoivent que le vinyle c’est un peu chiant, il faut se lever pour retourner la face !"