Tours : le premier Living Lab de France va tester en conditions réelles des robots d'assistance à la personne

En plus des tests in situ dans les structures de soin, le MAME, le centre de création et d'innovation de Tours va accueillir deux centres de simulation. Le but : adapter concrètement les robots à leur future mission. 

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"Au niveau d'une direction, on peut imposer un robot. Mais si le professionnel de santé bloque, ça ne va pas fonctionner", certifie Isabelle Sabadotto. La Mutualité Française Centre-Val de Loire est partie de ce constat simple pour le lancement du tout premier "Living Lab" français, à Tours.

Ce programme de recherche, confié au département de sociologie de l'université de Tours, vise à étudier en conditions réelles comment pourraient interagir les personnels soignants et des robots d'assistance à la personne. 

L'initiative résonne avec le rapport rendu un an auparavant par Cédric Villani : "Donner un sens à l'intelligence artificielle - AI for humanity". Il identifie la santé comme l'un des quatre domaines de travail prioritaire, et vante les mérites d'un réseau interdisciplinaire. 
 

Un robot à l'hôpital 


"On va introduire dans les établissements des outils d'intelligence artificielle. On va travailler sur un robot avec reconnaissance faciale, qui va pouvoir interagir avec les résidents, et l'idée c'est de voir comment l'introduction de ce robot change les relations et les interactions au sein de l'établissement" explique la directrice de communication de la Mutualité Française, désormais coordinatrice du Living Lab. Deux structures de soin ont déjà accepté de participer au programme, dont l'EHPAD de Ballan-Miré (Indre-et-Loire). 

Pour les technologies qui ne sont pas encore au point, les tests se dérouleront dans deux centres de simulation hébergés au MAME, le centre de création et d'innovation de Tours. Des équipes d'une douzaine de personnes, composées de chercheurs, d'industriels, de start-up et de professionnels de santé vont finaliser ces nouvelles technologies médicales. 
 

A l'écoute des professionnels 


"Il faut que les personnels puissent dire quels sont leurs besoins spécifiques pour être accompagnés par ce type de robots", appuie le député Daniel Labaronne. Ancien enseignant-chercheur, il était présent pour le lancement du projet, le 25 mars.

"On va voir comment l'homme et la machine peuvent au mieux répondre aux attentes les uns des autres. C'est vraiment une recherche appliquée et ça c'est assez rare", salue-t-il.
 
Aucune pression du résultat : Isabelle Sabadotto et ses équipes ont identifié trois issues possibles. "Si on se dit que telle technologie ne convient pas, on partage les résultats avec l'industriel, et on arrête là. Si on se dit qu'il y a des possibilités mais qu'il faut adapter la technologie à nos besoins, l'industriel va retravailler sur un cahier des charges qu'on va lui communiquer. Et puis, si ce qu'on teste est parfait, on va développer des formations pour accompagner les équipes."
 

Assister ou évincer ? 


Mais, dans un secteur en tension, qui réclame régulièrement plus de personnel, "accompagner" serait-il le mot poli pour "remplacer" ? "A l'EHPAD de Ballan-Miré, certains nous ont dit : on a peur pour nos emplois. Mais on étudie ça, c'est au contraire une opportunité pour redonner plus de sens.  Par exemple, le résident a besoin de passer du temps avec un soignant, mais peut être que le robot peut faire le tour des chambres, prendre le linge sale, et l'amener à la laverie", défend la coordinatrice du Living Lab. 

D'autant que les robots pourraient aussi satisfaire à la demande croissante de maintien à domicile. "Le robot, par exemple, va reconnaître Marceline, illustre le député Labaronne. Il va lui poser des questions : comment tu vas ? Est ce que tu veux qu'on parle de tes films préférés ? On pourrait reparler de Mort à Venise... Cela peut permettre aux équipes médicales de détecter une perte de mémoire. Il peut aussi vérifier si Marceline n'est pas tombée de son lit ou lui apporter son médicament."

Les premiers tests en situation réelle devraient débuter en mai. 
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