Dans le Chinonais, près d’un actif sur deux ne peut s’installer dans le secteur où il travaille, faute de trouver un logement. La communauté de communes a développé des dispositifs pour aider les particuliers à retaper leurs futures maisons, et a lancé une campagne nationale pour attirer des investisseurs.
L’une des difficultés majeures, en zone rurale, c’est généralement de savoir comment attirer de nouveaux résidents. Dans le Chinonais, c’est l'inverse : ici, le territoire est riche en emplois mais 45 % des actifs ne peuvent y résider, faute de logements disponibles. Un phénomène qui limite le développement de ce territoire pourtant proche du plein emploi grâce à de gros pourvoyeurs comme la centrale nucléaire d’Avoine, les Jardins de Rabelais ou encore la base logistique U.
Pour mieux comprendre ce phénomène, la communauté Chinon Vienne et Loire, qui regroupe 19 communes, a réalisé une étude au cours de l’été dernier. "Nous voulions identifier les freins qui pèsent sur le marché immobilier et les leviers d’action que nous pourrions mobiliser", explique Jean-Luc Dupont, le maire de Chinon et président de la communauté de communes.
Des prix sous la moyenne du département
Résultat de cette étude : il manquerait sur ce territoire près de 2 000 logements à acheter ou à louer pour faire face à la demande. Sur le marché de la propriété, bien que les prix se montrent très attractifs (environ 1 500 euros le mètre carré contre une moyenne de plus de 2 000 euros dans le département d’Indre-et-Loire) les opérations d’aménagement sont insuffisantes pour répondre aux attentes des propriétaires potentiels.
Le marché locatif n’est pas mieux pourvu et reste également en forte tension, notamment pour les petites surfaces.
Les investisseurs ne s'intéressent pas assez aux territoires ruraux !
Monique Chayé - directrice du pôle Attractivité - Communauté de communes Chinon Vienne et Loire
"Le Chinonais reste trop méconnu, se désole Monique Chayé, la directrice du pôle Attractivité de la communauté de communes. Par principe les investisseurs ne s’intéressent pas aux territoires ruraux tels que le nôtre et préfèrent miser sur les grosses métropoles. Ils n’imaginent pas qu’il existe ici toute une population d’actifs prête à s’installer, à condition qu’ils puissent trouver un logement adapté. C’est dommage parce que le potentiel est bel et bien là ! "
L’un des leviers que met en œuvre la collectivité pour stimuler d’éventuels investisseurs consiste à faciliter le déblocage des aides permettant de mener à bien les travaux de réhabilitation dans le parc ancien. Le centre historique de Chinon regorge en effet de bâtiments plus ou moins délabrés et qui ne demandent qu’à retrouver une deuxième jeunesse.
Le plan national Action Cœur de Ville est l’un outil permettant d’y parvenir. Ce dispositif – dont Chinon est la plus petite des 234 commune françaises à bénéficier - permet de financer jusqu’à hauteur de 40 % les travaux de réhabilitation. Un coup de pouce précieux lorsqu’il s’agit de décider des investisseurs potentiels.
C’est précisément ce dispositif qui a décidé Alain Audren à passer à l’acte. Cet ancien ingénieur à la retraite a eu le coup de cœur pour la cité et pour un magnifique logis du 15e siècle bordant l’une des ruelles de la vielle ville, pourtant en piteux état. "Des arbres poussaient dans la cour et le lierre avait envahi les murs jusqu’au toit se souvient-il. Notre idée de départ n’était pas de faire du locatif. Sans les aides, jamais nous n’aurions entrepris les travaux pour réhabiliter les 4 logements que nous allons mettre à la location à côté du nôtre." Coût de l’opération : plus de 400 000 € consacrés aux travaux, pris en charge pour près de la moitié par un ensemble d’aides.
Le soutien mise en œuvre par la communauté de communes ne se résume pas à un apport financier. Des équipes de conseillers ont ainsi été constituées pour accompagner les porteurs de projets et les aider, par exemple, à procéder aux études préalables.
Un retour sur investissement "garanti"
Pour développer son offre de logements, la collectivité mise également sur le neuf. Et pour y parvenir, elle a récemment lancé une campagne nationale. Objectif : séduire les opérateurs privés pour qu’ils déclenchent des chantiers de type pavillonnaire sur le territoire chinonais.
Denis Fouché, le vice-président chargé de l’aménagement et de l’habitat à la communauté de communes se veut optimiste. Pour les convaincre, il s’appuie sur la zone pavillonnaire qu’il a créée à Cinais, la commune dont il est maire. "En deux ans, presque tous les terrains ont été vendus et construits. C’est bien la preuve que le retour sur investissement est garanti !" lance-t-il non sans fierté.