Ce 5 octobre, la cour de révision doit décider si l'affaire Mis et Thiennot doit être rejugée devant la cour de cassation. Mais le nombre de cas effectivement révisés par la Justice n'incite pas à l'optimisme.
Ils s'appellent Patrick Dills, Marc Machin ou Farid El Haïry. En leur temps, chacun d'entre eux ont marqué l'actualité. Ils font en effet partie des 12 personnes réhabilitées par la Justice depuis 1945 après avoir été condamnés. Ces procès en révisions, rarissimes sous la 5e République, ont permis à chacun de ces condamnés de voir leur casier judiciaire vierge des faits qui leur ont été imputés.
Ce 5 octobre, c'est pourtant ce qu'espèrent les membres du comité de soutien Mis-et-Thiennot, convaincus de l'innocence des deux hommes condamnés aux travaux forcés pour le meutre d'un garde-chasse. La requête en revision se fonde, en particulier, sur le fait que les aveux des deux condamnés leur ont été arrachés sous la torture.
Le cas Patrick Dils
Condamné à perpétuité en 1989 pour le meurtre de deux enfants à Montigny-lès-Metz, Patrick Dils n'est finalement innocenté que 13 ans plus tard. Trois passages devant la cour de révision lui permettront d’obtenir une réhabilitation.
À sa sortie de prison, Patrick Dils a 31 ans, dont la moitié de son existence passé derrière les barreaux. En 2002, il publie une autobiographie, Je voulais juste rentrer chez moi, adaptée en téléfilm en 2017. Cette année-là, il publie un deuxième livre, Il ne me manque qu'une chose.
Marc Machin, une révision controversée
Né en 1982 à Paris, Marc Machin est un marginal lorsqu'il est condamné pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot en 2001. Il sort de prison dès 2008, puis est réhabilité en 2012, mais ses déboires avec la justice ne s'arrêtent pas là.
Dans les années qui suivent, il est mêlé à des affaires de vol et de violences. Il est condamné pour violences conjugales en 2017, puis accusé de viol l'année suivante. Confondu par la vidéo-surveillance et son ADN, il avoue et est condamné en 2021 à 16 ans de réclusion criminelle pour viol avec arme.
Le dernier en date : Farid El Haïry
Il est le dernier condamné à avoir profité d'une décision favorable de la cour de révision, 23 ans après les faits qui lui étaient reprochés. En 1998, Farid El Haïry est accusé de viol et d'agression sexuelle sur une lycéenne de 15 ans. Il est condamné en 2003 à cinq ans d'emprisonnement.
En octobre 2017, c'est la victime présumée elle-même qui écrit au procureur de la République de Douai. Elle admet alors avoir inventé les faits, "coincée dans l'emprise" d'un "secret familial". En décembre 2022, la cour de révision annule la condamnation de 2003.
D'autres, comme Omar Raddad, Dany Leprince ou Gaston Dominici ont également tenté d'obtenir une révision de leur procès. En vain. Cette décision est en effet rarissime sous la 5e République. Dans le cas de Mis et Thiennot, il s'agit de la septième requête déposée par les soutiens des deux hommes, décédés respectivement en 2009 et 2003.
Avec Florent Motey.