Le 29 décembre 1946, le corps sans vie d’un garde-chasse est retrouvé criblé de balle près d’un étang de Saint-Michel-en-Brenne (Indre). Un groupe de chasseurs dont Raymond Mis et Gabriel Thiennot est très vite interpellé.
Notre série de vidéos "Scène de Crime" disponible sur France.tv vous propose de revenir sur les affaires criminelles les plus marquantes de ces dernières années en région Centre-Val de Loire.
Aujourd’hui, retour sur une affaire qui renferme une possible erreur judiciaire : l’affaire Mis et Thiennot.
Qui a tué le garde-chasse ?
La scène de ce crime se déroule près d’un étang de la Brenne. En cette fin du mois de décembre 1946, le corps de Louis Boitard est retrouvé criblé de quatre balles. L’homme est un garde-chasse qui travaille pour la propriété de la célèbre et richissime famille Lebaudy. Une famille d’industriels qui possède le château du Blizon, et un domaine qui s’étend sur 2800 hectares.
"Immédiatement les soupçons vont se porter sur un groupe d’une dizaine de chasseurs qui étaient dans le secteur ce dimanche-là. Ils vont être appréhendés très rapidement" raconte Léandre Boizeau, président d'honneur du comité de soutien Mis et Thiennot.
Des aveux sous la torture
Parmi les suspects : Raymond Mis, le fils d’un ouvrier polonais et Gabriel Thiennot, dont le père est un ancien métayer des Lebaudy. Avec les autres chasseurs, ils sont interrogés par la police durant huit jours et huit nuits à la mairie de Mézières-en-Brenne, à une époque où la garde-à-vue n’est pas encore encadrée par la loi. Tous les témoignages de l’époque parlent alors d’interrogatoires qui virent à la séance de torture.
Il y a eu des côtes cassées, des molaires arrachées, toutes les phalanges éclatées.
Léandre Boizeau
Raymond Mis et Gabriel Thiennot passent aux aveux, des aveux qu’ils renieront dès leur arrivée en détention. Trois procès auront lieu, mais les deux hommes qui clament leur innocence seront à chaque fois condamnés.
Sous la pression populaire, le président René Coty accorde même sa grâce à Mis et Thiennot dans les années 50. Les deux hommes sont libérés en 1954.
Vers la réhabilitation de Mis et Thiennot ?
Dans les années 80, Léandre Boizeau monte un comité de soutien pour la reconnaissance de l’innocence de Raymond Mis et de Gabriel Thiennot.
Six demandes de révision du procès ont été déposées depuis, sans jamais aboutir. Les deux hommes sont aujourd’hui décédés, mais une récente modification de la loi pourrait leur permettre d’être innocentés à titre posthume. Ce sera alors peut-être la fin d’un combat judiciaire qui dure depuis 75 ans.
Les dates clés de l’affaire
- 29 décembre 1946 : disparition du garde-chasse Louis Boitard
- 8 janvier 1947 : Mis et Thiennot « avouent » sous la torture
- 24 juin 1947 : Mis et Thiennot condamnés à 15 ans de travaux forcés
- 1954 : René Coty leur accorde la grâce présidentielle
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