La maire du Blanc, Annick Gombert, a pris un arrêté interdisant l’usage des pesticides près des habitations. Le maire d’Argenton-sur-Creuse, qui avait entrepris la même démarche, est lui sur le point d’annuler le sien.
Après Argenton-sur-Creuse (Indre) et Ingré (Loiret), la ville du Blanc est la seconde commune de l’Indre et la troisième en Centre-Val de Loire à prendre cette mesure symbolique.
L’arrêté pris par la maire socialiste du Blanc Annick Gombert le 7 octobre, proscrit l’épandage de produits-phytosanitaires à moins de 150 mètre des habitations. Il intervient en pleine journée de mobilisation des agriculteurs qui protestent contre le dénigrement (agribashing) dont ils estiment être victimes.
"Je sais qu’ils sont en grande difficulté, qu’ils ont un métier difficile et qui est indispensable. J’admire le travail qu’ils font mais ils sont totalement dépendants de l’agrochimie et il faut les aider à s’en sortir. En aucun cas il n’est de mon intention de les mettre sur la sellette, c’est tout le contraire." se défend Annick Gombert, qui plaide pour la protection de la population mais aussi pour celle des agriculteurs eux-mêmes.
"Les agriculteurs sont les premiers touchés par les dégâts causés par les produits phytosanitaires et en tant que maire et médecin de formation, je suis particulièrement sensible à tous les problèmes de santé".
Pour la maire du Blanc, il s’agit de faire nombre en rejoignant le mouvement initié par un maire d’Ille-et-Vilaine et suivi depuis, par des centaines de maires en France.
"Mon souhait, c’est d’interpeller l’Etat et l’Europe sur la nécessité absolue de trouver des solutions pour aider les agriculteurs à aller vers une conversion bio ou à y rester".
La préfecture de l'Indre met en garde le maire d'Argenton-sur-Creuse
Annick Gombert sait pertinemment que son arrêté est illégal et a de grandes chances d’être annulé. L’autorisation de l’usage des produits phytosanitaires n’étant pas de la compétence des communes mais relevant exclusivement de l’Etat.
Vincent Millan, le maire socialiste d’Argenton-sur-Creuse, était également conscient de ce risque lorsqu'il a pris son arrêté anti-pesticides le 16 septembre dernier. Huit jours plus tard, le 24 septembre, la préfecture lui a d’ailleurs adressé une lettre de mise en garde.
"J’avais informé le préfet que je prendrais cet arrêté. De son côté il m’avait prévenu qu’il m’écrirait pour me signifier son illégalité. Les choses se passent donc comme prévu." explique le premier magistrat d’Argenton.
Vincent Millan est donc sur le point de prendre un nouvel arrêté annulant le premier.
"Il n’est pas question d’aller dans une procédure judiciaire qui engendrerait des coûts pour la commune. Les premiers l’ont fait, ils ont été déboutés. La jurisprudence va dans le même sens donc cela ne servirait à rien".
"L’objectif, je le dis et le répète, c’est de faire nombre devant le gouvernement pour qu’il se rende compte que beaucoup de communes sont sensibilisées sur ce sujet-là et qu’il avance sur le dossier. Il faut qu’il se rende compte qu’il ne fallait pas repousser l’interdiction du glyphosate de trois ans".