Ils interdisent les moustiques ou les ovnis : pourquoi les maires prennent-ils des arrêtés municipaux absurdes ?

Arrêté viagra, arrêté anti-pipi, anti-moustique... Depuis 1954, la tradition des arrêtés municipaux insolites se poursuit. Qu'est-ce qui pousse les maires à détourner l'usage de ce document officiel ?

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C'est peut-être l'ancêtre de ces arrêtés municipaux insolites qui font les friandises de la presse et du public : en 1954, Châteauneuf-du-Pape interdit les ovnis.  "A l'époque, on parlait beaucoup d'extra-terrestres et d'ovni, c'était à la mode. Des histoires formidables circulaient. Mon père a eu l'idée de s'en servir pour faire de la publicité à Châteauneuf" explique le fils de l'ancien maire Lucien Lejeune. Le maire actuel, Claude Avril, n'envisage pas de le supprimer.

Car à part le coup de projecteur, ce texte, rendu caduque par la réalité, ne peut pas entraîner grand-chose. L'arrêté, décision administrative unilatérale et à effet immédiat, est en effet circonscrit à la commune. Il appartient au maire de juger du sérieux avec lequel il veut le faire appliquer, s'il n'est pas rejeté par la préfecture. Mais même sans pouvoir être appliqués, ces documents permettent souvent aux élus de prendre parti sur un sujet de société. 
 

L'arrêté, le coup de gueule du maire


Dernier en date : le 16 septembre, le maire de Prudemanche (Eure-Loir) interdit à ses administrés d'uriner à moins de 5 mètres d'un champ. "Dénoncer quelques vérités" avec un peu d’humour, voilà le but de l'édile, agriculteur de profession, qui répond à des arrêtés anti-pesticides pris dans plusieurs villes de France. "Ces arrêtés sont complètement idiots et ridicules car ils condamnent l’agriculture dans bien des régions. (...) La pollution n’est pas ciblée à un endroit. Nous avons dans notre organisme tout un tas de composants chimiques qui sont interdits en agriculture donc considérés comme dangereux", a détaillé Alain Massot. 
 
Même visée pour le maire de Sainte-Geneviève-des-Bois dans le Loiret. En avril 2019, ce dernier a pris un arrêté municipal interdisant aux habitants de la commune de tomber malades. Un acte symbolique pour dénoncer le manque de médecin dans sa communauté de communes.
Marc Ducom, maire d'Ychoux dans les Landes, a lui aussi pris le même type d'arrêté en octobre 2018. A l'époque, les deux médecins de la commune s'approchent de la retraite, et aucun candidat ne se déclare. Marc Ducom veut alerter sur la désertfication médicale, qui place de plus en plus de communes rurales dans cette situation difficile. "Mais où est-ce qu'on va se faire soigner quand on aura plus de médecin ? Peut-être en traversant la rue, comme dit un certain Président ?" ironisait-il. 
 
Le maire de Laigneville, dans l'Oise, lui, avait déjà voulu attirer l'attention sur cette pénurie de médecins en mai 2017, dans un arrêté où il interdisait à ses administrés de mourir à domicile. "Je réponds à l’absurde par l’absurde, avait-il justifié auprès de France 3 Hauts-de-France. Ce matin, nous avons eu un décès dans la commune, et nous avons mis 6 heures à obtenir un certificat de décès car aucun médecin n'était disponible."
 


"La plupart des habitants ont rigolé" 


Mais ces arrêtés loufoques n'ont pas toujours une visée aussi sérieuse ou alarmiste. Les maires s'en servent aussi pour désamorcer avec humour certaines situations, ou simplement plaisanter avec les habitants de leur commune.

C'est comme ça que la ville de Briollay, dans le Maine-et-Loire, s'est retrouvée en juillet 2018 avec un arrêté interdisant les moustiques sur son territoire. Après de fortes crues en juin, la recrudescence des bestioles agacent les administrés. Ils s'en plaignent au maire, qui cherchent un moyen de leur faire comprendre que ses pouvoirs en la matière sont limités. "La plupart des habitants ont rigolé" assurait-il alors

En mai 2019, un maire du Loiret prend un arrêté viagra... Le maire de Montereau souhaite distribuer des pilules bleues pour inciter ses administrés à avoir des enfants et ainsi sauver l'école du village menacée de fermeture !

 
Même combat pour le maire de Challans en Vendée, qui le 14 février 2018 décide d'entrer dans la bataille pour ses administrés et publie un arrêté "portant obligation d'ensoleillement". En clair, suite à la déprime de ses habitants provoquée par une pluie incessante, le document intime l'ordre au soleil "de se présenter tous les matins du lundi au dimanche dans la ville de Challans​ et par extension à tout le département de Vendée".  Plus récemment, mais toujours en Vendée, le maire d'Essarts-en-Bocage a profité de la première édition du festival Ville en joie pour apporter sa contribution à l'ambiance du village. Du 5 au 11 octobre prochain, tous les habitants auront donc l'obligaiton "d'être en joie" et même de refuser l'entrée de la commune à toute "personne qui pourrait faire barrage à l'expression de cette émotion."
 
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