Le 15 janvier, les députés britanniques ont rejeté à une large majorité l'accord de sortie négocié avec l'Union Européenne. Les citoyens du Royaume-Uni immigrés en France sont inquiets. Rencontre avec le couple Clark.
C'est non. Ce 15 janvier, les députés du Royaume-Uni ont rejeté, par 432 voix contre 202, l'accord de Brexit négocié entre l'Union Européenne et la Première ministre conservatrice Theresa May. Une claque dont l'impact a été ressentie jusque dans l'Indre.
Christine et Richard Clarke vivent depuis 15 ans à Prissac, près de Châteauroux. Comme eux, huit familles d'immigrés anglais vivent dans ce village. Hier, pendant les négociations, le couple Clarke ne quittait pas sa télé des yeux.
"Le choix est d’accepter la résolution de Theresa May ou rien, et rien, c’est la catastrophe pour l’Angleterre. Mais ils sont sourds, ils n’écoutent pas", s'inquiète Christine Clarke.
Le fantôme du no deal
A l'approche de la date butoir du Brexit, le 29 mars, la décision des députés britanniques replonge toute l'Union Européenne dans le flou. "Jamais le risque d’un no deal n’a paru aussi élevé", a prévenu Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE pour le Brexit. Le no deal, c'est le Brexit sec, aucun accord en vigueur maintenu. En somme, pour reprendre l'avis très partage de Christine Clarke : la catastrophe.
A Prissac, le couple Clarke pense d'abord au remboursement de leurs soins et à la pension de Richard, ancien militaire. "Si c’est trop difficile pour les affaires médicales, la santé, il faudra retourner en Angleterre", estime Christine.
"Les gens qui habitent en Australie, leurs retraites étaient versées par le gouvernement, mais ils n’avaient pas l’augmentation chaque année. Peut-être que, si on n’est pas dans l’Europe, ce sera la même chose pour nous", s'inquiète son époux de son côté.
Retour de la frontière, des douanes, des taxes à l'import-export, augmentation des prix... Les conséquences d'un Brexit no deal sont nombreuses, et plutôt inquiétantes. Mais ce scénario noir ne reste qu'une possibilité.
La porte est toujours ouverte
"Nous avons encore le temps de négocier, mais nous attendons maintenant ce que la Première ministre propose", a temporisé la chancelière allemande, Angela Merkel, à l'issue du vote au Royaume-Uni. Theresa May dispose de trois jours pour présenter un "plan B" qu'il sera ensuite possible d'amender.
Comme Angela Merkel, les marché financiers - parfois faciles à faire frissonner - n'ont pas vacillé à l'annonce du rejet. "De plus en plus d’investisseurs semblent parier sur l’annulation du Brexit ou au moins sur une sortie de l’Union européenne très douce" écrit le journal Le Monde : la livre sterling a même légèrement augmenté hier.
L'annulation, c'est ce qu'a semblé suggérer Donald Tusk, président du conseil européen, dans un tweet : "Si un accord est impossible, et que personne ne veut un "no deal", qui aura enfin le courage de dire quelle est la seule issue positive ?"
If a deal is impossible, and no one wants no deal, then who will finally have the courage to say what the only positive solution is?
— Donald Tusk (@eucopresident) 15 janvier 2019
Dans l'Indre, les Clarke resteront en tout cas spectateurs de ce feuilleton européen, qui pourtant les concerne au plus près. Même en cas de nouveau référendum, le couple ne pourrait pas participer, comme tous ceux qui ont émigré il y a plus de 15 ans. Richard et Christine se préparent à toutes les éventualités : ils ont déjà constitué le dossier pour leur demande de carte de séjour.
Notre reportage dans l'Indre
Propos recueillis par Catherine Lacroix.