Brexit. Les pêcheurs normands et anglo-normands réclament le droit de pouvoir s'entendre

Quatre ans après le Brexit, des pêcheurs français et jersiais manifesté ensemble, jeudi 17 octobre, dénonçant les lenteurs administratives causées par un dialogue peu fluide entre leurs autorités. Ils revendiquent le droit de négocier localement leurs règles de pêche.

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Quatre années après le Brexit, les pêcheurs du golfe normano-breton, dans la Manche, souffrent des pesanteurs administratives et du dialogue peu fluide entre la France et le Royaume-Uni au sujet des zones et des quotas de pêche.

La colère monte aussi bien dans le Cotentin que dans les îles anglo-normandes. Des pêcheurs français et jersiais se sont retrouvés pour manifester ensemble, jeudi 17 octobre, en terrain presque neutre, dans l'archipel des Minquiers, au cœur de leur zone de pêche.

"Les pêcheurs sont confrontés à une érosion continue de leurs droits et de leur accès aux zones de pêche", avance le Comité régional des pêches de Normandie. "Avant le Brexit, les Normands disposaient de 152 permis d’accès" pour leurs bateaux. "Aujourd’hui, ce chiffre a chuté de 47%, ne laissant que 81 accès normands", détaille l'organisation.

Lenteurs de l'administration

Le traité de la baie de Granville, qui régissait depuis 2000 le droit de pêche autour des îles anglo-normandes, a été rendu caduc en 2020 par les accords sur le Brexit. Il permettait le partage des zones de pêche dans ce secteur maritime appartenant à l'île de Jersey, territoire autonome sous l'autorité de la couronne britannique.

Depuis 2020, la relation entre les pêcheurs normands et jersiais doit être renégociée intégralement. Et les pêcheurs des deux nations jugent ce processus trop long. "Jersey fait remonter les négociations à Londres, qui appelle Bruxelles, qui demande à Paris ce qu'il en pense. Paris répond et invite Jersey à la table. Tout ça est d'une grande lenteur avec une perte d'information et d'énergie absolument ahurissante", décrit Marc Delahaye, le directeur du Comité régional des pêches.

Jersey disposant d'un statut de territoire autonome, avec son propre gouvernement, Paris et Bruxelles s'en tiennent à des relations diplomatiques directes avec ses autorités, comme auprès d'un pays tiers. En raison de l'autorité du monarque britannique sur le territoire, Londres est aussi conviée à la table. "Pour des problématiques aussi précises, avec autant de précision technique, il faut qu'on revienne à un processus au niveau régional", argue pourtant Marc Delahaye.

Faute de règles constantes assurant le droit de pêche, "les politiques environnementalistes et tous les autres usages passent devant, regrette Eric Leguelinel, pêcheur et vice-président du Comité des pêches. Il dénonce les contraintes posées à son métier par les projets éoliens offshore et les règles de protection environnementales. "On n'a plus du tout la main sur notre destin, ça cause une perte monumentale", avance-t-il.

Négociations à refaire

Du côté des Jersiais, la colère gronde tout autant. Avant le Brexit, l'accès des pêcheurs français aux eaux territoriales de Jersey se faisait moyennant la possibilité, pour les Jersiais, de venir vendre en France. 70% des prises de leurs bateaux étaient ainsi vendues à la criée de Granville (Manche). "Sans le marché français, il n'y a pas de pêche à Jersey", explique Andy Hibbs, pêcheur jersiais depuis 37 ans. Il ajoute : "On peut changer les règles, mais pas en faisant n'importe quoi. Jersey a besoin de la France, notre pêche est vendue en France, pas au Royaume-Uni".

Le Comité régional des pêches normand réclame donc la possibilité de négocier ses droits directement avec les autorités de Jersey, pointant du doigt "un défaut régulier d’expertise" de la part de l'administration française.

Outre le "droit à la parole et à l’échange direct" avec Jersey, les pêcheurs français revendiquent la création d'un point de débarquement de la marchandise à Granville, afin que leurs homologues jersiais puissent reprendre leurs livraisons dans l'Hexagone, ce qui consoliderait la confiance mutuelle en vue des négociations.

Plus de vingt ans après la signature du traité de la baie de Granville, la relation durable entre voisins reste à reconstruire.

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