Les pêcheurs normands, bretons et jersiais solidaires pour défendre leur métier face "au mépris de l'Etat"

Confrontés à des accès de plus en plus limités pour pratiquer leur activité et à des complexités administratives sans fin, les pêcheurs normands, bretons et jersiais ont décidé de se réunir entre eux ce jeudi 17 octobre 2024 sur l'île anglo-normande des Minquiers. Un moyen de faire front commun pour défendre leur métier.

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Leur exaspération s'amplifie de mois en mois. Plusieurs pêcheurs normands, jersiais et bretons vont se réunir ce mercredi sur l'île des Minquiers (Golfe breton normand) pour retrouver un droit de parole et défendre leur métier, devenu de plus en plus pénible au quotidien dans les eaux anglo-normandes.

L'administration, pour sa lenteur et ses complexités, est notamment dans le viseur des professionnels de la mer. 

"Les chalutiers ne sont plus autorisés à embarquer les matériels de pêche à la coquille et de pêche aux praires en même temps. On nous propose des réunions le 22 décembre, en pleine période où nous sommes à fond pour les fêtes de fin d'année. C'est n'importe quoi. Et puis, après, la tarification des licences d'accès des pêcheurs français dans les eaux de Jersey a vraiment mis le feu aux poudres" rappelle Julien Mouton, pêcheur de Gouville et élu au comité régional des pêches de Normandie. 

Comme lui, de nombreux pêcheurs estiment faire face à "un mépris des services de l'Etat, qui ne montrent aucune volonté de défendre la pêche artisanale française".

"Une complexité effarante" pour les pêcheurs jersiais

Face à cette colère qui monte, les professionnels du secteur veulent se montrer solidaires, dans la même galère en réunissant entre eux.

Car "au-delà des dialogues administratifs peu performants et des projets qui menacent leur activité, ils ne sont pas en guerre civile entre eux en mer" témoigne Marc Delahaye, directeur du comité régional des pêches de Normandie.

Mais depuis le Brexit, responsable de l'annulation du traité de Granville qui édictait les bases de la cohabitation dans les zones de pêches entre les pêcheurs de l'île de Jersey et les Normands, la pêche dans le secteur de Jersey s'apparente à un casse-tête. 

"Les pêcheurs de Jersey doivent remplir des déclarations de douanes très pointues, en renseignant des données très précises sur les poissons et zones de pêche, avec des contraintes horaires, précise Marc Delahaye. Le tout transite par Londres. C'est devenu d'une complexité effarante".

Seule lueur d'espoir à l'horizon : la création d'un point de débarquement homologué (SIVEP) à Granville pour permettre aux pêcheurs de Jersey de débarquer leurs pêches à Granville, comme c'était le cas historiquement. Le projet est dans les tuyaux depuis deux ans, "il y a eu des engagements de certains élus. Mais depuis, rien n'avance" déplore Julien Mouton.

"Une descente aux enfers"

Aujourd'hui, de nombreux professionnels du secteur se sentent désemparés. Certains vivent même des situations critiques.

On parle plus de gestions de crises que de plan d'avenir. Des collègues doivent faire des hypothèques sur leur maison. Ou font des demandes de soutiens psychologiques. Certains pêcheurs sont déjà partis loin dans la descente aux enfers

Julien Mouton

pêcheur à Gouville-sur-Mer

S'ajoute à cela, l'inquiétude grandissante des professionnels de la mer vis-à-vis de la réduction toujours plus importante des zones de pêche, en raison des politiques environnementales dans les eaux anglo-normandes et le grand parc éolien au sud-ouest de Jersey dont la mise en service est attendue en 2031.

Tous les pêcheurs bretons, normands et jersiais espèrent que leur mobilisation permettra de faire bouger les lignes car tous l'assurent : "tout ce qu'on veut, c'est pouvoir bien travailler".

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