Depuis plusieurs jours, le trio de tête Charlie Dalin, Yoann Richomme et Sébastien Simon est inséparable. Dans le pacifique Sud, les trois coureurs régatent bord à bord. Qu'est-ce qui pourrait faire la différence ?
La bataille est toujours aussi intense en tête de course. Le skipper Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) est repassé en tête de course ce mercredi 18 décembre au classement de 11h.
Une course au large menée depuis plusieurs jours par un trio très serré.
Charlie Dalin était suivi de près par Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) et Yoann Richomme (Paprec Arkéa), à la vacation de 15 heures ce mercredi.
Dans une vidéo postée sur le site officiel du Vendée Globe 2024, Yoann Richomme s'en amuse même en filmant l'Imoca de son concurrent qu'il aperçoit bien.
Lors de sa vacation en début d'après midi ce mercredi 18 décembre, il ironisait encore sur la situation.
On a décidé de se taper un petit sprint au milieu du Pacifique à trois, pour voir qui avait le bateau le plus rapide. C'est un peu débile, on a un peu calmé le rythme, là ça va mieux quand même
Yoann RichommePaprec Arkéa
"On a un joli bord, en tout cas, de vitesse, le long de la zone des glaces, sur une mer pas trop formée, puisque ça a été assez calme ces derniers jours. Là on est en train de monter vers le coin le plus nord de la zone des glaces, qui est encore à 375 milles là pour moi. C'est un bord à travers au vent, il y a des belles variations dans le vent".
On fait des bords parallèles, on est des grands garçons, on fait attention, mais on est quand même assez proches
Yoann RichommePaprec Arkea
"Ça varie pas mal, c'est assez dingo, en sécurité, il faut faire gaffe, là, je t'avoue que je sors de la banette, ça fait deux heures que je suis parti dormir"., poursuit le skipper.
Bord à bord
De son côté, Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) fait de même. Il a également filmé son concurrent direct.
Et regardez qui est là ! Yoann Richomme himself. On est bord à bord. Ça envoie du pâté !
Charlie DalinMacif Santé Prévoyance
La veille, mardi 17 décembre, il avait été dépassé par Sébastien Simon, après avoir eu un souci de voile.
"Du côté de la Nouvelle-Zélande, j'ai eu un petit souci avec une voile. J'ai dû la réparer. Ça m'a mis 36 heures à le faire. C'était un peu compliqué de travailler dans la soute à voile avec le bateau qui a des pointes à 30 nœuds, donc j'avais mon casque et tout. Mais ce n'est rien. Cette voile est de nouveau opérationnelle."
L'école du haut niveau
Situation exceptionnelle ? Jacques Caraes nous livre son analyse. Pour l'ancien directeur de course, "à chaque édition le niveau sportif gagne un échelon".
"Les trois premiers qui ont réussi à se détacher sont issus de l'école de la régate de haut niveau. Charlie comme Yoann ont fait leurs armes au centre d'entraînement de Port-La-Forêt sur un support très exigeant qu'est le monotype Figaro".
"Pour Sébastien c'est également l'école du Figaro Beneteau, du dériveur, de la stratégie, du placement qui ont fait de lui un concurrent redoutable."
Une véritable régate planétaire
Pour Jacques Caraes, le niveau d'excellence amené par des coureurs et compétiteurs comme Charlie Dalin, Yoann Richomme ou Sébastien Simon font du Vendée Globe 2024 une véritable "régate planétaire".
Connaissance météo approfondie, bateau de première génération ou optimisation architecturale, rien n'est laissé au hasard.
La notion d' aventure passe au second plan. Difficile de trouver chez eux ce regard de contemplation. Ils sont dans la performance où rien n'est laissé à la chance
Jacques CaraesAncien directeur de course du Vendée Globe
L'ancien directeur de course, fort de son expérience, poursuit :"Les bateaux peuvent être poussés dans leur retranchement grâce au travail des cabinets d'architectes, des bureaux d'étude et de l'expertise de la classe Imoca pour ses évolutions techniques."
La différence à l'usure
À ce niveau de performance et d'exigence, qu'est-ce qui alors pourrait faire la différence entre ces trois coureurs en tête ?
Pour Jacques Caraes, la différence se fera tant sur la performance technique que sur le mental.
La différence se fera sur l'usure
Jacques CaraesAncien directeur de course du Vendée Globe
"La remontée en Atlantique est souvent la partie la plus difficile : vents contraires, mer cassante. Le bateau comme le skipper accusent de la fatigue importante. Et jusqu’au bout, il faudra être capable de conserver ses moyens techniques, mais aussi psychologique pour faire le moins d'erreur possible et de sortir gagnant de ce combat des chefs."
Les trois skippers s'approchent de plus en plus du point Nemo, le point de l'océan le plus éloigné de la planète Terre. Un passage crucial, car dans cette zone, il n'y aura pas droit à l'erreur. En cas d'avarie, les skippers ne verraient pas les secours arriver avant quinze jours.
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