La saison 2024-2025 de la pêche à la coquille débute officiellement ce mardi 1er octobre à minuit. En Normandie, cette pêche représente la moitié du chiffre d'affaires de la profession, une profession qui espère quantité ET qualité, contrairement à l'an dernier.
C'est l'un des temps forts (si ce n'est le plus important) de l'année pour les pêcheurs normands. Si la coquille Saint-Jacques charme les papilles de nombreux gourmands, elle représente pour les professionnels de la mer un véritable filon, au point d'être parfois surnommée l'or blanc. "En Normandie, la coquille, c'est quasiment 300 bateaux, plus de la moitié de la flotte. Du Mont-Saint-Michel au Tréport, sur les deux façades, on pêche la coquille. C’est plus de la moitié du chiffre d’affaires de la pêche normande", rappelait ainsi l'an dernier Dimitri Rogoff, le président du Comté Régional des Pêches.
Les premiers bateaux partiront dans la nuit de mardi à mercredi. Coup d'envoi officiel de la saison ce 1er octobre à minuit. Mais dans un premier temps, ils seront peu nombreux. Certains vont encore "rester aux poissons" quelques jours et passeront leur tour sur cette première étape de la saison, au large des 20 milles (32 km des côtes). Le 16 octobre en revanche, date d'ouverture du secteur entre 12 et 20 milles (19 à 32 km), près de 200 bateaux largueront les amarres. Enfin, mi-novembre, ce sera la graal des coquillards avec l'ouverture de la Baie de Seine, "le gisement mère, celui qui ensemence toute la Manche-est, y compris les côtes anglaises".
Toujours plus de coquilles
Chaque année, depuis 10 ans, les records semblent tomber les uns après les autres. En 2023, à la veille du lancement de la saison, les spécialistes estimaient que pas moins de 70.000 tonnes "dormaient" sous l'eau de la Baie de Seine et 10.000 dans la zone des 12 à 20 milles. Un an plus tard, la ressource semble encore avoir grossi : on parle désormais de 35.000 tonnes pour la zone des 12-20 milles et de plus de 100.000 tonnes pour l'Eldorado des coquillards. Des chiffres qui donnent le tournis. En dix ans, la ressource aurait été multipliée par dix.
Mais cette année, les pêcheurs normands aimeraient bien pouvoir allier quantité et qualité après une saison 2023-2024 en demi-teinte. Les coquilles, répondant au cahier des charges Label rouge, se sont faites rares. "Cette saison, nous avons observé que les coquilles n'ont pas assez grossi ou se sont peut-être trop reproduites, nous ne savons pas encore exactement. Nous sommes aussi rattrapés par des contingences climatiques", regrettait Dimitri Rogoff à la clôture de la saison. Ainsi, il fallait entre 7 et 8 kilos de coquilles pour récolter 1 kilo de noix, contre 6 kilos d'habitude. Selon des analyses effectuées cet été, la qualité serait au rendez-vous. Reste à voir si cette tendance se confirmera cet automne.
Le juste prix ?
Autre motif d'inquiétude pour les coquillards, le prix. L'an dernier, le président du Comité Régional des Pêches martelait qu'il fallait "sortir d’une coquille sous-payée, la coquille à 20 francs comme on l’a connu depuis des lustres." Si le prix s'est envolé à l'approche des fêtes de fin d'année jusqu'à atteindre les 7 euros le kilo, celui-ci a dégringolé au mois de janvier. Lissé sur l'année, ce dernier avoisinait les 3 euros (soit environ 20 francs).
Outre la création d'une indication géographique protégée (IGP), le Comité Régional des Pêches évoque depuis déjà de nombreux mois la possibilité d'une alliance avec les voisins bretons afin de peser d'avantage sur les négociations avec les grandes surfaces qui commercialisent près de 70% des coquilles consommées en France.