Une saison en demi-teinte pour la pêche à la coquille Saint-Jacques : "La qualité n'était pas à la hauteur"

Le gisement de la baie de Seine a fermé jeudi 21 mars 2024, après une saison de cinq mois. Les coquilles Saint-Jacques ont été récoltées en masse mais la qualité n'était pas toujours au rendez-vous selon le Comité régional des pêches de Normandie.

L'heure est au bilan pour la pêche à la coquille Saint-Jacques. Au lendemain de la fermeture du gisement classé de la baie de Seine, jeudi 21 mars, le Comité régional des pêches de Normandie dresse un bilan contrasté de la saison, commencée le 1er octobre dernier.

"Nous avons eu une saison paradoxale, avec des quantités importantes, mais avec une qualité qui n'était pas à la hauteur de nos exigences, explique Dimitri Rogoff, président du Comité. Les coquilles doivent présenter un corail rouge et une noix bien charnue, ce qui n'était pas le cas".

Moins de Label Rouge

Dans ce plus gros gisement d'Europe, la biomasse de coquilles Saint-Jacques atteint désormais les 80 000 tonnes (contre 10 000 tonnes il y a vingt ans). Si la question des ressources n'est plus une préoccupation pour les pêcheurs normands, la qualité des coquilles et la gestion du marché deviennent un sujet.

Nous avons pêché peu de coquilles Label Rouge cette année. C'est un phénomène exceptionnel qui nous interpelle.

Dimitri Rogoff, président du Comité des pêches en Normandie

"Cette saison, nous avons observé que les coquilles n'ont pas assez grossi ou se sont peut-être trop reproduites, nous ne savons pas encore exactement. Nous sommes aussi rattrapés par des contingences climatiques", ajoute Dimitri Rogoff. 

La pêche de coquilles Saint-Jacques Label Rouge, strictement réglementée en baie de Seine, prévoit une sélection de pétoncles mesurant au minimum de 11 cm et le tri des spécimens pour éliminer celles qui présentent des défauts. Cette année, entre 7 et 8 kilos de coquilles ont été nécessaires pour récolter 1 kilo de noix, contre 6 kilos d'habitude.

Une baisse du prix au kilo

Du côté des marchés, les prix de la Saint-Jacques se sont envolés avant les fêtes de fin d'année jusqu'à sept euros le kilo en raison des fortes demandes, mais le soufflé est retombé dès janvier. 

"Nous nous sommes retrouvés avec des coquilles sur le bras après les fêtes, avec des kilos vendus à moins de deux euros. Là, se pose une question structurelle sur la vente. Il faut organiser le marché national, car la France est le premier consommateur", poursuit Dimitri Rogoff.

Ce n'est pas normal de vendre des coquilles Saint-jacques moins chères que des bulots. Il faut valoriser notre produit.

Dimitri Rogoff, président du Comité des pêches en Normandie

Pour remédier au problème, le Comité des pêches de Normandie prévoit d'engager un dialogue avec tous les acteurs de la filière, notamment avec les pêcheurs bretons qui rencontrent les mêmes difficultés. Il travaille en parallèle sur la création d'une indication géographique protégée (IGP) : "C'est important de bien identifier les spécificités de nos coquilles et de leur donner une identité". 

Chaque saison, la vente de coquilles Saint-Jacques représente 60 et 80% du chiffre d'affaires des pêcheurs en baie de Seine. Une activité rentable depuis cinq à six ans avec des délais en mer de quatre heures tout au plus. En 2022, sa récolte a représenté 45% du chiffre d'affaires de la pêche en Normandie.

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