Châteauroux, qui a instauré la gratuité des transports publics dès 2001, accueillera en 2019 les Rencontres sur ce thème. La ville fait office de précurseur en région Centre Val-de-Loire mais aussi à l'échelle de la France où cette politique séduit de plus en plus de collectivités.
Dunkerque en 2018, Châteauroux en 2019. Leur point commun : avoir fait des transports un service public gratuit. La ville du Nord, capitale du transport public gratuit cette année, a accueilli les premières Rencontres sur ce thème en début de semaine. La préfecture de l’Indre lui succèdera en septembre 2019. L’Agglomération Châteauroux Métropole, en la matière, a été précurseur. Les 14 communes qui la composent – 78 000 habitants – ont mis fin aux tickets de bus et aux contrôles dès 2001. En décembre 2017, la ville a atteint un record en totalisant cinq millions de voyages au cours de l’année.
C’est à Jean-François Mayet, maire UMP de Châteauroux entre 2001 et 2014, que l’agglo doit cette politique révolutionnaire. "Avec 14% de recettes de billetterie, il a estimé que le rapport entre l’impôt et le service rendu était mauvais", a expliqué Gilles Avérous, élu Les Républicains (LR) lui a succédé à la mairie. L’objectif premier était d’accroître la fréquentation du réseau de transports. Pari gagné : en 16 ans, elle a été multipliée par 3,5. Une gageure pour cette ville très rurale et dont la population décline. Les effets sont, à en croire l’édile, "incroyables", notamment sur la redynamisation du centre-ville. Et de citer l’exemple d’une maroquinerie haut de gamme qui a saisi l’occasion pour s’installer en centre-ville, facilitant ainsi l’accès des ateliers à une main d’œuvre souvent dépourvue de permis de conduire.
La gratuité séduit de plus en plus de villes
En France, le nombre de collectivités qui se sont converties à la gratuité ne cesse d’augmenter depuis le début des années 2000. Châteauroux, Dunkerque, mais aussi Gap, Niort, Figeac, Castres… Elles sont désormais entre 20 et 30 à proposer des réseaux gratuits (le chiffre diverge en fonction des critères retenus), bien que les grands groupes du transport collectif freinent des quatre fers.
Maxime Huré, maître de conférence à l'université de Perpignan, fustige des oppositions purement "idéologiques". "C'est un changement de cap, de modèle dans l'appréhension de la mobilité", estime-t-il. "C'est une politique publique globale qui répond à différents objectifs très importants d'un point de vue économique, social, et environnemental".
"C'est une politique peut-être exceptionnelle, mais qui existe bel et bien (...).Il y a une volonté d'en faire un modèle", analyse Wojciech Keblowski, chercheur à l'Université Libre de Bruxelles, spécialiste des mobilités. Elle fait en tout cas des émules : Paris et Grenoble, notamment, planchent sur le sujet. Et les chiffres avancés par le chercheur sont éloquents : en 2017, les transports en commun étaient totalement gratuits pour tous, tout le temps dans 98 villes dans le monde – 27 aux États-Unis, 11 en Amérique du Sud, une en Australie, trois en Asie, 56 en Europe. Contre une seule en 1970.