La médiathèque de Châteauroux propose jusqu’au 31 Août prochain dans la salle Raymonde Vincent, une exposition préparée par l’association "Les poissons des arbres". Consacrée au patrimoine nautique de 1790 à nos jours, elle surprend au départ dans ce lieu planté au milieu des terres !
Mais pourtant rien d’étonnant quand on connaît la raison d’être de cette association indrienne créée en 2000. Elle s’est donnée pour mission de permettre la rencontre de propriétaires de ces petites embarcations anciennes en bois, leur rénovation et la diffusion de la pratique et la connaissance du canotage.
D’ailleurs deux kayaks réalisés en papier recyclé et capables de flotter et d’être utilisés sur l’eau comme toute autre embarcation, figurent en bonne place dans l’exposition. L’un a été dédicacé par le chanteur Antoine et peint par les stagiaires de Handi’Arts.
Ils seront au festival de Loire à Orléans en septembre prochain avec d’autres embarcations de l’association, et le kayak papier sera mis à l’eau.
Le canotage, le bois, les livre, les feuilles de papier
C’est l’utilisation du bois pour leur construction qui est la caractéristique principale de ces embarcations.
Pascal Véron nous explique comment la rencontre s’est faite entre l’association et la médiathèque. "Suite à la création des kayaks en papier, le Directeur de la Médiathèque m’avait proposé de lier les papiers, les bateaux, à l’intérieur de la Médiathèque. On a réfléchi longtemps au sujet, et l’année dernière on devait faire cette exposition, qui avec les restrictions sanitaires a été repoussée à cette année. On a relié les papiers, le bois, les anciens documents, les archives, les anciens livres, la bande dessinée".
À l’origine, le canoé chez les Amérindiens, c’était des bateaux de transport, plus ou moins longs, qui allait de 3m pour un individu, à 15 m pour une famille. C’était des canoés d’écorce.
Une exposition exhaustive et documentée où le matériau bois est à l’honneur dans ses diverses déclinaisons. Les collections de rames et de pagaies, les embarcations à travers les âges, les kayaks pliables, l’histoire de ce sport et loisir, très populaire sont détaillés dans l’exposition.
Comme le raconte Pascal Véron au moment de l’instauration des congés payés en 1936, ces embarcations étaient emmenées par leurs propriétaires dans les trains en bagage accompagné au même titre que les vélos.
Le canoé c’est un revêtement bois, à lames de bois ou en écorce, ou à tissu sur une armature bois. Il est propulsé à la pagaie, contrairement à une barque, qui est dirigée à la rame. La différence entre les deux, c’est que la pagaie est tenue dans les deux mains, alors que la rame sur une barque est solidaire du bateau et tenue par une dame de nage.
Quant aux kayaks, d’origine Inhuit, le moyen de propulsion, c’est la pagaie double. Ces bateaux ont été popularisés par des peintres comme Caillebotte nous explique-t-il, dès les années 1870.
Pour ceux que l’histoire de ces embarcations intéresse, sachez, que le déclin de ces petits bijoux s’est accentué à l’aube des années soixante, avec l’arrivée du plastique et de la fibre de verre. Aujourd’hui, plus personne ne fabrique de canoés en bois en France comme nous précise Pacal Véron. "Le dernier, il est mort en 2016. C’était un bûcheron menuisier qui fabriquait des canoés dans le Jura".
Pour ceux qui voudraient se lancer dans la fabrication, ils trouveront dans l’exposition un "tuto" de l’époque. Quatre pages de Match datant des années 20, permettant de construire à peu de frais son propre bateau.
Le canotage était très vivace dans l’Indre. Il y avait deux associations, au Blanc et à Argenton-sur-Creuse et en 1903 un stade nautique s’est créé sur L’Indre grâce à Firmin Batisse qui s’occupait de sports nautiques et qui apprenait aux jeunes à nager.
On pouvait entre autres louer des embarcations. Toute la région en fait s’est adonné à ce passe-temps et ce loisir érigé en savoir bien vivre
Ces petits bateaux réclamaient beaucoup de soin, et de nombreuses réparations, mais comme tous les objets anciens, c’est aussi toute une atmosphère, une façon de vivre qu’ils ressuscitent, et que les collectionneurs apprécient. Les guinguettes au bord de l’eau, la joie de vivre, la liberté. Autant de souvenirs d’une époque, où tout nous semble plus facile qu’aujourd’hui. Sûrement à tort. Mais c’est bon d’y croire.
Infos pratiques
Deux visites organisées seront proposées le 24 Août de 15h à 16 h et le 28 Août de 11h à 12h.