Alors qu'il vient tout juste d'accéder à sa fonction de ministre des Sports ce 23 septembre 2024, l'ancien maire de Châteauroux, Gil Avérous, souhaite une continuité avec l'action d'Amélie Oudéa-Castéra. Celui qui n'est pas issu du monde du sport, contrairement à ses prédécesseurs, compte s'appuyer sur son expérience d'élu local pour nourrir une "ambition nationale sportive décentralisée".
L’accolade est chaleureuse. Au ministère des Sports à Paris, ce 23 septembre, au moment de la passation de pouvoir, Amélie Oudéa-Castéra part sans ressentiment. L’ancienne ministre aux responsabilités pendant les Jeux olympiques et paralympiques a adressé ses "vœux les plus sincères de réussite" pour son successeur, Gil Averous. Pour avoir notamment travaillé à l’organisation des Jeux ainsi que le passage de la flamme à Châteauroux, le nouveau ministre et ancien maire castelroussin connaît bien sa prédécesseure qu’il n’a pas manqué de remercier chaleureusement. "[Ton] travail a permis de faire progresser le sport, si essentiel à notre cohésion sociale, notre cohésion nationale et l’épanouissement de tous. Tu as su porter avec détermination les valeurs et les missions de ce ministère. Et je m’engage à poursuivre cette dynamique avec la même ferveur que toi. J’ai cette ambition d’essayer de te ressembler", lui a-t-il glissé aux yeux de tous lors de son allocution.
Surfer sur l’engouement olympique
Au 95 avenue de France, dans le 13ᵉ arrondissement de Paris, Gil Avérous prend ses quartiers dans un ministère encore paré aux couleurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Après le succès de l’organisation de la compétition, le désormais ancien maire de Châteauroux entend continuer l’action impulsée par Amélie Oudéa-Castéra. "Je ne viens pas ici pour révolutionner les choses, car je suis conscient et convaincu qu’au ministère des Sports, beaucoup de choses ont déjà été faites et qu’il suffit de continuer cette dynamique", a déclaré Gil Avérous, tourné vers sa prédecesseure.
Le premier dossier à gérer pour Gil Avérous est l’héritage des jeux olympiques de Paris 2024, de son propre aveu. "Avec l’engouement créé par les Jeux olympiques, on doit faire face à une augmentation assez conséquente du nombre de licenciés dans les clubs, c’est vraiment la priorité, cible-t-il. Il faut travailler à ce que le soufflet [des Jeux olympiques] ne retombe pas !" Une volonté partagée par tout le monde du sport français. Présente à la passation de pouvoir, Manon Genest, l’athlète handisport castelroussine espère aussi que la ferveur autour du sport ne s’arrêtera pas de sitôt. "Nous avons eu Paris 2024 qui s’est très bien passé et nous, athlètes de haut niveau, on attend qu’il y ait quelque chose derrière. Il faut qu’on arrive à rester soudé et que le sport soit vraiment un vecteur d’inclusion", espère-t-elle.
Mais pour cela, la tâche semble ardue. Des coupes budgétaires ont déjà été annoncées par Matignon. Un défi que l’ancien maire de Châteauroux entend relever : "À nous de travailler pour que Matignon nous suive dans les dossiers les plus intéressants !"
Un "technicien" plus qu’un "sportif"
Ce n’est pourtant pas le seul défi que va devoir affronter Gil Avérous. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs en poste au ministère des Sports, l’ancien édile manque d’une affiliation claire avec le milieu sportif. "Mon handicap, c'est quand même de ne pas être issu du monde du sport directement, donc j’aurai besoin de vous pour compenser ce gros manque", souffle-t-il à Manon Genest venu le féliciter après sa prise de pouvoir. "Je ne doute pas de sa capacité de s’entourer des bonnes personnes pour combler les quelques lacunes qu’il a peut-être dans le milieu du sport, a répondu l’athlète paralympique. Mais il a tellement de qualités en parallèle que nul doute qu’il s’en sortira à merveilles."
Pour cela, Gil Avérous entend s’appuyer sur son expérience d’élu local, incarnant "l’image d’un homme engagé sur son territoire, plutôt travailleur, technicien et homme de consensus." Présent également, le président du département de l’Indre, Marc Fleuret, ne doute pas que cette expérience du local sera profitable. "Lorsqu’il a parlé de ruralité, on a senti que cela parlait aux gens, a-t-il réagi. Ils ont envie de cette irrigation du sport sur l’ensemble du territoire français et, à ce niveau-là, je pense que Gil est vraiment la bonne personne !"
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À plusieurs reprises, Gil Avérous a répété ne pas oublier d’où il venait, avec quelques clins d’œil à l’Indre, à Châteauroux et à son village de Fontguenand : "Je sais ce qu’on attend quand on est maire d’un village de 230 habitants, quand on a ses enfants qui cherchent des terrains de sport qui n’existent pas forcément à proximité et qui ont des problèmes de mobilité. Je tire de cette expérience de maire rural que le sport doit aller au plus près des territoires et non rester dans les grands pôles urbains." De quoi nourrir l’"ambition nationale du sport décentralisé" que veut impulser le Premier ministre, Michel Barnier.