"Je suis toujours optimiste, c’est pour cela que nous ouvrons aujourd’hui, mais on ne sait pas où on va !" Dominique Thomas, patron de l’Escale voit toujours le verre à moitié plein, et pourtant… La réouverture de son établissement de Déols, dans l'Indre, se fait dans l'incertitude.
Mesures de sécurité sanitaire
Après trois mois de fermeture, l’établissement de la rue Marcel Dassault, à Déols, rouvre ses portes avec quelques tables en moins, distanciation sanitaire oblige. 90 couverts ont été supprimés sur les 420 que comptent le restaurants et la brasserie. Mais une terrasse pouvant accueillir 50 personnes compense en partie la perte.
Masques, sens de circulation pour les routiers, les clients du restaurant et les livraisons des fournisseurs, un menu inscrit sur les sets de table, ou disponible en mode virtuel en flashant un QR Code depuis son téléphone portable… Les gérants de l’Escale n’ont pas chômé la semaine dernière pour relancer l’activité. Un référent Covid a été désigné parmi les salariés, pour appliquer au quotidien les mesures du protocole sanitaire.
Chômage partiel
Pourtant, seulement la moitié des 80 salariés habituels a repris le chemin de l’établissement. "Qui dit moins de tables, dit moins de salariés", explique Isabelle Thomas, la patronne qui s’appuie sur "le chômage partiel autorisé jusqu’à la fin de l’année 2020. Si l’activité augmente, les salariés reviendront tous, progressivement".
Ces trois mois de fermeture ont représenté une perte de chiffre d’affaires de 1,8 millions d’euros (600 000 euros de chiffre d’affaires mensuel en moyenne) pour l’établissement. Mais Dominique Thomas relativise, car "certains frais fixes n’ont pas été dus. Nous n’avons pas eu de salaires à payer, pas d’électricité, pas de produits d’entretien non plus? Notre trésorerie est capable de supporter cela."
En temps normal, l’Escale réalise entre 800 et 1000 couverts par jour. Aujourd’hui, personne ne veut s’aventurer à faire des projections au vu de la situation globale.
Incertitudes sur la fréquentation
Les gérants de l’établissement ne veulent rien présager de l’avenir. "Nous ne savons pas si nous allons réussir à réaliser ne serait-ce que la moitié de la fréquentation habituelle, à la même période pour ce mois de juin", explique Dominique Thomas. L’activité économique du pays n’étant pas repartie, l’Escale, comme d’autres restaurants, navigue à vue.
"Les déplacements interrégionaux ne sont pas non plus revenus à la normale. Or, c’est ce qui nous fait vivre à l’Escale, ces déplacements entre le sud-ouest et la région parisienne, qu’ils soient de marchandises ou touristiques."
Si le flux est moindre, le restaurant routier pâti de cette baisse de fréquentation. Et pour les trois mois d’été, rien n’est acquis. L’Escale était un des seuls routiers à rester ouvert entre le 15 juillet et le 15 août. Il bénéficiait de la clientèle des établissements fermés à cette période. Mais les autres restaurants routiers risquent de rester ouverts tout l’été, pour compenser les pertes liées au confinement.
Et le patron de l’Escale de rebondir. : "Nous ne savons pas comment les Français vous réagir, vont-ils faire du tourisme en France, vont-ils partir en vacances avec toutes ces personnes en chômage partiel ?"
L’institution qu’est l’Escale pourra toujours s’appuyer sur ses habitués. Isabelle précise que "malgré la frilosité de certains, des couples d’habitués ont réservé leur première sortie pour venir déjeuner cette semaine, et des réservations venant de Paris ou du Mans commencent à remplir l’agenda." Des signes positifs pour une reprise qui se fera comme partout de manière progressive, au jour le jour.