C'est le 37eme label IGP de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et pour le syndicat des nougatiers de Montélimar c'est - forcément - le plus beau. Désormais, le nougat de Montélimar est reconnu au niveau européen pour sa qualité en lien avec son lieu de production. Et, c'est une avancée considérable, il est désormais protégé dans toute l'Union européenne. Les copieurs n'ont qu'à bien se tenir.
" Youpi ! ". Une formule très enfantine pour un produit totalement régressif : le nougat de Montélimar. Et cette expression de joie, on la doit à Frédéric Chambonnière, 3eme génération de maître nougatiers montiliens aux "Nougats Diane de Poytiers" et coprésident du syndicat des nougatiers de Montélimar.
La raison de cet enthousiasme c'est l'officialisation du label IGP (indication géographique protégée) obtenu auprès de l'Union européenne. " C’est un long combat et à chaque fois", dit-il, "on n’est pas sûr de gagner, donc youpi !".
Pour le patron de cette entreprise artisanale qui emploie 12 personnes, 16 à la pleine saison, comme pour Marie-Claude Stoffel, directrice générale des nougats Chabert et Guillot, qui travaille avec 150 collaborateurs, c'est une excellente nouvelle.
"Une reconnaissance européenne"
"On est fier en tant que fabricant, nous explique cette ambassadrice du combat européen, par ailleurs également coprésidente du syndicat professionnel. C’est la reconnaissance d’un vrai savoir-faire ancestral et c’est une reconnaissance européenne. (...) Cela va donner de la visibilité au produit, rassurer les consommateurs européens grâce au label et en enclencher peut-être plus facilement une impulsion d’achat en toute confiance pour un produit plaisir".
De quoi parle-t-on exactement ? Le "nougat de Montélimar" est une recette extrêmement précise détaillée dans le cahier des charges homologué par l'Etat en août 2023 : d'une texture dure ou tendre, il est composé exclusivement de :
- 30 % minimum d’amandes douces ou 28 % d’amandes douces et 2 % de pistaches.
- au moins 25 % de miel parmi les "matières sucrantes" (sucre, sucre glace, sirop de glucose)
- des blancs d’œufs
- de la vanille naturelle
- éventuellement du pain azyme
Le tout fabriqué à Montélimar ou dans une des 13 communes alentour : une zone où la fabrication a été historiquement attestée. Si la recette est altérée, ou le lieu de fabrication différent, le nougat ne peut pas se prévaloir du label "Nougat de Montélimar IGP".
Se distinguer sur le marché des nougats
Pour Marie-Claude Stoffel "cela va permettre de se distinguer sur le marché des nougats. Le nougat de Montélimar, c’est comme la moutarde de Dijon, d’Alsace ou de Pologne : les saveurs et les textures sont différentes, spécifiques, uniques".
Mais le nougat de Montélimar reste unique : pour pouvoir monter le dossier d’IGP, un sondage CSA de 2014 a été réalisé pour prouver sa notoriété. Le résultat, c'est que 78% des moins de 35 ans et ... 98% des plus de 35 ans associent le nougat à Montélimar et Montélimar au nougat.
Un réflexe lié aux souvenirs de vacances, à la nationale 7, mais aussi à l’autoroute A7 ou désormais les producteurs de nougats de Montélimar dispose d’un espace de vente dédié.
Se singulariser et se protéger contre les contrefaçons
Pour Frédéric Chambonnière, "un des intérêts principaux de l'IGP, c'est que cela va permettre un contrôle et un nettoyage au niveau européen. Notre produit est malheureusement galvaudé, sur les marchés ou ailleurs. On trouve des faux nougats de Montélimar. Cela relève de l’escroquerie. Désormais, on va pouvoir épurer tout cela."
Même son de cloche du côté de Marie-Claude Stoffel qui nous explique qu’on trouve des contrefaçons produites en France, et qu'au nom du syndicat, elle dépose en moyenne deux plaintes par an.
Plus grave, il a des faussaires en Belgique, en Allemagne et en Pologne. Jusque-là, il était "quasiment impossible" d'interdire d'utiliser le nom de Montélimar au-delà de nos frontières. Aujourd’hui, l’Europe va permettre de lutter contre cette contrefaçon avec les services des fraudes français et européens.
Le nougat de Montélimar à la conquête du monde
Autre intérêt, moins évident, c’est que le label européen est un facilitateur. "Un signe de rigueur" nous explique Marie-Claude Stoffel. "Détenir un label IGP facilite considérablement les choses pour la douane, l’administration, les services de qualité quand on veut traverser les frontières et conquérir de nouveaux marchés".
Ce 37e IGP de la région Auvergne Rhône-Alpes devrait donc partir plus facilement à la conquête du monde, mais pas avant le mois de janvier. Le temps pour tous les producteurs de faire auditer leur site de fabrication et mériter leur fameux IGP.
Le nougat de Montélimar en quelques chiffres
- 3500 tonnes par an
- Le syndicat des nougatiers de Montélimar c'est13 producteurs : de l’entreprise Chabert et Guyot, qui fabrique annuellement environ 2500 tonnes de nougats de Montélimar jusqu'au petit producteur, les nougats Diane de Poytiers, où sont fabriqués 80 tonnes à l’année
- 200 emplois directs et environ 450 emplois indirects