Le nouveau ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative restera maire de Châteauroux. C'est ce qu'il a annoncé ce jeudi 26 septembre en conseil municipal. Il gardera ses fonctions tant que sa première adjointe n'aura pas pris sa décision de prendre le relais.
C'était un conseil municipal attendu et auquel un public plus nombreux que d'habitude est venu assister. Et pour cause. Ce n'était pas juste le maire de Châteauroux qui le conduisait, mais le fraîchement nommé ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Tout juste nommé en début de semaine, sa présence en conseil municipal a d’ailleurs surpris, a commencé par son opposition.
Arrivée de @GilAverous au conseil municipal de @Chateauroux36 : «c’est avec une grande fierté que je vs retrouve aujourd’hui, je ne quitte pas Châteauroux, j’emmène Châteauroux à Paris. Je continue d’exercer mes fonctions en attente de la décision de Chantal Monjoint »@F3Centre pic.twitter.com/PVGVolah9G
— Céline Durchon (@CelineDurchon) September 26, 2024
C'est sous une salve d'applaudissements que le ministre a fait son entrée dans son conseil municipal. Salve d'applaudissements que n'ont pas suivis les quatre conseillers municipaux d'opposition qui ont préféré rester assis. "J'ai ce grand honneur qui m'a été fait de pouvoir avoir des responsabilités au niveau national. Ce conseil municipal, je l'avais convoqué avant de devenir ministre donc c'est pour ça que j'ai tenu à l'honorer", appui Gil Avérous.
"Je ne quitte pas Châteauroux"
Ce conseil municipal a été l'occasion pour Gil Avérous (divers droite) d'éclaircir sa position sur le cumul de ses fonctions de ministre et son mandat de maire, mais aussi de Vice-Président du Département et de Président du conseil communautaire. "C’est avec une grande fierté que je vous retrouve aujourd’hui, je ne quitte pas Châteauroux, j’emmène Châteauroux à Paris. Je continue d’exercer mes fonctions en attente de la décision de Chantal Monjoint".
Gil Avérous a donc réaffirmé vouloir léguer l'intérim de son poste de premier édile de la ville à Chantal Montjoint, alors que cette dernière prend toujours le temps de réfléchir à la proposition. "Quoi qu’il advienne, quelle que soit sa décision, aux prochains conseils (municipal et communautaire) on passera en délibération la suppression de mes indemnités de maire et de président d'agglo", a assuré en conseil Gil Avérous.
Je continuerai à exercer mes fonctions de maire et de président d'agglomération bénévolement, cela me semble naturel
a assuré en conseil municipal Gil Avérous, maire de Châteauroux et Ministre des Sports
Ce cumul est tout à fait légal et possible, on vous l'explique d'ailleurs dans cet article, mais il n'est pas du goût de l'opposition qui n'a pas manqué de le faire savoir lors de ce conseil municipal. Le scepticisme de l'opposition a été lancé par Charline Laurent, du groupe d'opposition Châteauroux demain. "Qui peut croire sérieusement qu’on puisse être ministre d’un pays de 65 millions d’habitants à temps partiel pour assurer parallèlement la responsabilité d’une mairie et d’une agglomération de 70.000 habitants ? Vous pouvez, Monsieur Avérous continuer à participer à la vie municipale et communautaire en restant simplement conseiller. La démocratie, ça se partage ".
Du côté du RN, Mylène Wunsch doute que ce cumul puisse durer dans le temps. "On sait très bien que le maire est omniprésent et on sait que pour lui ça va être difficile de lâcher, la preuve en est… Mais il peut se passer tellement de choses d'ici au premier novembre, surtout au niveau de l'Assemblée nationale. Il va se rendre compte que c'est difficile de tout gérer et laisser du champ à ses adjoints. En tout cas, c'est souhaitable pour la ville. Si on doit être suspendue à ses décisions, ça va être compliqué".
Delphine Chambonneau, élue d'opposition socialiste, à quant à elle soulevé le problème de conflits d'intérêts que ce cumul représente.
Cela pourrait le contraindre dans certaines décisions qu'il pourrait prendre en tant que ministre pour la ville de Châteauroux, par exemple des projets qu'il pourrait avoir à valider. Et donc bloquer des projets qui pourraient être intéressants pour Châteauroux.
Delphine Chambonneau
Cette élue d'opposition socialiste a aussi soulevé une autre question, celle de la confiance de Gil Avérous en sa majorité. "Chantal Montjoint a toute sa place pour être maire, elle connaît très bien les dossiers. Mais je pense qu'il y a aussi d'autres élus de la majorité qui pourraient le faire. La question, c'est pourquoi rester si plusieurs personnes peuvent le faire ?"
Ce à quoi Gil Avérous répond : "On posera la question avec la majorité municipale de ce qu'on fait, s'il y a quelqu'un d'autre qui se sent prêt, mais ce n'était pas le cas aujourd'hui. J'ai un plan A, mais je n'ai pas de plan B. Je verrai donc si je peux garder cette fonction si je n'ai pas de consignes gouvernementales".
Garder un ancrage sur le terrain
Et le maire trouverait même des avantages à cumuler son mandat à ses fonctions de ministre. "Je voudrais garder un ancrage local. C'est important pour un maire et c'est la volonté du Premier ministre d'avoir des ministres qui aient toujours un pied sur le terrain. Il veut une politique nationale sportive décentralisée, si je prends ma délégation, au plus près des élus. Donc, il y a besoin de les côtoyer au quotidien. Et je crois que c'est parce que j'avais ce profil d'élu local que j'ai été choisi pour assumer ces fonctions nationales".
Gil Avérous s'était déjà exprimé sur la question des cumuls des mandats pendant les législatives de juin, affirmant qu'il trouvait dommage qu'un parlementaire (sénateur ou député), ne puisse pas cumuler le mandat de maire.
"Nos citoyens nous le disent, ils ont l'impression qu'à l'assemblée les élus n'ont pas conscience de ce qu'on vit au quotidien. Je veux vraiment donc faire attention à ne pas me décrocher du terrain. Avoir ce lien direct avec la population, venir ici dans ce conseil municipal, voir les questions de l'opposition, voir les réactions du public et pouvoir échanger avec eux, c'est quelque chose d'essentiel pour un ministre ou un élu national au sens large".
Tous les regards se tournent désormais vers Chantal Montjoint. "Elle a demandé du temps, car cela demande un engagement personnel assez conséquent de sa part, détaille Gil Avérous. On s'est donné jusqu'au premier novembre pour décider de ce qu'on faisait". Et si Chantal Montjoint refusait le poste, alors Gil Avérous ne s'oppose pas à reprendre les discussions avec les autres adjoints de sa majorité.