Chanteur populaire et engagé, Maxime Le Forestier s'est produit ce vendredi 11 août au festival Darc de Châteauroux, dans le cadre de sa tournée entamée après la sortie de son dernier album "Paraître ou ne pas être". La capitale de l'Indre lui a réservé un accueil triomphale. Rencontre.
Dans son numéro de poète, il est adoré. Maxime Le Forestier s'est produit triomphalement sur la grande scène du festival Darc de Châteauroux ce vendredi 11 août, devant un public conquis. De Mon Frère à L'Éducation sentimentale, en passant par Né quelque part et l'immanquable San Francisco, Châteauroux a chanté Maxime Le Forestier.
Il semble dérisoire de résumer l'artiste en quelques lignes. Antimilitariste avec Parachutiste et l'Hymne à sept temps, hippie plein d'idéaux sur San Francisco puis désabusé avec Les Jours meilleurs, grand romantique avec L'Éducation sentimentale et Restons amants, et puis chanteur de son temps, pop et engagé, avec Né quelque part. L'artiste de 74 ans a, en 50 ans de carrière, accompagné des générations de Français, heureuses de le retrouver à Châteauroux.
Quelques minutes avant son concert, France 3 a pu rencontrer le chanteur.
France 3 : Dans cette tournée, vous alternez salles et festivals. Vous pouvez jouer partout ?
Maxime Le Forestier : On ne chante pas n'importe quoi n'importe où, mais j'ai des chansons qui passent à peu près partout.
Qu'est-ce qui change entre un concert dans une salle et un festival ?
Le set est un peu plus court en festival, forcément. Il faut être tout à fait prêt sur le plan technique parce qu’on n’a pas beaucoup le temps pour répéter.
Un set plus court, ça veut dire des coupes. Comment décidez-vous quelles chansons restent et quelles chansons ne restent pas ?
Je supprime un certain nombre de chansons du dernier album en général. Sur 11 chansons, il en reste quatre.
C'est un retour à vos classiques ?
Non, j'ai toujours fait pareil. Le public ne paie pas pour se faire battre. S’il a envie d’entendre San Francisco, je lui chante San Francisco.
Comment concilier les attentes du public avec ce que vous avez envie de chanter ?
Je mélange, j’alterne, je présente un peu plus les chansons moins connues pour donner des clés aux gens. Comme Caricatures, qui date de 1975. Après l'attentat de Charlie Hebdo par deux analphabètes, j’ai voulu écrire une chanson sur Cabu, qui était un ami. J’ai perdu six mois à chercher. Et puis mon fils m’a dit : "Arrête, tu l’as déjà écrite." Je n’y avais pas pensé, parce que les chansons, on les oublie. Je l’ai reprise, et ça m’a fait un plaisir fou. La musique de Patrice Caratini, le souvenir de la tête de Cabu quand il l’a écoutée...
Vous avez pu oublier certaines de vos chansons, et pourtant, elles ont aussi pu marquer de nombreux Français sans que vous vous en rendiez compte.
Les gens qui me croisent dans la rue et me font un petit bonjour, je ne sais pas ce qu’ils ont vécu sur mes chansons. Ça me plaît de savoir qu’ils ont vécu quelque chose. Ça fait du bien, on a l’impression de servir à quelque chose.
Le Maxime Le Forestier de 2023, sur quoi a-t-il envie d'écrire ?
J’écris pas du tout de chanson. Pendant le confinement, j’ai écrit un bouquin sur ma relation avec Brassens, et puis j’ai repris la tournée. Mais je ne mélange pas auteur et interprète, c’est incompatible. Quand j’écris une chanson, je l’ai tout le temps dans la tête. Il m’est arrivé d’en avoir une dans la tête pendant que j’en chantais une autre devant des milliers de gens. Grand moment de solitude.
Qu’est-ce que vous écoutez comme musique aujourd'hui ?
J’ai une certaine tendresse pour les quadragénaires, comme Orelsan. Et j’ai une tendresse pour ceux pour qui ça n’a pas marché, comme Benoît Dorémus. Ou ceux pour qui ça a marché un peu, comme Jeanne Cherhal. J’aime les gens qui racontent des trucs, j’aime les auteurs-compositeurs.