En fin de semaine dernière, une pollution chimique a été constatée dans les eaux de l'Indre par l'Office français de la biodiversité. Une enquête judiciaire a été ouverte, et la fédération de pêche du département envisage de déposer plainte.
Un aspect laiteux quelque peu inquiétant, pendant des jours. Voilà ce que les promeneurs ont pu voir en longeant les berges de l'Indre ces derniers jours, du côté de Châteauroux. Spectacle des plus macabres, il était aussi possible de constater la présence de dizaines de cadavres de poissons, échoués ou dérivant au gré du courant.
Ce spectacle, l'Office français de la biodiversité (OFB) a pu le constater dès jeudi 24 mars, et des prélèvements ont été réalisés dans la foulée pour identifier la cause de la pollution manifeste. Ses services sont en charge d'une enquête judiciaire, confirme à France 3 l'antenne indrienne de l'OFB, sans pouvoir en dire beaucoup plus. Et pour cause : une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Châteauroux.
Dans un communiqué, la préfecture de l'Indre précise que "de nouvelles constatations de rejets dans le cours d’eau lundi 28 mars" ont permis "d’identifier le lieu d’écoulement". Selon l'OFB, "toutes les mesures immédiates pour empêcher ce rejet" ont été prises. À en croire l'agence, il n'y a, ce jeudi 31 mars, "plus aucun rejet dans le milieu".
Une mortalité "très importante"
Mais le mal était fait. Ce mercredi 31 mars, la fédération de pêche de l'Indre a procédé à deux pêches électriques dans la zone concernée par la pollution, en aval du pont de Bitray, dans le nord de Châteauroux. "En plein milieu de la zone la plus touchée, on a vu de nombreux poissons morts, pour certains en décomposition depuis une semaine avec donc une odeur qui se dégage", témoigne Bruno Barbey, le directeur de la fédération.
Dans cette zone, les pêcheurs ont "trouvé très très peu de poissons" vivants. Lors d'une deuxième pêche, plus en amont au niveau de la zone industriel d'où le rejet est suspecté provenir, les membres de la fédération ont eu l'agréable surprise de trouver de nombreux poissons. "Notamment des espèces de poissons sensibles à la qualité de l'eau", note Bruno Barbey. Une bonne nouvelle qui augure d'une capacité de la rivière à repeupler ses zones décimées. Car, s'il se dit incapable de dire quelle part des poissons a péri dans les zones polluées, le directeur estime que leur mortalité a été "très importante".
"Des tonnes de poissons morts"
À en croire Bruno Barbey, il s'agit là du premier fort épisode de pollution dans les eaux de l'Indre depuis plus de 20 ans. "Au début des années 90, il y en avait fréquemment, des plus importants même, raconte-t-il. Je me souviens de tonnes de poissons morts récupérés." Entre temps, les usines responsables de rejets ont fermé, et "les autres ont été raccordées à la station d'épuration". Aujourd'hui, les pollutions sont bien plus rares, et dues à "des écoulement d'eau de pluie et à l'agriculture".
"Un énorme travail a été fait" au niveau du traitement des eaux un peu partout en France, confirme Nicolas Camphuis, directeur de la délégation régionale Centre-Val de Loire à l'agence de l'eau Loire-Bretagne. Cette dernière se charge notamment d'accompagner entreprises et collectivités en amont des rejets. "Il n'en reste pas moins que certains industriels sont parfois un peu borderline, et puis il y a des accidents", note-t-il.
À l'en croire, l'enquête judiciaire en cours devra ainsi déterminer si le rejet responsable de la pollution de l'Indre est un acte délibéré ou fortuit. La préfecture indique que, "si des suspicions fortes existent sur l’origine de cette pollution, des analyses complémentaires sont en cours afin de confirmer cette hypothèse".
La fédération de pêche de l'Indre, de son côté, envisage de porter plainte, en fonction des conclusions de l'enquête judiciaire. "Si procès verbal il y a, on le suivra au tribunal", promet Bruno Barbey.
Également contactée, la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal) n'a pas encore été en mesure de répondre à France 3.