Vendredi 21 août dans la matinée, un détenu de la prison de Châteauroux a agressé un surveillant en lui jetant ses excréments. Épuisé et parfois démotivé, le personnel pénitentiaire demande plus de protection et de reconnaissance.
L'agression est "violente et humiliante", se désole Pierre (il ne souhaite pas que son nom soit cité), élu FO et surveillant pénitentiaire au sein de la prison de Châteauroux, dans l'Indre.Vendredi 21 août, dans la matinée, l'un de ses collègues a été directement attaqué par un détenu, alors qu'il se rendait dans sa cellule. Le dénommé D. a envoyé une barquette d'excréments en direction du surveillant et l'a vivement insulté.
"Il lui a demandé s'il aimait ça, c'est extrêmement dégradant", précise Pierre, qui ajoute toutefois que son collègue va bien et n'a pas été moralement trop affecté.
Un détenu "ingérable"
Emprisonné depuis deux ans au centre pénitentiaire, le détenu en question, "ingérable car il souffre de problèmes psychologiques", n'en est pas à son coup d'essai."Il y a eu au moins cinq rapports d'incidents à son encontre au cours de ces trois-quatre derniers mois : il a déjà insulté des gens, cassé et endommagé des choses. Au quotidien, il y a aussi du tapage diurne et nocturne. Et tout ça pèse sur le moral des surveillants et des autres détenus", relève Pierre.
Le syndicat FO réclame à présent le transfert de ce détenu vers une autre prison ou une Unité pour malades difficiles (UMD), un lieu où les personnes présentant un danger pour elles-mêmes sont enfermées et prises en charge par des professionnels de santé.
En tant que surveillants pénitentiaires, nous ne sommes pas spécialement formés pour gérer des cas psychologiques. Et ce n'est pas les quelques cours qu'on eu à l'école qui vont nous permettre de communiquer avec quelqu'un qui fait une crise de démence. Nous ne sommes pas psychologues, ni psychiatres. Du coup, on ne se sent pas en sécurité avec ce genre d'individus : on ne sait pas si, quand on va rentrer chez nous le soir, on va avoir un oeil estropié ou autre chose.
Un manque de reconnaissance
Cet événement n'est qu'une goutte d'eau parmi les difficultés que rencontrent les surveillants pénitentiaires au quotidien. Selon le syndicat FO, ces derniers ont la sensation de ne pas être soutenus dans l'exercice de leur profession."Quand il y a des incidents, les détenus s'en sortent généralement avec un placement en confinement ou un avertissement. Pourtant, nous sommes une force publique comme une autre ! Quand on insulte un gardien de la paix ou un gendarme, il y a des sanctions derrière. Là, c'est un peu comme si vous disiez à votre enfant qui vient de voler dans un magasin que ce n'est pas très bien ce qu'il a fait", regrette le représentant syndical.
Ce manque de reconnaissance des risques encourus par le personnel a des conséquences sur le moral des troupes.
Pour Pierre, des mesures doivent être prises au plus haut niveau pour protéger le personnel et lui redonner le goût de son métier. "On a l'impression d'être les oubliés du système. Et pourtant, on aime notre boulot car il peut être passionnant. Il faut que la société ouvre les yeux sur le métier de surveillant : nous ne sommes pas des tyrans et nous ne sommes pas là pour tabasser du détenu toute la journée. Nous sommes là surtout pour apporter un soutien moral et du contact humain."L'envie de travailler des collègues n'est plus la même et ça se ressent. Il y a des problèmes récurrents et on ne se sent pas en sécurité au travail comme on devrait l'être normalement.
Le gouvernement français a mis en place des mesures pour lutter contre la pénurie de surveillants et fidéliser ses agents. Depuis juillet 2020, les lauréats du concours de surveillant pénitentiaire peuvent désormais bénéficier d'une prime de 8 000 euros s'ils s'engagent au moins six ans dans un établissement peu demandé.