Avocats et victimes se sont rassemblés devant le tribunal de Châteauroux, avant le début du procès des fausses familles d’accueil de l’ASE du Nord, ce lundi 14 septembre. Les parties civiles dénoncent le royaume du silence qui a régné pendant des années, et espère enfin être entendues.
Le procès n’a pas encore commencé que les parties civiles souhaitent, déjà, faire passer un message fort. Il est 8h40, ce lundi 14 septembre, devant le tribunal de Châteauroux. Cinq personnes, victimes d’un réseau de placement d’enfants dans des familles d’accueil sans agrément, se tiennent sur les marches du tribunal, accompagnées de leurs trois avocats.
Ils brandissent trois pancartes grandeur nature, figurant trois figures d’hommes en costume, se cachant les yeux, les oreilles et la bouche. "Le silence a été roi, personne ne les a écoutés", fustige Maître Myriam Guedj Benayoun.
Car, dans la salle d’audience numéro 1, doit s’ouvrir dans quelques minutes un procès hors-normes. 19 personnes doivent être jugées pour avoir accueilli des enfants placés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du Nord chez deux habitants de l’Indre et de la Creuse, entre 2010 et 2017.
Le procès, qui doit durer cinq jours, intervient sept ans après le déclenchement de l’affaire, quand l’un des enfants, Matthias, se blesse à vélo et confesse les sévices dont il serait victime à des personnels hospitaliers. Sept ans, "le temps assassin de la justice", lance Maître Jean Sannier, "pendant lesquelles on se blesse pour ne pas mourir, où on descend au fond du puits de la souffrance".
Les personnes présentes dénoncent aussi l’absence de l’ASE du Nord sur le banc des prévenus. "Elle n’est pas là depuis le début", regrette Me Guedj Benayoun. Pourtant, les enfants avaient, durant la période des faits, signalé des problèmes, remonté des alertes.
Matthias est présent. Finalement, il ne demande qu’une chose : "Être reconnus, écoutés, compris, entendus."