Le député LR de la 2eme circonscription de l’Indre, Nicolas Forissier, a déposé un projet de loi pour obliger les étudiants de l’ENA à effectuer un stage en entreprise "au plus près des territoires".
C’est la cinquième fois au cours de ses différentes législatures que Nicolas Forissier dépose sur le bureau de l’Assemblée nationale ce projet de loi. A nouveau, le député LR de l’Indre propose d’obliger les étudiants de l’École nationale d’administration (ENA) à effectuer un stage au sein d’une petite et moyenne entreprise pour une durée de quatre mois.
Actuellement, cette grande école d’application, chargée de sélectionner et former l’élite de l’administration française, propose bien à ses élèves d’effectuer des stages en entreprise, "mais cela peut être dans de très grands groupes, précise Nicolas Forissier. Moi mon idée, c’est qu’ils aillent dans une entreprise de territoire, une PME. Si l’entreprise est une filiale de banque dans le 8e arrondissement, ça n’a aucun sens".
Par cette immersion dans des sociétés de moins de 250 salariés et idéalement implantées en province, le député espère permettre aux futurs hauts fonctionnaires de rompre avec l’image de technocrates déconnectés qui colle à la peau de l’élite de l’administration française.
"Je pense que les gens qui font l’ENA sont certainement des gens très brillants, qui ont le sens du pays et de l’Etat. Mais je crois que dans leur formation, il leur manque un passage au plus près de la réalité des entreprises. Pourtant, ils vont très vite avoir des responsabilités dans l’administration au plus haut niveau, notamment au ministère des Finances, au ministère des Affaires sociales etc., et ils vont être ceux qui conçoivent les règlementations ou qui les font appliquer."
Un stage qui compte pour le classement de sortie
Nicolas Forissier imagine donc un stage de quatre mois qui ne serait surtout pas une simple expérience d’observation. Il souhaite obliger les futurs énarques à mettre les mains dans le cambouis en intégrant tour à tour trois services différents au sein de l’entreprise qui les accueille : une fonction de production (l’atelier d’une usine par exemple), une fonction commerciale et une fonction de gestion (comptabilité, gestion du personnel).
"Vous ne comprenez bien les choses que lorsque vous les avez vous-même éprouvées", justifie l’ancien maire de La Châtre et ancien secrétaire d’Etat sous Jacques Chirac.
S’il ne l’a pas mentionné dans son projet, Nicolas Forissier précise qu’en cas d’adoption de cette loi, il se battra pour qu’une note ou une appréciation soit donnée au stagiaire par le chef d’entreprise qui l’a accueilli. Et que cette dernière soit prise en compte dans l’établissement du classement de sortie.
"Retrouver un lien entre le pays et cette élite technocratique"
Le député de l’Indre envisage également de rencontrer l’actuel directeur de l’ENA, Patrick Gérard, pour discuter de ce projet. Mais il sait bien que tant que l’exécution de tels stages ne sera pas une obligation, la marge de manœuvre restera réduite :
"Actuellement, il y a trop d’arrangements. L’élite technocratique qui gouverne la France est trop dans l’entre-soi, estime-t-il. Il faut que les gens sortent de cet entre-soi si on veut retrouver un lien entre le pays et cette élite technocratique."
Le 25 avril 2019, Emmanuel Macron avait annoncé vouloir purement et simplement "supprimer l'ENA" dans le cadre de la réforme de la fonction publique. Il envisage avant cela de mettre fin au classement de sortie. En fonction de sa place dans ce fameux classement, chaque élève peut se voir attribuer un poste au sein des administrations publiques, telles que le Conseil d’Etat, la Cour des Comptes ou les différents ministères,
Retrouvez l'ensemble du projet de loi sur le site de l'Assemblée nationale.