Dans une lettre adressée à la population, le collectif qui s'est mobilisé pour la préservation des HLM conçus par Paul Chemetov regrette leur destruction et dénonce "l'ignorance et l'entêtement de certains services de l'Etat".
La déception est d'autant plus grande pour lui qu'une issue favorable semblait possible. Il y a quelques mois, l'ancien maire de Saint-Benoît-du-Sault, Jean Chatelut, découvrait la menace qui pesait sur une quinzaine de logements HLM construits il y a 32 ans, sous son mandat, par le célèbre architecte Paul Chemetov, auteur de réalisations prestigieuses comme la Grande galerie de l'évolution à Paris, la cour carrée du forum des Halles ou encore la médiathèque de Chartres.
Ces appartements atypiques et novateurs, construits à une époque où la population de Saint-Benoît était en croissance constante grâce à l'essor de l'usine Sitram sont depuis quelques années inoccupés pour la plupart car le principal employeur de la ville a sensiblement réduit ses effectifs. Pour leur propriétaire, le bailleur social Scalis, ils constituent un poids mort dont il préfère se séparer en les détruisant, opération validée par les services de l'Etat.
Apprenant le projet de destruction, Jean Chatelut avait réussi à mobiliser un comité de sauvegarde comprenant des élus de la communauté de communes et des architectes rassemblés autour d'un projet alternatif. Les bâtiments auraient pu être réhabilités et accueillir un centre d'étude de l'architecture régionale ainsi que des ateliers d'artistes.
"Un gâchis à deux millions ?"
Le 27 mars, la communauté de communes Marche Occitane Val d'Anglin avait décidé de formuler une offre de rachat des bâtiments et d'assumer le financement de leur réhabilitation. Le coût de la destruction étant estimé à 300 000 euros. Deux jours plus tard, à la grande surprise des élus, des engins de chantier entamaient un travail de démolition qui s'est poursuivi depuis, provoquant des dégâts irréparables sur le bâtiment.
L'association "les Ateliers Grande Ouche" n'aura pas réussi à sauver les lieux mais elle peut encore dénoncer les responsables de ce qu'elle considère comme "un gâchis inacceptable." Dans un communiqué adressé aux habitants de Saint-Benoît, elle estime que cette destruction représente une perte pour la commune de 2 millions d'euros. "Imaginez que dans nos communes, on détruise tous les bâtiments inoccupés!" poursuit-elle.
"Le bâtiment a été victime de l'ignorance, de la faiblesse et de l'entêtement de certains pouvoirs publics... Il faudra bien que la lumière soit faite sur ces diverses responsabilités," conclut-elle.
En opposition totale avec ces positions, la société Scalis, propriétaire d'autres bâtiments à proximité, estime que cette destruction est une chance pour un quartier à l'urbanisme trop dense qui se trouvera de ce fait plus aéré.