Un projet de caméras de vidéosurveillance a vu le jour au Blanc, dans l'Indre. Même s'il s'agissait d'une promesse électorale, la nouvelle se passe pas chez les élus de l'opposition.
Le Blanc pourrait-il devenir la deuxième commune la plus vidéosurveillée de France ? C'est en tout cas en ces termes que l'opposition municipale a voulu alerter l'opinion. Jeudi 28 janvier, le conseil municipal de la commune s'est réuni pour débattre de la mise en place d'une quarantaine de caméras de vidéosurveillance. Le projet faisait partie du programme du maire, Gilles Lherpinière, pour lutter contre la délinquance dans sa ville et aux environs. L'opposition, quant à elle, est vent debout depuis qu'elle a appris la nouvelle jeudi 21 janvier.
Dans cette commune 6 611 habitants, il y aurait en effet une caméra pour 158 habitants, si les 34 à 40 installations prévues se concrétisent. A titre de comparaison, à Nice, ville la plus "surveillée" de France, on parle d'une caméra pour 130 habitants. Évidemment, les proportions et les superficies à surveiller ne sont pas les mêmes, mais l'argument se vaut pour l'opposition, qui insiste sur le coût de l'opération.
En effet, il en coûterait 200 000 euros pour mettre en place les caméras, une somme en grande partie couverte par des subventions, mais les 7 500 euros de coût de fonctionnement seraient à la charge de la commune. Cette dernière réclame donc la mise en place d'un débat pour recueillir l'avis des habitants de la commune.
Atteinte à la vie privée ?
En plus du volet financier, le projet met directement à mal les libertés individuelles selon l'élue d'opposition Cécile Gagnot. "Quand on prend un verre en terrasse ou qu'on se promène, on a envie d'un lieu où l'on se sent bien. Cela crée un malaise, encore plus aujourd'hui quand on entend parler de caméra à reconnaissance faciale".
On accueille beaucoup de personnes du nord qui disent que nos écoles ne sont pas dans une situation d'insécurité. L'ambiance est plutôt bienveillante ici donc rien ne justifie ce dispositif
Nathalie Corbeau, la première adjointe au maire du Blanc, en charge de la police et de la sécurité, tient à rassurer la population. "Chez nous, personne ne sera derrière les caméras. Seules quelques personnes seront autorisées à visionner les images et seulement sur réquisition du procureur". Ces caméras devraient également flouter les espaces privés. Les citoyens encore réticents pourront même demander une photo de leur domicile pour constater eux-mêmes le champ de vision des caméras sur leur propriété.
Un système vraiment utile pour lutter contre la délinquance ?
Sur trois ans, il y a eu en moyenne 1 260 interventions, toutes catégories confondues, sur la commune du Blanc selon la première adjointe au maire. Elle pense que ce système viendrait donc dissuader de potentiels délinquants. Or, Cécile Gagnot ne le voit pas du tout de cet oeil. "Des études du CNRS prouvent que cela ne protège de rien. Ca n'aiderait qu'à élucider 1 à 3% des délits totaux" déplore-t-elle. C'est en effet le chiffre avancé par le sociologue Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS et auteur de l'enquête Vous êtes filmé !, qui dénonce le "bluff technologique" de la vidéosurveillance et avance que cette technologie "n’est pas et ne sera jamais un outil important de lutte contre la délinquance".
L'opposition dénonce par ailleurs le nombre conséquent de caméras installées. En effet, la première adjointe évoquait la mise en place de 34 à 40 caméras d'ici la fin 2021. Le travail de maillage a été fait avec l'aide de la gendarmerie. "Elles seront placées aux six entrées et sorties de la ville où les plaques d'immatriculation seront lues. On les a également réparties vers les monuments, le moulin et les écoles. Il y a aussi un city stade qui va voir le jour donc ça permettra d'éviter les dégradations"