Dans un contexte de forte inflation, et alors que les Français sont toujours plus nombreux à chercher bons plans et rabais, les magasins de solderies connaissent un important succès. L'un d'eux a accepté d’ouvrir les portes d’un de leur magasin à nos journalistes.
Le rendez-vous a été fixé un mercredi, à 8h, une heure avant l’ouverture. Comme dans tous les magasins de l’enseigne, le Noz d’Issoudun, dans l'Indre, reçoit trois arrivages par semaine. Le lundi, le mercredi et le vendredi.
Ce jour-ci, les 5 membres du personnel et le directeur du magasin, vont devoir décharger du poids lourds et en un temps record, 18 palettes envoyées par la maison mère. Parmi les nombreux colis, des lots très attendus par les clients, le textile de marques. Embauchée depuis 31 ans dans la même boutique, Rabia, sourit : "les clients sont très friands de l’arrivage du textile de marques. Ils vont attendre avec impatience la mise en rayon".
Face aux discounters comme Action ou GiFi, qui proposent leur propre contenu, Noz n’a pas le choix. Pour vendre, l’enseigne mise sur sa capacité à trouver des invendus tout le temps. Les sources sont variées : de la fin de série ou bien les stocks d’entreprises en faillite.
Ces deux dernières années, l’enseigne a acheté aux enchères les invendus de Camaïeu, de San Marina ou encore de Made.com. Ces produits sont ensuite revendus moitié prix aux clients. Un prix alléchant qui pousse aussi à la surconsommation. Dans les rayons, nous trouvons Martine, une habituée du magasin qui témoigne :
J’ai tendance à acheter davantage. Une écharpe à Châteauroux, je la paye 25 euros, là elles sont à 4,99 euros ! J’en achète alors deux ou trois. Même si je les mets qu’une fois.
Martine, cliente chez Noz à Issoudun
Avec l’inflation galopante de ces deux dernières années, les enseignes de solderie, attirent des clients toujours plus nombreux. Selon l'Insee, les prix à la consommation ont augmenté de 4,9% en moyenne en 2023. En 2023, le groupe Noz a réalisé plus de 700 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une croissance de 37% par rapport à 2022.
Mais quelle marge réalise l’entreprise sur des prix si bas ? Aucune information, ne nous a été communiquée, mais le magasin d’Issoudun n’a pas à se plaindre, selon le gérant des lieux, Vincent Ceron.
On est en dessous du prix du marché, donc moi ça me va très bien ! C’est ce qui fait que les clients achètent les produits. Les gens partagent énormément sur les réseaux, nos publications. Nos prix et nos produits ont un impact important.
Vincent Cerone, mandataire et gérant du Noz d'Issoudun
Outils de jardinage, de cuisine, d’entretien, éléments de décoration, alimentaire, etc. La variété du magasin est réelle, mais difficile de fidéliser sur des stocks très aléatoires. Les prix dégriffés qui peuvent parfois dépasser parfois les -50%, restent le premier critère d’achat auprès des clients, comme nous confie Annette, une cliente de 86 ans.
Moi je regarde le prix. Ou alors, je reviens le lendemain, j’attends que ce soit moins cher. Il faut…
Annette, cliente de chez Noz à Issoudun
Avec l’inflation, le pôle alimentaire du magasin connaît aussi un franc succès. Malgré les dates courtes proposées, plusieurs clients rencontrés à la caisse, évoquent la difficulté de se nourrir tout en respectant le budget. Parmi les produits, les plus achetés, les surgelés de marque.
Les chaînes de magasins à petits prix comme Noz, GiFi, ou encore Action continuent de s’installer durablement sur le territoire. L’enseigne Noz compte désormais 22 magasins dans la région Centre-Val de Loire, et emploie plus de 150 salariés.
De son côté, en dix ans, Action est devenue l’an dernier l’enseigne préférée des Français, devant Décathlon en tête pendant des années. Selon l’institut d’études Xerfi, le marché du discount représente aujourd’hui plus de 4000 magasins en France. Leur chiffre d’affaires est estimé à 10 milliards d’euros.